C’était il y a 41 ans jour pour jour. Un jeune manifestant ,Vital Michalon, était tué par la grenade tirée par des CRS lors d’une manifestation contre le nucléaire dans la région lyonnaise.

Dans les années 1970, la France devient championne du monde de l’industrie nucléaire. Des centrales atomiques poussent dans toute la France. Les gouvernants vantent une énergie «propre», «peu chère» qui garantirait «l’indépendance énergétique» du pays. En réalité, il s’agit de la source d’énergie la plus dangereuse jamais produite par l’humanité, qui ne peut fonctionner que grâce à l’exploitation de l’uranium extrait en Afrique par les entreprises occidentales.
Dans ces années, la conflictualité politique est très forte, après la déflagration de mai 1968, et la conscience écologiste se répand dans les mouvements sociaux. De nombreuses luttes contre l’implantation de centrales nucléaires fleurissent partout, notamment autour de Toulouse, en Bretagne – à Nantes et Plogoff –, ou encore dans l’Est de la France. Une des luttes les plus massives a lieu dans la région Lyonnaise, contre un projet pharaonique de centrale nucléaire géante baptisée «superphénix», à Creys-Malville.
Le 31 juillet 1977, près de 60.000 antinucléaires convergent vers le site de la centrale en chantier. Les milliers de manifestants se heurtent vagues par vagues sur un mur de CRS qui tirent des centaines de grenades. De très nombreux manifestants sont blessés, parfois mutilés. Vital Michalon est tué sur le coup par une grenade offensive tirée par les policiers. Quand l’État aménage le territoire, il assume le risque de frapper les corps, voire de donner la mort. Alors que les luttes anti-nucléaires montaient en puissance, ce décès marquera durablement le mouvement contre l’atome.
La famille du défunt luttera pendant des années pour obtenir justice. À la suite de la plainte déposée par les parents Michalon, le juge d’instruction rendra une ordonnance de non-lieu le 21 novembre 1980, «faute de preuves concluantes». En 1982, des roquettes sont tirées sur le chantier du grand projet nucléaire. La centrale «superphénix» ne sera jamais réellement mise en service, et fermera après une série d’incidents techniques.
Ce triste anniversaire rappelle qu’avant les combats de Notre-Dame-des-Landes, les plus gros déploiements policiers de ces 40 dernières années ont eu lieu à Golfech, Chooz, Plogoff ou Creys-Malville. Aujourd’hui encore, les conflits de territoire sont des laboratoire des dispositifs répressifs, comme on l’a vu sur la ZAD au printemps, avec l’envoi de 2500 militaires, de blindés et des dernières technologies du maintien de l’ordre. Des centaines de personnes avaient été blessées par des grenades explosives, et un jeune homme avait eu la main arrachée par une de ces munitions le 22 mai.
Aujourd’hui, les luttes contre l’industrie nucléaire continuent, notamment à Bure, dans la Meuse, contre un gigantesque projet d’enfouissement des déchets atomiques. Ici encore, l’État met les grands moyens pour faire taire la contestation.
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