Un conseiller pôle emploi et un cheminot licenciés pour avoir aidé leur prochain
Nous vivons une époque d’inversions généralisées. Deux travailleurs de la fonction publique sont licenciés par leurs directions pour avoir trop bien fait leur boulot. Pendant que les forces de l’ordre qui répriment la population reçoivent des médailles après des vagues de violences inouïes.
Yann est conseiller Pôle Emploi à Rennes, mais aussi «lanceur d’alerte»
Il vient d’être licencié pour «faute grave et insubordination». Embauché en 2006, il a notamment accompagné des intermittents du spectacle, aidé de nombreux chômeurs à récupérer des allocations auxquelles ils avaient droit, et proposé des formations à des centaines de demandeurs d’emplois. Pour la direction, «Yann s’est arrogé un rôle qui n’était pas le sien». De son côté, le conseiller reproche à son administration des « pratiques généralisées ayant porté préjudice à de très nombreuses personnes». Il ironise : «C’est une très très grosse bêtise, on me reproche d’avoir fait mon travail, d’avoir porté assistance à des demandeurs d’emploi, notamment les intermittents qui sont une population précaire». Il envisage maintenant de saisir les prud’hommes.
Eric est cheminot en région parisienne
Syndicaliste engagé, il a aidé de nombreux collègues qui subissaient des souffrances au travail et la répression de la direction. Pour avoir défendu ses camarades, Eric a vu sa carrière bloquée. Le ministère du travail a cherché par tous les moyens à le licencier, malgré l’avis de l’inspection du travail, et malgré de fortes mobilisations pour le soutenir. Sa dernière «provocation» ? S’être agenouillé devant sa hiérarchie en signe de protestation. La direction va finalement aller au bout de sa besogne : ce chef de gare à Mantes-la-Jolie va être viré pour avoir contesté les logiques managériales à la SNCF et pour avoir appuyé les personnes qui en avaient besoin. Évidemment, Eric n’en restera pas là.
Pendant que le gouvernement persécute des salariés, enseignants, cheminots, conseillers pôle emploi utiles à leurs prochains, il félicite, récompense et protège les forces de l’ordre, responsables d’innombrables violences, mutilations et décès depuis des années. Pendant qu’on vire des profs et qu’on libéralise le secteur de la santé au nom de prétendues «économies», des primes et du matériel de guerre sont distribués à la police.
Ce processus est à l’œuvre depuis des années, mais le règne de Macron aura confirme et renforce cette tendance : celle du règne de l’inversion. Soutenons les désobéissances et les insubordinations, sabotons le règne des petits chefs.