Espionnage, guerre aux pauvres, criminalisation syndicale, mensonges médiatiques … En cette fin d’année 2016, quelques nouvelles de France sous état d’urgence
Surveillance : 20.000 personnes espionnées par la police
C’est officiel, les autorités ont espionné plus de 20 000 personnes cette année selon un bilan communiqué aux médias. Qui sont les personnes surveillées ? Moins de la moitié sont suspectées de « terrorisme ». En revanche, près d’un tiers sont ciblées dans le cadre de «la prévention de violences collectives». Autrement dit, il s’agit d’opposants politiques, de manifestants contre l’aéroport, la « loi travail » ou le racisme d’État … Ce qui représente plusieurs milliers de personnes, soit des dizaines de militants dans chaque grande métropole. « Les techniques employées sont allées de la moins intrusive, à savoir l’obtention des facturations détaillées de la personne ciblée, jusqu’à des procédés plus lourds tels que la sonorisation ou l’installation de moyens vidéo dans les domiciles en passant par les interceptions de sécurité, la géolocalisation, l’accès en temps réel aux données de connexion ou encore l’emploi – encore parcimonieux en raison du coût et des risques sanitaires dus aux rayonnements – de quelques dizaines d’«IMSI-catchers» permettant de siphonner à distance les données de connexion des téléphones mobiles. » Nous voilà rassurés.
Vitrolles : la justice donne l’autorisation d’écraser les grévistes
Mai 2016. Le mouvement social contre la « loi travail » bat son plein. Près de Marseille, des syndicalistes tiennent un piquet de grève, comme il y en a des centaines sur le territoire. Un poids lourd fonce délibérément sur les manifestants, pulvérise le véhicule d’une famille et écrase deux militants, avec la volonté manifeste de tuer. Ils garderont des séquelles à vie. Pour l’un, c’est la perte de l’usage des jambes. Cet événement d’une violence inouïe passe relativement inaperçu dans les médias. Un mois plus tard, procès du chauffard et nouveau palier dans l’abjection. La justice, au terme d’une enquête bâclée, relaxe le routier. Pire, elle met en accusation des victimes. La juge ira jusqu’à traiter les syndicalistes de « voyous », et de « foule avinée » qui « prend la France en otage ». Vous l’avez compris, en France, il est désormais légal de foncer avec un poids lourd sur des manifestants. Un verdict hallucinant, surtout après les événements de Nice et Berlin.
Liberté pour Antonin!
18 mai 2016 à Paris. Une voiture de police prend feu, aux abords d’une manifestation « contre la haine anti-flic ». Quelques heures plus tard, plusieurs personnes sont arrêtées sur le seul témoignage d’un agent du renseignement. Tous les interpellés étaient fichés pour leur participations aux manifestations contre la « loi travail ». « Vous avez les coupables, démerdez-vous pour trouver les preuves ! » dit-on aux policiers le jour même. Parmi les inculpés, Antonin. Cela fait aujourd’hui plus de 7 mois qu’il est en détention provisoire, alors que le dossier n’apporte pas l’ombre d’une preuve, et qu’aucun procès n’a eu lieu. Il devait être remis en liberté au mois de décembre, mais la Cour d’Appel, sous pression politique et policière, en a décidé autrement. Il passe les fêtes de fin d’année dans une cellule de Fleury-Mérogis. L’accusation folles et totalement infondée de « tentative d’homicide sur policier » peut désormais s’abattre sur celles et ceux qui sont descendu-e-s dans la rue au printemps dernier, ou lors des prochaines luttes. Il est donc urgent de faire libérer Antonin, et tou-te-s les inculpés du mouvement social.
Quand Le Point court derrière Minute
Le Point est un infâme hebdomadaire – ultra-libéral, raciste et sécuritaire – destiné aux cadres fillonistes et dirigé par le tout aussi infâme Frantz-Olivier Giesbert. Ce torchon, qui survit péniblement grâce aux perfusions d’argent public, a temporairement délaissé son obsession pour l’Islam au mois de décembre, pour offrir une « enquête » fracassante sur « les nouveaux habits de l’ultra gauche ». Le journaliste y décrit « la nouvelle gauche révolutionnaire » composée « d’anticapitalistes en Nike et Adidas Cancun », avant d’effrayer ses lecteurs à propos d’une potentielle connexion entre les banlieues et les étudiants en lutte : « un phénomène craint par les autorités et déjà observé à Nantes en mai, lorsque des jeunes des quartiers avaient rejoint des manifestants en centre-ville pour attaquer les commerces » et relaie enfin les délires d’un commandant de CRS : « J’ai parfois l’impression qu’ils ont des conseillers techniques tellement ils sont précis. On se croirait dans “Thierry la Fronde”, en pleine attaque de château fort ! » Du grand délire. En guise d’enquête, un copier-coller des notes blanches des services de renseignements saupoudré de calomnies. Le journal s’amuse même à livrer en pâture plusieurs noms complets de militants, ainsi que leurs villes de résidence. Pire, une carte de France des « fiefs » est publiée. Nantes est décrite comme un repaire de 200 « ultras » qui seraient représentés par un modeste écrivain. Dans les commentaires, sur le site du journal, des menaces de mort contre les personnes citées dans l’article.
http://www.lepoint.fr/societe/les-nouveaux-habits-de-l-ultragauche-08-12-2016-2088882_23.php#
Permis de tirer : un cadeau de Noël pour la police
Cet automne, la police défilait armée et équipée, le visage cagoulé, pour réclamer plus d’impunité et de moyens. Les socialistes viennent donc de céder aux revendication de cette faction radicalisée de la police, en « assouplissant » à nouveau les conditions de légitime défense. Concrètement, le gouvernement compte aligner les règles de la police sur celles des gendarmes – qui sont, rappelons le, des militaires. Les policiers n’auront plus besoin de se justifier d’être en légitime défense pour tirer à balle réelles. Par exemple, ils seront officiellement couverts par la justice s’ils ouvrent le feu sur un fuyard. A titre d’illustration : en 2008, dans le Var, un gendarme avait exécuté un gitan d’une balle dans le dos, alors qu’il tentait de s’enfuir du commissariat. Il avait été acquitté. C’est sur ce régime que toutes les forces de l’ordre vont s’aligner.
http://www.20minutes.fr/societe/1984351-20161221-nouvelles-regles-legitime-defense-policiers
Paris : 4 km de grilles contre les réfugiés
Après les « murs anti-intrusion » à Calais et Lampedusa, des grilles « anti-migrants » en plein cœur de la capitale. Il ne suffit plus d’expulser les réfugiés et de détruire leurs habitations, mais de les faire disparaître purement et simplement de l’espace public. Ces dernières semaines, « plusieurs municipalités se dotent d’un mobilier urbain conçu pour éviter les installations de réfugiés sur la voie publique » écrit Le Monde. Prenant l’exemple d’une artère de Saint-Denis ou d’une rue parisienne, le journal décrit : « plus de tentes, plus d’exilés, plus de bénévoles distribuant cafés et sandwiches… et plus de riverains : les « Jardins Wilson » sont désormais condamnés par des grilles hautes de deux mètres s’étirant sur 600 mètres de long. » Un urbaniste précise : « quatre kilomètres de grillages ont ainsi été érigés en quelques mois. » Quand la ville se transforme en prison.
Patrons psychopathes
Grande surface Auchan, à Tourcoing. Une caissière découvre qu’elle est enceinte. Prise de nausées au travail, elle demande une pause à son patron. Refusée. Elle est forcée de travailler alors que sa santé ne le lui permet pas. Une semaine plus tard, au travail, elle est prise de violentes douleurs au ventre. Elle ne peut pas quitter son poste. Elle découvre qu’elle fait une fausse couche en voyant son siège ensanglanté. Prise en charge par les pompiers, elle passe la nuit à l’hôpital. La direction aura l’indécence de la sanctionner pour « absence injustifiée ». Quelques mois plus tôt, une autre caissière avait été licenciée pour une erreur de caisse de 85 centimes.
https://www.franceinter.fr/societe/sanctionnee-pour-avoir-fait-une-fausse-en-caisse
Un sourire pour Noël
Le 11 décembre dernier, le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux décrivait les policiers comme « des facilitateurs de rencontres, des créateurs de sécurité » et enjoignait la population à leur adresser des sourires et des remerciements. Pensez-y.