Retraites, sécurité sociale : Macron détruit l’héritage de la Résistance


Les Résistant-es ont arraché des conquêtes que Macron veut liquider
«Résister est un verbe qui se conjugue au présent»


Photo de Simone Segouin tenant un pistolet automatique lors de la Libération de Paris
Simone Segouin lors de la Libération de Paris

Le 19 août 1944, le peuple de Paris mène la dernière grande insurrection qu’ait connu la France, pour se libérer du nazisme sans attendre. Alors que le débarquement Allié est en cours, dans la capitale, les cheminots se mettent en grève le 10 août, suivis par les travailleurs du métro. Ils seront rejoints par les postiers. La police elle même, sentant le vent tourner après avoir massivement collaboré, se met en grève. Le 15 août, la CGT déclare la grève générale. Petit à petit, Paris est paralysé. Des escarmouches armées ont lieu à Paris et dans sa banlieue. La peur change de camp : des troupes nazies et des collaborationnistes français commencent à fuir vers l’est. Des mairies sont reprises à l’occupant.

Un dirigeant communiste et résistant décrit l’ambiance : «Nous sentions de plus en plus d’agitation dans la population, des manifestations étaient organisées ou avaient spontanément lieu dans les rues, dans les cafés, dans les entreprises». Le 19 août, le Comité Parisien de Libération appelle à l’insurrection générale. Le soulèvement déborde et devient une insurrection populaire. La ville se couvre de barricades. Paris est libéré par elle-même, sans attendre les troupes alliées. La grève générale conjuguée à la résistance déterminée peuvent venir à bout de la barbarie. Après les révolutions de 1789, 1848 et la Commune de Paris en 1871, la ville vient de connaître son dernier grand moment de soulèvement populaire, peuple en arme et barricades.

Cette insurrection est cruciale. Elle permet d’imposer la plus grande vague de conquêtes sociales du siècle. Le patronat français, qui a massivement collaboré avec les nazis, est totalement discrédité. Il n’a le droit que de se taire ou de se faire tirer dessus. La résistance communiste est armée, les maquis sont nombreux sur le territoire. Le rapport de force populaire est énorme. Il permet d’imposer le programme du Conseil National de la Résistance. Un programme très ambitieux intitulé «Les Jours Heureux», qui comprend un «plan d’action immédiat» : la sécurité sociale et des retraites généralisées, le contrôle des «féodalités économiques», le droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles. À l’époque, tout le monde s’accorde à dire que la lutte contre le fascisme passe par le progrès social.

C’est donc, dans un pays exsangue et ruiné – infiniment plus pauvre que la France actuelle –, qu’est mise en œuvre d’une gigantesque opération de redistribution des richesses. Chacun doit avoir accès à la santé gratuite et à la retraite sans condition. Nous l’avons oublié, mais cet acquis immense, qui parait évident, a été arraché de haute lutte, gagné par le sang des Résistant-es.

Aujourd’hui, le gouvernement Macron incarne l’opposé des idéaux de la résistance. Il y a quelques années, le vice-président du MEDEF, à la tête du patronat, déclarait : «il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du CNR». À présent, les descendants des patrons collabos sont au pouvoir. Macron massacre littéralement le programme de la Résistance. Un programme dont tout le monde profite encore aujourd’hui, grâce au courage de quelques un-es.

L’attaque du système de retraites est un des derniers héritages – sans doute l’un des plus importants – du CNR qu’il reste à détruire.

Laisserons-nous le gouvernement finir cette besogne, saccager sous nos yeux le fruit du combat de la Résistance antifasciste ? En finir avec le fruit des grèves insurrectionnelles de 1944 ?

«Résister est un verbe qui se conjugue au présent» disait la grande figure résistante Lucie Aubrac, bien après la guerre.

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