Une pétition circule afin d’exiger l’amnistie des centaines de gilets jaunes condamnés ou poursuivis depuis le début du mouvement. Le gouvernement frappe les corps, mais tente aussi de terroriser la lutte par une justice d’exception. Comme lors des grandes révoltes du passé, exigeons (et obtenons) l’amnistie générale des inculpés du mouvement !
Il y a déjà plus de 30.000 signataires. Pour signer cette pétition il suffit de se rendre sur la page : https://amnistiegj.fr/
Voici le texte de la pétition :
“Ils n’étaient pas venus à Paris, Bordeaux, Toulouse, et tant d’autres villes, pour en découdre avec les forces de l’ordre. Ils étaient venus pour défendre leurs vies menacées, dégradées par la précarité, mises en joue par un pouvoir prêt à faire les poches de leurs parents retraités comme de leurs enfants étudiants, afin de valoriser le patrimoine financier des plus riches. Ils étaient venus pour protéger leurs droits fondamentaux, et aussi une certaine conception de la justice sociale, qui a longtemps fait l’honneur de la France.
La stratégie de la tension, délibérément choisie par le pouvoir, ne leur a pas laissé la chance d’une protestation pacifique. Gazage, nassage et brimades en tout genre, puis au fil des semaines, matraquages, tirs de flashballs et grenades mutilantes, pour la première fois de leur existence, beaucoup de « Gilets jaunes » ont été confrontés à des brutalités policières indignes d’une démocratie, que des organisations comme Amnesty international ont elles-mêmes dénoncées.
On ne compte désormais plus le nombre de manifestants, au casier vierge, mis en garde à vue, condamnés en comparution immédiate, ou aujourd’hui en instance de jugement. Certains connaîtront la prison, qui détruit, qui humilie. D’autres ne retrouveront jamais d’emploi. Un grand nombre d’entre eux verront leurs vies brisées à jamais. Nous ne pouvons accepter qu’une protestation contre une politique massivement rejetée par la population détruise ainsi des êtres pris pour boucs émissaires. Nous ne pouvons accepter qu’un pouvoir, qui a sciemment fait le choix de la confrontation, se serve d’eux pour intimider tout un peuple. Nous ne pouvons accepter l’idée d’une vengeance d’État.
C’est pourquoi nous appelons le Président de la République, Emmanuel Macron, et son Premier Ministre, Édouard Philippe, à mettre à l’ordre du jour une loi d’amnistie en faveur des hommes et des femmes aujourd’hui persécutés, mis en examen, ou détenus pour avoir participé à ce mouvement social d’ampleur historique. C’est pourquoi nous appelons dès aujourd’hui à l’arrêt des procédures en cours, à l’effacement des peines prononcées, et à ce qu’une réponse enfin politique, et pas seulement sécuritaire et judiciaire, soit donnée aux événements hors du commun que la France est en train de vivre.
Une telle amnistie est prévue par l’article 133-9 du Code pénal et légitimée par la tradition française, de nombreuses lois d’amnistie ayant ainsi été votées depuis le début de la 5e République, notamment dans le cadre d’activités protestataires.
Un tel geste serait seul en mesure de commencer à rendre au pays l’apaisement qu’il ne saurait retrouver sur fond de persécutions pour l’exemple. « Nous ne reprendrons pas le cours de nos vies », disiez-vous Monsieur le Président, le 10 décembre 2018. Nous ne reprendrons pas le cours de nos vies tant que nos concitoyens n’auront pas pleinement retrouvé la leur.
(Pour signer cette pétition, se rendre sur https://amnistiegj.fr)”
Les Premiers Signataires :
Isabelle Alonso (militante féministe, romancière)
Alain Badiou (philosophe)
François Bégaudeau (écrivain)
Juan Branco (avocat)
Stéphane Brizé (réalisateur)
Mathieu Burnel (ex-inculpé dans l’affaire Tarnac)
Annick Coupé (secrétaire générale d’Attac)
Eric Drouet (gilet jaune)
Annie Ernaux (écrivain)
Gérard Filoche (membre de la CGT, Attac, fondation Copernic)
Bernard Friot (sociologue et économiste)
Thomas Guénolé (politologue)
Eric Hazan (éditeur)
Anasse Kazib (délégué Sud Rail)
Zoé Konstantopoulou (avocate, ex-présidente du parlement grec)
David Koubbi (avocat)
Mourad Laffitte (réalisateur)
Aude Lancelin (directrice de publication Le Média)
Franck Lepage (éducateur populaire)
David Libeskind (avocat, collectif « robe noire et gilet jaune »)
Henri Maler (fondateur d’Acrimed)
Jean-Claude Michéa (philosophe)
Gérard Mordillat (réalisateur)
Maxime Nicolle (gilet jaune)
Gérard Noiriel (historien)
Osons causer (YouTuber)
Gilles Perret (réalisateur)
Thomas Portes (PCF, syndicaliste CGT-cheminots)
Bernard Stiegler (philosophe)
Assa Traoré (comité Adama)
Eric Vuillard (écrivain)
Joseph Andras (écrivain)