La guerre repose avant tout sur la logistique : fabrication et fourniture d’armes, ingénierie, carburant, transport… Sans les travailleurs et les travailleuses, aucune guerre n’est possible. La grève et le blocage ont toujours été les meilleurs moyens d’empêcher les massacres militaristes et les génocides. En solidarité avec Gaza, deux exemples réjouissants ces derniers jours :

Près de Grenoble, le 10 avril
C’est un communiqué au ton clair et courageux qui a été diffusé par le syndicat CGT de l’entreprise STMicroelectronics il y a quelques jours, proclamant que «l’internationalisme est une valeur essentielle de notre organisation syndicale. Nous nous sommes toujours rangés du côté des peuples opprimés».
Cette entreprise de haute technologie, basée à Crolles près de Grenoble, fabrique des puces électroniques «à double usage» : ces semi-conducteurs peuvent être utilisés aussi bien pour des utilisations civiles que pour des dispositifs militaires. Et en l’occurrence, elle peuvent servir à guider des missiles, pour frapper des cibles avec précision. Des composants produits par STMicroelectronics avaient déjà été retrouvés dans des munitions russes utilisées en Ukraine. L’entreprise noue aussi des partenariats avec Israël.
En juin 2024, 300 salariés de STMicroelectronics avaient signé une lettre ouverte pour exiger à leur direction la suspension immédiate de toute activité en lien avec l’armée israélienne, refusant d’armer le génocide en cours. La lettre ouverte réclamait des «mesures fortes et urgentes pour garantir que STMicroelectronics, ne participe ni de près ni de loin au massacre en cours à Gaza et en Cisjordanie» la suspension de «toute collaboration avec les entreprises du secteur de la défense israélienne» et de «rendre public l’ensemble des partenariats en cours avec des entités israéliennes».
La CGT rappelle également que STMicroelectrics «a un chiffre d’affaires de 120 millions de dollars en Israël», et ses membres expliquent que «en tant que salarié-es de STMicroelectronics, nous ne pouvons accepter que notre travail serve un État qui assassine la population de Gaza ou de Cisjordanie.»
C’est dans ce cadre que le syndicat a appelé à une grève de quelques heures le 10 avril en partenariat avec les organisations Urgence Palestine et Stop Arming Israël. Militant-es anticolonialistes et syndicalistes ayant cessé le travail se sont ainsi réuni-es ensemble devant l’entreprise : une image forte qui montre la voie à suivre pour mettre la solidarité en actes.
Par ailleurs, la firme STMicroelectronics a engrangé 5 milliards d’euros d’argent d’aide publique, réalisé 200 millions de dividendes, mais menace de licencier 3 000 salarié-es. Il est nécessaire d’articuler les revendications sociales et antimilitaristes, pour enrayer la machine impérialiste qui brise des vies ici et massacre des peuples là bas.
Fos sur Mer, le 15 avril
Vendredi 11 avril, le collectif BDS – Boycott, désinvestissement, sanction – alertait les dockers de Fos-sur-Mer, près de Marseille, concernant l’arrivée d’un navire hautement suspect. Ce bateau, affrété par la multinationale de transport maritime Maersk, transitait entre Israël, l’Égypte et devait accoster dans le port industriel du sud de la France. L’organisation pro-palestinienne soupçonnait le transports de «composants d’avion F-35 du fabricant Lockheed Martin destinés à l’armée israélienne».
Le syndicat CGT des ouvriers dockers et des personnels de la manutention portuaire a immédiatement réagi. Lundi 14 avril, il a mis un coup de pression à l’entreprise Maersk, et au manutentionnaire ainsi qu’à la direction du port de Marseille : si le navire transporte du matériel militaire, «nous refuserons que ce bateau rentre à Fos et nous ne le travaillerons pas».
Pour calmer la situation, Maersk «a mis à disposition le manifeste du navire et l’ensemble des conteneurs a été contrôlé» par les travailleurs eux-mêmes. Un acte exceptionnel, sachant qu’il est très compliqué de fouiller tous les conteneurs, comme le soulignent les dockers qui chargent et déchargent des milliers de bateaux chaque année.
Après avoir vérifié la cargaison du cargo, le syndicat explique : «Rien à signaler, ni armes ni pièces». Tant mieux, et maintenant le transporteur est prévenu. Les dockers réaffirment d’ailleurs «militer pour la paix et l’arrêt du génocide perpétré par le gouvernement israélien». Ils rappellent enfin que «seuls les dockers et portuaires décident de traiter ou non un bateau, de se mettre en grève ou de bloquer leur outil de travail». À bon entendeur.
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