L’image du jour : le port de Lorient en vert


Un vert vif, presque fluorescent, qui colore l’eau du port de Lorient, aux alentours de midi. C’est l’image marquante de ce samedi 22 février.


Un vert vif, presque fluorescent, qui colore l'eau du port de Lorient, aux alentours de midi. C'est l'image marquante de ce samedi 22 février.

L’action a été organisée par une dizaine d’écologistes du collectif Extinction Rebellion, afin de dénoncer la pollution aux algues vertes. Et la date ne doit rien au hasard, puisque c’est justement ce samedi que s’est ouvert le Salon de l’agriculture à Paris. Et on le sait, c’est l’agro-industrie et ses rejets de produits chimiques qui empoisonne l’eau, ce qui génère des algues vertes.

En Bretagne, c’est l’élevage intensif de porcs, dont les déjections émettent de grandes quantités de nitrate, qui souillent l’eau. Une substance dont se nourrissent les algues vertes. L’agro-industrie est ainsi directement responsable de la prolifération incontrôlable de ces algues, qui viennent s’amasser par milliers de tonnes sur certaines plages bretonnes, et peuvent intoxiquer, en se décomposant, les animaux et les humains. Les premières marées vertes ont d’ailleurs été observées dans les années 1970, quand l’agro-industrie se développait dans la région.

Les algues vertes dégagent en pourrissant du sulfure d’hydrogène, un gaz qui peut tuer un être vivant de grande taille en quelques minutes. Pendant des décennies, malgré la découverte de chevaux ou de sangliers morts en marchant sur les algues, c’est l’omerta qui régnait en Bretagne.

En 2009, Thierry Morfoisse, un chauffeur de poids lourd chargé de transporter les algues vertes ramassées sur les plages, trouvait la mort au volant de son camion, dans les Côtes d’Armor. La justice a tout fait pour étouffer l’affaire, et nier le lien entre ces algues et le décès du travailleur. En 2016, c’est un joggeur qui mourait en passant sur un tapis d’algues. Entre autres exemples macabres.

Les journalistes qui enquêtent sur la responsabilité de l’agriculture intensive subissent des intimidations mafieuses. En 2021, la reporter bretonne Morgan Large retrouvait les boulons de l’une des roues de sa voiture entièrement dévissés. Une tentative d’homicide. La journaliste Inès Léraud, qui a enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne et en particulier les algues vertes, a subi des menaces et une attaque en diffamation devant la justice.

L’action réalisée à Lorient vise donc à rendre visible cette problématique écologique que les autorités refusent de voir, et dénoncer l’élevage intensif qui intoxique la Bretagne. Et contrairement aux algues vertes, cette initiative est complètement inoffensive. Extinction Rebellion a souligné que le colorant employé, la fluorescéine, sert notamment en ophtalmologie.

Pourtant, le mairie de droite de Lorient, Fabrice Loher, s’est énervé sur les réseaux sociaux : «Que dire de cette action militante écologiste radicale ? La bêtise n’a décidément plus de limite. Il va être temps de dire stop à ces activistes salonards». Pour cet élu, empoisonner l’eau et les plages, mettant en danger des habitants, n’est pas un problème, mais colorer de l’eau pendant quelques heures est trop «radical».

La police a contrôlé les écologistes présent-es dans le port de Lorient, et en a conduit plusieurs au commissariat. Une enquête est ouverte, et n’ira sans doute pas loin puisqu’il n’y a aucune infraction. Mais il est ironique de voir la police enquêter illico sur un colorant inoffensif alors qu’elle laisse tranquille les industriels de l’élevage.


Quoiqu’il en soit, cette action aura fait réagir, l’objectif est donc rempli.


AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.

Laisser un commentaire