La France s’apprête à passer son troisième Noël sous état d’urgence, à présent permanent. Et les exactions policières continuent à se multiplier dans une indifférence totale. Retour sur la violence quotidienne de l’État français.
Nantes : l’interpellation se termine à la morgue
Le 25 novembre au soir, la police intervient dans un appartement de la rue de Bel Air, à Nantes. Selon la presse, cet habitant est «très agité». Il ne ressortira pas vivant de sa rencontre avec les forces de l’ordre. Le 4 décembre, les médias font savoir que l’homme de 31 ans est mort, après avoir sombré dans le coma, avec «une côte fracturée et un poumon perforé».
Manifestement, l’interpellation a été d’une extrême violence. Mais, plutôt que d’enquêter, les journalistes qualifient simplement cet homicide «d’interpellation houleuse», et accablent le défunt, en parlant d’un homme «athlétique» qui «pétait un plomb». Depuis, aucune information n’a filtré sur ce drame, qui risque donc d’être enterré par la justice.
Lille : poursuivis par la BAC, deux jeunes trouvent la mort.
15 décembre à Lille. Une bande de potes se retrouve et zone à proximité d’une ligne de chemin de fer. La police débarque. «On était posés tranquillement avec mes amis ici, à fumer un petit joint. Tout à coup, la police est venue à six, matraque à la main, raconte-t-il. Comme on a l’habitude de se faire frapper par eux, on ne voulait pas se faire frapper. On était obligés de partir. Et le seul endroit pour partir, c’était les rails.» Les jeunes sont happés par un train. Deux meurent sur le coup, un troisième, Aurélien, est gravement blessé. Il est là pour témoigner : «J’ai perdu deux frères à cause de la police». Dans les jours qui suivent, des émeutes éclatent dans le quartier. Mais la police continue de nier toute implication dans ce drame, qui ressemble énormément à la mort de Zyed et Bouna en 2005.
Viry-Châtillon : pour l’arrêter, la police le percute en voiture !
17 décembre, une vidéo est publiée sur les réseaux sociaux : on y voit une voiture banalisée faucher intentionnellement un homme à Viry-Châtillon, dans l’Essonne. Des policiers sortent du véhicule, et pourchassent une deuxième personne. Les images sont sans appel : quelles que soient les circonstances, il s’agit d’une tentative d’homicide volontaire. Pourtant, le syndicat policier Alliance affirme que «le suspect a insulté les policiers, qui auraient alors décidé de le prendre en chasse pour l’interpeller». C’est le jeune homme blessé qui se retrouve condamné à 6 mois de prison ferme ! De son côté, la famille a porté plainte.
Source : https://fr.news.yahoo.com/viry-ch%C3%A2tillon-des-policiers-percutent-104119286.html
Jeunes mutilés à coups de Flash-Ball : la liste s’allonge !
Jeudi 23 novembre, à Cachan. Des lycéens se rassemblent devant leur établissement pour protester contre la mise en esclavage de migrants en Libye. La police intervient violemment. Lors des affrontements, une lycéenne de 16 ans perd un œil, touchée par un tir de Flash-Ball. Comme toujours, la police ressort éhontément le même mensonge entendu systématiquement dans toutes les affaires du même type depuis 10 ans : la personne mutilée aurait reçu un projectile des manifestants. Qu’importe l’invraisemblance du mensonge, l’important est de semer le trouble, de gagner du temps, alors qu’une adolescente a subit l’inqualifiable : une mutilation à vie à cause de la police. Quelques jours plus tard, c’est un jeune d’Asnières qui perd un œil suite à un tir policier lors d’une manifestation. Depuis 2007, 50 personnes ont perdu un œil à cause des Flash-Balls et LBD 40. 2 sont mortes.
Beaumont sur Oise : harcèlement contre la famille Traoré
En juillet 2016, Adama Traoré trouvait la mort, asphyxié par des gendarmes, le jour de son anniversaire, à Beaumont-sur-Oise. Depuis, sa famille mène un combat acharné pour obtenir la vérité. La police et la justice se vengent en harcelant la famille : des frères du défunt sont régulièrement arrêtés et écroués pour des motifs futiles, la gendarmerie quadrille le quartier… Le 19 décembre 2017, deux frères d’Adama, Bagui et Youssouf, sont à nouveau mis en examen et enfermés pour «trafic». Pendant ce temps, les gendarmes à l’origine de la mort d’Adama sont en liberté. La famille et ses soutiens continuent de faire front pour tenir tête à l’incroyable rouleau compresseur étatique.
Migrants : actes de barbarie quotidiens
Alors que le froid s’installe à l’approche de Noël, les expulsions de camps de migrants continuent à Paris et dans toute la France. À présent, les policiers lacèrent les tentes qui servent à abriter, de façon extrêmement précaire, les exilés. Un acte de barbarie, qui met en danger la vie des personnes expulsées. En novembre, un reportage de France Inter nous apprenait que des gendarmes perdaient des jeunes migrants dans les Alpes, au milieu de la nuit. L’un d’eux témoignait : «Ils nous envoyés à la frontière de l’Italie. Ils nous ont laissés dans la montagne, ils ont dit voici la direction de l’Italie. Ils nous ont reconduit à une heure du matin. Ils ne nous ont rien donné.» Depuis, des habitants se sont mobilisés pour éviter qu’on ne retrouve des corps sans vie égarés dans la montagne. Macron a été élu en prétendant être un barrage à l’extrême droite. Il applique à présent son programme, sans provoquer de réaction.
Trois mois ferme pour avoir montré ses fesses à un hélicoptère de la gendarmerie
En janvier, un jeune habitant de Haute-Garonne, lassé du survol d’un hélicoptère de la gendarmerie au dessus de chez lui, montre ses fesses à l’appareil. Avec son zoom surpuissant, les gendarmes identifient l’auteur de cette exhibition potache, qui se retrouve envoyé devant le tribunal. “En soi, cette histoire peut prêter à sourire. Mais, lorsque ça se produit tous les jours, c’est exténuant”, déclare l’avocat des fonctionnaires à l’audience. Le jeune de 19 ans se retrouve condamné à 3 mois de prison ferme ! Une peine totalement délirante, alors que pas un seul policier n’a jamais été condamné aussi sévèrement pour des violences avérées, et que les criminels en col blanc bénéficient d’une impunité de plus en plus criante.