Gérard Collomb, ou l’incarnation du Régime
Depuis deux jours, les médias font les gros titres sur Gérard Collomb. L’infâme ministre de l’intérieur cherche désespérément à quitter le gouvernement. Pourtant, Gérard Collomb est celui qui incarne le mieux le Régime de Macron. Incarnation du vieux monde, socialiste de droite, prêt à tout renier pour garder du pouvoir, promoteur des lois sécuritaires et racistes, Collomb était au cœur du gouvernement. Son départ renforce l’image de fin de règne d’un Président détesté moins de 18 mois seulement après son élection. Portrait de l’ancien premier flic de France :
Si on peut reconnaître à Gérard Collomb une qualité, c’est bien d’avoir du flair, et d’être toujours du bon côté du manche. Dès le mois de juin 2016, le vieux socialiste trahit son propre parti pour soutenir sans aucune réserve le futur candidat d’En Marche. Nous sommes un an avant la présidentielle. Il sera suivi par la majorité du Parti Socialiste, désormais en décomposition avancée. Mais Collomb gardera l’image de premier lieutenant. En mai 2017, le vieux politicien fond en larme de joie dans les bras de son poulain. Une scène pathétique, surjouée, de soumission envers un chef d’État qu’il trahit aujourd’hui.
Gérard Collomb, c’est d’abord un poids lourd du socialisme français, qui pollue le paysage politique depuis plus de 40 ans. C’est en 1977 qu’il entre pour la première fois en fonction au conseil municipal de Lyon. Puis il enchaîne tous les types de mandats locaux : maire d’arrondissement, député, sénateur, maire de Lyon et enfin président de la Métropole. C’est un homme obsédé par le pouvoir. Une incarnation du vieux monde qui concentre les fonctions d’autorité. Collomb préside aussi de longue date la plupart des sociétés d’économie mixte de Lyon, notamment celles chargés de l’aménagement urbain, des hôpitaux ou encore des transports en commun. Bref, c’est un véritable baron mégalomane qui règne sur la ville de Lyon, gérée comme une féodalité. Il est alors grassement rémunéré pour cela : 20.000 euros par mois.
En novembre 2016, Gérard Collomb part avec son ami d’extrême droite Laurent Wauquiez en pèlerinage au Vatican, avec l’argent des contribuables. Signe du peu d’estime que le politicien porte à la «laïcité», aujourd’hui utilisée pour frapper les musulmans. Ministre de l’intérieur, il est également visé par une plainte pour détournement de fond. Selon les plaignants, «des moyens publics (humains, matériels et financiers) sous le contrôle de la ville et de la métropole de Lyon» on été «indûment détournés et mis à disposition» du futur président de la République pendant la campagne présidentielle. Le maire de Lyon aurait utilisé l’argent de ses concitoyens pour soutenir Macron.
La ville de Lyon préfigure la façon dont Gérard Collomb, et Macron, vont gérer la France. C’est un laboratoire des politiques néo-libérales. Grands projets démesurés – stades, buildings, toilettes de luxe en partenariat public-privé –, chasse systématique des pauvres – avec des mesures d’une extrême violence contre les SDF –, et politique ultra-sécuritaire – avec une police et des caméras de surveillance omniprésentes.
À Lyon, Gérard Collomb encourage l’implantation de groupes néo-nazis, qui vont quasiment réduire à néant l’opposition de gauche. Les mouvements sociaux sont harcelés, attaqués. Des jeunes antifascistes sont tabassés. Une stratégie qui sera appliquée sur le plan national par Manuel Valls, puis par le gouvernement en place, qui laisse des groupes néo-fascistes attaquer les luttes étudiantes. Lyon est devenu, sous le règne de Gérard Collomb, la capitale de l’extrême droite violente, avec plusieurs locaux identitaires qui sont de véritables bases d’entraînement et de logistique. En 2013 déjà, au lendemain de la mort de Clément Méric, Gérard Collomb s’attaquait à la «violence insupportable»… «de l’extrême gauche», qui manifestait dans sa ville ! Quelques années plus tard, après une agression raciste commise par un groupe néo-fasciste, le maire de Lyon évoque… les Brigades Rouges ! Un groupe d’extrême gauche italien des années 1970.
Gérard Collomb se situe sur la frange la plus à droite de l’échiquier politique. Ses obsessions s’illustrent à nouveau lorsqu’il est ministre de l’intérieur. Il met un point d’honneur à mater toutes les résistances : dans les universités, sur la ZAD, dans les luttes syndicales. Jamais depuis des décennies la répression n’aura été aussi implacable. En juin 2018, il appelle même à arrêter «préventivement», les «meneurs» et les «groupes structurés». Il déclare : «comment caractériser l’intention probable de passer à l’acte ? Il y a peut être quelque chose à trouver du côté de l’association de malfaiteurs». Un mois plus tard, il ment éhontément, sous serment, et devant des députés, sur l’affaire Benalla. Il prétend ne pas connaître le milicien du gouvernement, qu’il côtoie pourtant depuis des mois, qu’il tutoie et à qui il serre la main.
Enfin, c’est encore Collomb qui porte dès les premières semaines du mandat de Macron la «loi antiterroriste» la plus répressive de l’histoire de France, mais aussi la «loi sur l’immigration» la plus dure depuis la seconde guerre mondiale, avec le soutien du Front National. À cette occasion, il reprend sans complexe la rhétorique raciste, sur la «submersion migratoire». Un vocabulaire réservé à l’extrême droite.
Bref, Gérard Collomb c’est l’image hideuse mais bien réelle du Régime en place. Un Régime qui s’est imposé avec le marketing de la nouveauté, avec des technique médiatiques bien rodées et des discours de télévangélistes. Gérard Collomb c’est le macronisme réel, l’homme d’hier, qui exécute les basses œuvres de l’État.
Sa démission nous en dit long sur la déliquescence du pouvoir en place. Un an et demi après les élections, le gouvernement bat des records d’impopularité, et restera définitivement englué dans des affaires d’État terrifiantes, inimaginables dans les pays voisins. Face au naufrage politique de l’homme qu’il a porté à la présidence, Collomb joue la partition qu’il a joué toute sa vie : trahir ses alliés d’hier pour se maintenir au pouvoir. Dans son fief historique.
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