Le scandale des masques en grande surface


«Toute guerre a ses profiteurs»
Des centaines de millions de masques en vente dans les grandes surface, à des prix 10 fois supérieurs à ceux pratiqués avant la crise


Depuis de longues semaines, les soignants et les pharmacies font face à une «pénurie» d’équipements de protection. Aujourd’hui, ils constatent que la grande distribution commercialisera, dès lundi, plusieurs centaines de millions de masques.

«Où étaient ces masques quand le besoin était criant ?» s’interrogent les soignants dans une tribune, dénonçant une «surenchère de l’indécence» dans la grande distribution. Les Ordres des professions de santé s’offusquent dans un texte cinglant du nombre «sidérant» de masques annoncés à la vente par la grande distribution, quand ils ont cruellement manqué aux soignants et aux patients les plus fragiles. Ils réclament des comptes aux enseignes de supermarchés dans un communiqué commun.

«Toute guerre a ses profiteurs. C’est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution […] Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence», déplorent les professionnels de santé.

De leur côté les associations de consommateurs trouvent les prix hallucinants : «C’est exorbitant 95 centimes, avant la crise les prix pratiqués étaient 10 fois moins importants», fustige vendredi 1er mai sur Lionel Maugain, journaliste à 60 millions de consommateurs et auteur d’une enquête sur le prix des masques.

Depuis lundi, les pharmacies et les bureaux de tabac sont autorisés à vendre ces masques en tissu. Niveau prix, la spéculation reste la règle : certains masques sont vendus jusqu’à 15 euros dans certaines pharmacies.

Le masque risque d’être obligatoire, au moins dans les transports publics : «Franchement, il y a beaucoup de familles qui ne pourront pas suivre. Il va falloir penser à ceux qui n’ont pas les moyens d’investir de telles sommes, d’autant plus qu’il faudra en acheter de manière très récurrente».

Certains soignants demandent la réquisition et la distribution gratuite des masques. Une mesure de bon sens qu’il faudrait être à même d’organiser ou à défaut d’imposer.


Via Rouen dans la rue

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