
Ces derniers jours, les PDG d’entreprises de la grande distribution se succèdent sur les plateaux télé des milliardaires pour s’attaquer aux services publics. Cette salve médiatique semble préparer un plan de rigueur et des reculs sociaux particulièrement violents dans les mois à venir.
Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, sonne la charge sur BFM : «Arrêtez d’emmerder les Français avec les impôts : il faut s’attaquer à la dépense publique».
Alexandre, il s’y connaît en gaspillage d’argent public. En 6 ans, les aides de l’État reçues par Carrefour s’élèvent à 2,3 milliards d’euros. Sur cette même période, le résultat net du groupe a atteint 3,6 milliards et les dividendes versés aux actionnaires 2,8 milliards. Et malgré ces profits records et cette perfusion d’argent public, Carrefour a quand même supprimé des milliers d’emplois !
À titre personnel, le PDG de Carrefour a touché au moins 3,37 millions d’euros de rémunération pour 2024, sans compter les profits sur ses actions. On le rappelle Alexandre Bompard ne produit pas les fruits, légumes et autres biens vendus dans ses enseignes : il se contente de prélever – certains diraient : voler – un bénéfice sur chaque objet ou aliment qui sort de ses magasins. Des produits qu’il a achetés au prix le plus bas aux vrais producteurs, notamment les agriculteurs.
C’est ensuite le patron de «Coopérative U», anciennement Système U, Dominique Schelcher qui est intervenu en plateau : «Nous chefs d’entreprises, ce qu’on attend avant tout, c’est la réduction des dépenses».
Comme son collègue, Dominique est un petit coquin : les «dépenses» de l’État, il en bénéficie. En 2013, le Parti Socialiste a voté le «crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi», le CICE. C’était une réduction d’impôts massive, soi-disant pour «aider à la création d’emplois», mais sans aucun contrôle.
Rien qu’avec le CICE, Système U bénéficie de 40 millions d’euros par an. À l’époque, le PDG de la boite se permettait de cracher dans la soupe : «Nous n’avions rien demandé, et l’État n’exige pas de réciprocité sur l’emploi. Imaginer que le CICE finance directement des créations de poste, c’est du rêve». Autrement dit : merci pour la thune, mais on mettra ça dans nos poches, pas pour embaucher. Avec 27 milliards d’euros de chiffre d’affaire, les enseignes U avaient bien besoin d’un coup de pouce.
Ces derniers jours, Dominique Schelcher s’est aussi permis de déclarer : «Le travail coûte trop cher en France». Aucun journaliste ne lui a rappelé que le travail ne «coûte» rien, il rapporte. Dominique Schelcher ne «dépense» rien quand il rémunère ses salariés, il gagne de l’argent sur leur labeur. Au contraire : chaque caissière, livreur, agriculteur qui contribue à produire et vendre les biens dans les enseignes U paie Dominique avec son travail.
Et Dominique se fait plaisir. En 2019, le magazine Capital estimait son revenu annuel à 300.000 euros, auxquels il fallait ajouter les dividendes de son Super U perso : 375.000€. Six ans plus tard, le site Nadoz évoque un salaire annuel de 900.000 euros avec les primes.
L’État français organise une immense redistribution d’argent des poches des classes laborieuses vers celles des rentiers. Les aides aux entreprises, réductions d’impôts et autres petits cadeaux aux patrons coûtent 200 milliards d’euros par an. Une fortune colossale qui résoudrait bien des problèmes si elle était investie ailleurs. Autrement dit, pour «réduire les dépenses», pas besoin de fermer d’école, de bureaux de Poste, d’abandonner les hôpitaux ou de baisser les allocations chômage, il suffit d’arrêter de subventionner les parasites.
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