C’est le quinzième décès de l’année lié à une intervention de police en France. La police tue plus que jamais.

Samedi 9 août, il est 4h30 à Châtenay-Malabry dans l’Essonne, lorsqu’un homme surprend deux individus à voler sa moto dans le parking de son immeuble. Les deux suspects auraient mis le deux roues dans une camionnette, avant de prendre la fuite. C’est donc cette camionnette qui est poursuivie par les véhicules de police quelques minutes plus tard.
Après une course-poursuite jusque dans les rues de Clamart, les deux hommes finissent par abandonner leur véhicule devant une station service, et continuent à pied. Selon les dires de la police, l’un des deux protagonistes aurait ensuite tenté de traverser la nationale 118, où il a été violemment percuté par un véhicule de la BAC de nuit des Hauts de Seine. Le choc a fait éclater le pare-brise, le mineur a été tué sur le coup.
«C’est tout simplement un accident qui aurait pu être causé par n’importe quel autre véhicule, y compris celui d’un père de famille. Les collègues ont été surpris par ce jeune qui se trouvait sur leur voie de circulation» raconte Jérôme Moisant, secrétaire national adjoint Unité SGP-Police. Le policier qui conduisait la voiture n’a fait que quelques heures de garde à vue avant d’être relâché, et l’IGPN a été saisie. L’IGPN, cette «police des polices» dont les enquêtes aboutissent dans 70% à des classements sans suite et presque toutes les autres à des relaxes devant les tribunaux.
Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Ni un vol, ni un refus d’obtempérer ne méritent une condamnation à mort. Pourtant, le refus d’obtempérer est systématiquement mis en avant pour atténuer la responsabilité des forces de l’ordre.
Depuis 2010, le nombre de morts lié à une intervention de police est en nette augmentation. Il était de 10 en 2010, 22 en 2014, 26 en 2019, avant d’exploser ces dernières années, atteignant le chiffre record de 55 en 2024. Le collectif «Désarmons-les !» les a détaillés, comme pour chaque année : 31 personnes mortes suite à des tirs de police, dont 1 par pistolet à impulsion électrique, les 30 autres par armes à feu ; parmi ces cas, sept sont morts lors des révoltes en Kanaky. 12 personnes lors d’un accident routier ou ferroviaire impliquant les forces de l’ordre, une personne lors d’une perquisition, deux personnes noyées après une course poursuite avec la police, sept personnes en cellule de garde à vue ou lors de leur interpellation suite à des suspicions de coups ou dans des circonstances troubles («malaise») et deux personnes mortes en CRA (centre de rétention administrative), après des violences ou refus de soins.
Le nombre de morts lié à des interventions de police a surtout explosé depuis 2017 lorsque le Parti Socialiste a «assoupli» le cadre de la légitime défense pour les policiers et étendu l’usage des armes à feu pour «défendre un lieu sous leur responsabilité», «lorsqu’ils doivent empêcher un détenu de s’échapper» mais aussi «pour empêcher une voiture de se soustraire à un contrôle».
Suite à cette loi, l’usage d’armes à feu par la police a explosé, notamment contre les véhicules. Elle a totalement décomplexé les tirs à balles réelles, en particulier contre les jeunes non-blancs habitant les banlieues. Le meurtre de Nahel, 17 ans lui aussi, le 27 juin 2023, reste gravé dans les mémoires. Son meurtrier, Florian Menesplier, coule des jours heureux sur la Côte basque où il a été muté à sa demande après avoir empoché plus d’un million d’euros d’une cagnotte de soutien lancée par l’extrême droite.
Justice pour Nahel, pour Zyed et Bouna, pour Adama, pour Zineb et tou-tes les autres. Et justice pour cette nouvelle victime.
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