À Montreuil-Bellay, une action contre la loi Duplomb, écrite par et pour le lobby agro-industriel
Ce vendredi 27 juin, depuis 8h ce matin, des paysan·nes, des habitant·es, parents, proches de victimes de pesticides, bloquent le site de production de pesticides Phyteurop à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire. Une action réalisée par une coalition d’organisations comprenant la Confédération Paysanne, les Soulèvements de la terre, Le Collectif Sans Pesticide de Massérac, des membres d’eau secours 44, Bassines Non Merci, Exctinction Rebellion…
Une dizaine de tracteurs et remorques barrent l’entrée de l’entreprise avec 150 personnes. Une grande banderole « Tueurs de paysans » a été déroulée à côté du logo de l’établissement. Des groupes sont partis faire une inspection des stocks pour déterminer quels produits sont encore fabriqués et diffusés ici. En effet, cette semaine, une autre « inspection citoyenne » organisée par des faucheurs volontaires sur un site BASF – le géant allemand de l’agrochimie – situé à côté de Lyon avait révélé la présence de stocks de Fastac, un pesticide interdit depuis 2020 dans toute l’Union Européenne !
Les manifestant·e·s se disent déterminé·e·s à bloquer la production de Phyteurop pour protester contre la loi Duplomb et ses conséquences. Le site est mis à l’arrêt pour la journée.
La loi Duplomb, le nom du Sénateur LR qui a rédigé le texte, est cyniquement intitulée «Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur». Elle a été adoptée à l’unisson par les sénateurs macronistes, LR et RN en janvier dernier. Cette loi est un concentré de mesures écocidaires, visant à rendre service aux géants de l’agro-industrie et à tuer la paysannerie : soutien aux méga-bassines, réautorisation des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, autorisation de drones pulvérisateurs de pesticides, facilitation d’implantation d’élevage intensif, limitation du contrôle démocratique… Une galerie des horreurs qui va détruire les sols, tuer la biodiversité, empoisonner la population et ne bénéficier qu’aux gros exploitants.
Tout au long de l’année, contre les engrais chimiques et les lobbys productivistes, des organisations et syndicats de paysan·es, des collectifs de citoyens, des parents d’élèves, des habitant·es des grandes villes et petits villages du pays, des médecins se battent sur le terrain pour dénoncer les dégâts des pesticides et démontrer que l’on peut s’en passer. Ce vendredi, ces collectifs ont donc décidé d’aller directement à la source du problème. Phyteurop est une entreprise emblématique de la fuite en avant pour la production de pesticides à tout prix et pour la disparition des paysans.
Cette entreprise de pesticides est une filiale de la coopérative In Vivo, géant de l’agrobusiness et partenaire privilégié du groupe Avril, lui-même aux mains… du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. La boucle est bouclée.
Phyteurop a été historiquement un des principaux distributeurs de Glyphosate dans le pays, en association avec Monsanto. L’entreprise a fait un intense travail de lobbying jusqu’au sommet de l’État pour que des pesticides interdits d’usage en Europe pour leur toxicité sur les travailleurs et l’environnement puissent continuer à être produits en France et exportés sur d’autres continents. Phyteurop continuait, jusque récemment, à produire et commercialiser, dans la plus grande opacité pour le public, un certain nombre de molécules encore autorisées en France mais dont les effets nocifs sont avérés.
Les manifestant-es affirment que «les entreprises comme Phyteurop, BASF, Syngenta, Corteva, Bayer doivent changer fondamentalement leurs productions ou doivent être mises à l’arrêt». Leur communiqué appelle à se battre «ensemble pour un revenu digne et des prix planchers face aux marges honteuses de la grande distribution et aux diktats du libre échange. Adaptons les cultures pour les rendre plus résistantes, sans tueurs d’abeilles».
Des rassemblements auront lieu ce week-end et lundi partout en France contre la loi Duplomb. «Si celle-ci était validée, nous appelons à entrer en résistance dans les mois à venir pour qu’elle ne puisse être mise en application» conclut le communiqué.
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