Fin de l’autorisation des découverts : comment une directive de l’Union Européenne appliquée avec zèle par Macron et ses sbires risque de mettre à genou une partie de la population

Dans le système capitaliste dans lequel nous vivons, être un richissime parasite comme Bernard Arnault est glorifié, mythifié, mais être pauvre est un crime. Et ce crime vous coûte déjà cher en amendes et autres agios. Mais l’Union Européenne a décidé que ce n’était pas encore assez, et la France a obéi. Ainsi, à partir de novembre 2026, une grande partie de la population se verra interdire le découvert jusqu’ici autorisé sur leurs comptes bancaires.
Près d’un tiers de la population ne survit que grâce au découvert
En France en 2025, 22% de la population survit dès le 16 de chaque mois grâce au découvert autorisé. Pour certaines, la date fatidique arrive encore plus tôt. Selon l’UFC-Que Choisir, ce sont 45% des consommateurs et consommatrices qui déclarent être à découvert au minimum une fois par an. Ces chiffres en eux-mêmes sont un scandale, et révèlent comment des décennies de néolibéralisme ont pu appauvrir des pans entiers de la population.
Le découvert est donc la bouée de sauvetage qui permet à des millions de Français·es de continuer à se nourrir et se chauffer, payer leur loyer, alors que leur compte en banque est vide. France Bleu, dans un article publié le 30 octobre, rappelle que «chaque banque fixe les conditions de durée, de montant et de taux d’intérêt permettant à un client d’avoir un solde débiteur, c’est-à-dire d’être temporairement ‘dans le rouge’. En contrepartie, le client doit payer à sa banque des intérêts, les ‘agios’, qui constituent une source non négligeable de revenus pour un établissement bancaire».
Cette mesure, bien évidemment, concerne dans une écrasante majorité les plus précaires : seuls 13% des foyers gagnant plus de 3000 euros par mois ont recours au découvert autorisé. Pourtant, ce découvert autorisé n’est pas un cadeau pour les pauvres, puisque ces derniers doivent payer des agios, qui peuvent se chiffrer en centaines d’euros par an. C’est un cercle infernal : vous êtes à découvert car vous êtes pauvre, et vous devez payer des agios pour avoir un découvert vous permettant d’aller jusqu’au mois suivant. Cette bouée de secours déjà coûteuse et injuste est sur le point de disparaître.
La réforme qui vient
Le 3 septembre dernier, la directive européenne du 18 octobre 2023 a été transposée – ou plutôt imposée – en droit français par le Conseil des ministres, via une ordonnance sur le crédit à la consommation – donc sans aucun débat parlementaire. Cette mesure vise soi-disant à «mieux protéger les consommateurs».
À partir de novembre 2026, la banque aura l’obligation de s’assurer de la solvabilité de la personne pour tout découvert (avec des règles plus souples pour les découverts en dessous de 200 euros), autrement dit de sa capacité à rembourser le découvert. Le découvert entrera en effet dans le nouveau cadre réglementaire du crédit à la consommation. Ainsi si votre «profil financier», pour parler en termes de technocrates déconnectés, ne plaît pas au banquier, celui-ci refusera tout bonnement votre découvert.
Or, le cahier des charges est lourd : il faudra que les charges mensuelles (loyer, factures, crédits à la consommation…) ne dépassent pas 30% du salaire pour se voir autoriser un découvert. Une condition que seuls les plus riches sont à même de remplir. Pour donner un exemple, si vos charges sont de 1000 euros par mois, vous devrez gagner près de 4000 euros par mois pour obtenir une autorisation de découvert de 400 euros. Or, selon l’observatoire des inégalités, plus d’un quart des salariés touche moins de 1750 euros par mois.
Cette réforme, c’est aussi une occasion unique pour les banques d’imposer aux plus précaires des conditions de plus en plus dures pour obtenir d’autres produits financiers, par exemple des prêts risqués avec des taux exorbitants. Car les salaires, eux, n’augmenteront pas.
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