L’actualité est un peu mouvementée autour de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ces derniers jours.
Jeudi matin, des gendarmes, accompagnés d’un huissier, vont accomplir leur basse besogne quotidienne : jeter une famille à la rue. La maison expulsable se situe en lisière de la ZAD.
Un accrochage a lieu entre des personnes qui s’opposent à cette expulsion et les gendarmes. Aux dernières nouvelles, il n’en résulte que quelques dommages matériels : un véhicule hors d’usage. On est évidemment bien loin des dégâts humains causés par la police dans les manifestations, ou des destructions irrémédiables en cas de construction d’un nouvel aéroport…
Mais il n’en fallait pas plus, en plein mois d’août, pour provoquer un emballement général des médias et politiciens locaux. Titres alarmistes et dossiers anxiogènes s’enchaînent, avec évidemment, les traditionnels appels exaltés à «expulser la zone» et «réprimer sans plus attendre», de la part du PS, des Républicains et du lobby pro-aéroport. Mais pas uniquement.
Le chefaillon des écologistes locaux, François de Rugy, s’empresse également d’annoncer sa «condamnation totale de cette attaque» et sa «solidarité avec les gendarmes de Loire-Atlantique». Le chef des écolos, dans un département marqué depuis des années par des offensives policières à l’encontre d’une lutte qui s’oppose au bétonnage, soutien sans réserve les forces de l’ordre. Tout un symbole !
De Rugy a l’air très sensible. On s’étonnera donc que jamais ce député n’ait témoigné, même du bout des lèvres, sa solidarité avec les blessés, mutilés et inculpés de la lutte anti-aéroport.
Déjà après la mort de Rémi Fraisse et les manifestations qui avaient suivi, De Rugy s’empressait de communiquer : «EELV n’a rien à voir avec les encagoulés et autres groupuscules extrémistes et violents. Stop aux amalgames diffamatoires !», et se vantait d’avoir «dénoncé par avance le fait que celles et ceux qui voulaient faire cette manifestation». Évidemment, pas un mot de soutien, pas même une allusion, pour les défenseurs de la nature violemment réprimés … Les verts et De Rugy : toujours en première ligne pour soutenir la police et le gouvernement !
Le même député a par ailleurs déclaré dans le Presse Océan du 22 août qu’il portait plainte pour un tagg sur son local nantais : «collabo, fais gaffe à ta peau». Un événement d’une gravité effroyable qui mérite un communiqué. De Rugy aime à se désolidariser systématiquement de toutes les manifestations anti-aéroport depuis 2012, en tweetant frénétiquement pour critiquer les «anars» et féliciter la police.
De Rugy, ce modeste militant écologiste, touche la modique somme de «7500 euros perso» par mois, et 15.000 euros supplémentaires de revenus «pour ses frais». Il est obnubilé par le pouvoir et très proche de la ligne idéologique de son mentor, Manuel Valls. Il a d’ailleurs récemment créé une structures de membres d’Europe Écologie Les Verts «fidèles à la ligne gouvernementale et favorables à un retour des Verts au gouvernement». Obsédé par l’obtention d’un ministère dans un gouvernement particulièrement destructeur de la nature, il semble avoir totalement perdu le sens des réalités.
Pour finir, ce chef des écolos nantais vient de franchir allègrement toutes les limites de l’obscénité politique. Il compte faire paraître, dans les jours à venir, un bouquin intitulé (ne riez pas) : «Écologie ou gauchisme, il faut choisir» !
De Rugy a donc dérivé tellement à droite qu’il qualifie à présent son propre parti, plutôt de centre droit et converti au néo-libéralisme, de «gauchiste» !
On lui répondra : François, sois raisonnable, entre arrivisme forcené et écologie, il faut choisir.
Sources :
- Abstention : plutôt que de questionner le dégoût croissant pour la classe politique, De Rugy veut rendre obligatoire le vote.