Sur les Gilets Jaunes et l’extrême droite : une bataille culturelle


La contestation organisée par les «gilets jaunes» est déroutante. Partant d’un malaise social bien réel, elle est souvent confuse et même parfois dangereuse. Parmi les milliers de blocages organisés depuis samedi 17 novembre, des défoulements collectifs, racistes et homophobes, ont eu lieu.


En Picardie, le véhicule d’un couple gay a été pris à parti et brisé, alors que plusieurs gilets jaunes hurlaient des insultes homophobes. Dans la même région, une conductrice musulmane a été la cible d’une agression islamophobe. Des gilets jaunes ont arraché son voile, pendant que d’autres faisaient des grimaces racistes. Des comportements comparables ont été observés à Besançon, à Cognac et sans doute dans d’autres communes.

Ces agressions ne peuvent être tenues pour des «débordements» ou des «faits divers». Ce sont des actes graves, inqualifiables, et même révélateurs du climat ambiant. Si ce mouvement n’est pas d’extrême droite dans son ensemble, un nombre non négligeable de participants tiennent des propos d’extrême droite. Et parfois passent à l’acte. Dans l’ouest, la situation est loin d’être aussi alarmante qu’ailleurs, même si des groupuscules d’extrême droite ont tenté d’infiltrer certains blocages, sans parvenir à les influencer réellement, au milieu de très nombreuses personnes qui manifestent pour la première fois, sans maîtriser les codes militants. Le groupe Facebook qui coordonne les actions dans en Loire-Atlantique est par ailleurs saturé de publications en faveur de la police.

Ces comportements racistes, sexistes, homophobes, ne sont pas propres aux «gilets jaunes». Lors du mouvement des «Indignés» qui avait occupé des places en 2011, et pendant les rassemblements de «Nuit Debout» en 2016, des individus tenant des propos confus étaient présents. Dans les cortèges syndicaux et même révolutionnaires, il n’est pas rare non plus d’entendre des insultes homophobes. Pour autant, l’ampleur du mouvement des «gilets jaunes» et son apolitisme proclamé peut servir d’incubateur. Notamment dans les coins déjà gagnés par l’extrême droite.

Ces agressions sont avant tout des symptômes de la société actuelle. La droite et l’extrême droite ont conquis l’hégémonie politique. Des chroniqueurs ouvertement racistes passent quotidiennement à la télévision. Des politiciens islamophobes bénéficient de tribunes dans tous les médias. Les débats sont polarisés sur l’Islam et l’immigration. Le président réhabilite Pétain. La propagande sécuritaire est omniprésente, à la fois dans les reportages anxiogènes et les séries policières.

Bref, l’immense majorité des français baigne dans un bouillon idéologique réactionnaire, venu d’en haut, servi par les puissants depuis des années. En face, il n’y a pas de contre-discours audible. Nous avons perdu la bataille culturelle. La déconstruction n’est pas innée.

Nous ne gagnerons pas ce combat en regardant ailleurs. Tous les terrains doivent être investis pour reconquérir l’hégémonie culturelle, faire entendre à nouveau au plus grand nombre les idées d’égalité, de partage, d’émancipation. Et faire disparaître l’extrême droite, où qu’elle se trouve.

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