On assiste à une véritable explosion du nombre de décès en Seine-Saint-Denis : entre le 21 et le 27 mars, les décès ont bondi de +63% par rapport à la semaine précédente. Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les autorités ont publié vendredi des chiffres montrant un « excès de mortalité exceptionnel » en Seine-Saint-Denis, territoire le plus pauvre de France métropolitaine, où des pompes funèbres « débordées » disent « n’avoir jamais vu ça ». Pourquoi ? Explications :
1. PLUS D’HABITANTS
« En Seine-Saint-Denis, il y a plus de morts car il y a plus de contaminés, tout simplement », dit Frédéric Adnet, chef du Samu 93. Dans ce département de 1,6 million d’habitants, l’un des plus denses de France, « le virus circule beaucoup plus facilement qu’ailleurs », ajoute-t-il. Dans les quartiers populaires, les habitants vivent souvent à nombreux dans de petits appartements. La densité y est forte sur des petites superficies.
2. PRÉCARITÉ
Beaucoup d’habitants plus pauvres, plus précaires, sont contraints de s’exposer, de continuer à aller travailler, du fait de leur profession ou de leur statut. « Dans notre patientèle, il y a beaucoup d’aides-soignantes, d’aides à domicile et de travailleuses en Ehpad« , qui vont être « très exposées », explique une coordinatrice d’un centre de Santé. Sans compter « les caissières, les livreurs ». Bref, les banlieusards sont souvent en première ligne.
3. NON RESPECT DU CONFINEMENT ?
C’est le propos scandaleux tenu par le préfet de Paris. Mais en réalité, « Les gens qui sont entrés en réanimation cette semaine, ce sont des gens qui ont contracté la maladie avant la mise en confinement » selon l’ARS de l’île de France qui balaie l’hypothèse. Dans le département, les règles du confinement sont, « comme ailleurs, globalement bien respectées », malgré une plus grande difficulté.
4. INÉGALITÉ FACE A LA SANTÉ
« Le confinement est compliqué dans les territoires défavorisés comme le nôtre, où il y a beaucoup de familles nombreuses dans des petits logements, des foyers de travailleurs migrants, des bidonvilles », explique un urgentiste du 93. « On sait que les maladies infectieuses touchent plus durement les plus précaires, car la transmission est plus facile, et qu’ils sont plus difficiles à suivre ». Même constat du côté des médecins de « Place santé », un centre de santé associatif situé au cœur de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. « L’impression que l’on a, c’est que l’épidémie va être exacerbée dans les quartiers populaires où des inégalités de santé existent déjà », dit la coordinatrice du centre, Gwenaëlle Ferré, qui dénombre « plusieurs foyers avec plusieurs cas » de coronavirus. Il y aussi « un système de santé plus faible qui pèse dans l’accès aux soins » et le fait qu’il y ait « moins de médecins et moins de lits de réanimation » dans le 93. Seulement 42 lits pour 10.000 habitants, contre par exemple 77 pour 10.000 habitants à Paris.
Derrière le Coronavirus, c’est la guerre sociale : les plus pauvres trinquent pendant que les plus riches sont partis dans leurs maisons secondaires, et auront un meilleur accès aux soins.
Sources :
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