Lille : un gilet jaune en fauteuil roulant prend 6 mois ferme pour “des tags à la craie”


Justice de classe


Alors que l’escroc récidiviste Patrick Balkany se pavane dans la rue et sur les plateaux télé malgré sa condamnation, et que les criminels en uniformes bénéficient d’une impunité toujours plus scandaleuse, l’affaire a de quoi donner la rage.

À Lille, un Gilet Jaune en fauteuil roulant vient de prendre 6 mois de prison ferme et 3 ans d’interdiction de manifester pour des tags à la craie. Vous ne rêvez pas. La peine est tellement scandaleuse que la presse lilloise se sent obligée de préciser que ce manifestant en fauteuil serait un «black bloc». Comme si une personne souffrant de ce type de handicap, munie seulement d’une craie, pouvait constituer une menace pour des individus armés, entraînés et protégés.

Les faits remontent au 7 décembre dernier. L’accusé aurait lors d’une manif, et selon des policiers, tagué, avec une craie des slogans sur des camions de police. «Mort aux vaches». Un crime abominable, qui s’efface avec une éponge humide. À l’époque, il est arrêté, déferré, jeté en prison préventive puis placé sous contrôle judiciaire.

Depuis, il y a eu la grève des avocats et le confinement. Le verdict final vient seulement de tomber pour le Gilet Jaune : 6 mois ferme et 3 ans d’interdiction de manifester. C’est une véritable entreprise de terreur, une justice de classe éhontée visant à annihiler la contestation. Les magistrats qui ont prononcé cette peine veulent terroriser, humilier, détruire.

En décembre dernier, c’était Odile, 55 ans, vivant à Toulouse, et elle aussi en fauteuil roulant, qui passait en procès pour «violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Elle avait d’abord été accusée de «violences avec arme» – l’arme étant son fauteuil. Un CRS avait obtenu la condamnation de cette femme en prétendant, contre tout bon sens, qu’elle l’avait «blessé» avec son fauteuil. Et les magistrats avaient validé ce mensonge.

On parle souvent de la violences des policiers, mais on oublie parfois l’extrême violence, moins visible, de la Justice et ses magistrats aux ordres. Ces derniers mois, des centaines d’années de prison ont été distribuées à des manifestants. Les gardes à vue gratuites, les interdictions de manifester, les amendes ne se comptent plus. Sans cette justice qui terrorise, qui protège les forts et écrase les faibles, les Gilets Jaunes et les autres luttes n’auraient pas été asphyxiés par la répression.


Source : https://www.lavoixdunord.fr/768220/article/2020-06-23/six-mois-de-prison-pour-le-black-bloc-gilet-jaune-en-fauteuil-roulant

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