Viol de Théo avec une matraque : les policiers aux Assises pour “violences”


Retour sur un acte de barbarie en plein jour


Nous sommes le 2 février 2017, à Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne. Théo 22 ans, est avec des amis. Il subit un contrôle très brutal par une unité de policiers qui s’était déjà illustrée par de nombreuses violences dans ce quartier. Les agents empoignent le jeune homme, du gaz est envoyé, et alors que son pantalon glisse légèrement, un agent projette de toutes ses forces sa matraque télescopique en métal dans son entrejambe. Un viol en plein jour, en pleine rue, par des agents de l’État. La barbarie.

Alors qu’il saigne abondamment de l’entrejambe, que la douleur est insoutenable, Théo est à nouveau brutalisé, insulté, filmé dans des positions humiliantes dans le véhicule de police. Sans une once d’humanité, les agents qui l’ont arrêté gratuitement veulent le placer en cellule. Mais la blessure est d’une telle gravité que le jeune homme doit être hospitalisé. Il souffre, entre autres, de lésions gravissimes à l’anus, une plaie de 10 centimètres, et un muscle sectionné causé, selon les experts « par l’insertion d’un bâton télescopique ». Quelques années plus tôt, la même unité dans la même ville avaient placé un enjoliveur entre les fesses d’une personne arrêtée en le menaçant de sodomie.

Ce viol en réunion atroce aurait du susciter une vague de colère générale contre l’institution policière. Mais dans les jours qui suivent, malgré des preuves vidéo, les médias font tout pour rendre ces actes « acceptables ». On répète à longueur d’antenne que la matraque aurait « glissé », on tente de salir la réputation de Théo, de le faire passer pour un menteur. Puis des journalistes mènent carrément une enquête à charge sur des membres de sa famille pour souiller son honneur. Une presse d’inquisition au service de la police contre les victimes. Comme si un viol à coup de barre en métal pouvait être justifié. L’extrême droite lance des campagnes pour se moquer de Théo, des montages insoutenables circulent. Barbarie collective.

Dans le quartier, une partie de la jeunesse va se révolter, et sera à son tour durement réprimée : hélicoptères, quartier quadrillé, tirs de grenades et de balles en caoutchouc. Des agents de la BAC vont même tirer à balles réelles dans la cité. À Nantes, une manifestation de soutien est immédiatement nassée et interdite.

Pendant ce temps, le jeune homme est atrocement mutilé dans ce qu’il a de plus intime. Il est hospitalisé plusieurs semaines et gardera des séquelles extrêmement lourdes pour le reste de sa vie.
Mais l’instruction rejette la qualification de «viol en réunion». Le parquet préfère le terme de «violences» pour 3 des 4 policiers, qui sont immédiatement libres et réintégrés.

Le cas de Théo n’est pas isolé, plusieurs dizaines de témoignages ces dernières années rapportent des humiliations à caractère sexuel de la part de la police à l’occasion de simples contrôles, sans que bien sûr aucune condamnation ne soit prononcée.

Plus de 3 années ont passé. Le parquet lui-même, pourtant largement inféodé au pouvoir, demande que trois policiers soient jugés par une cour d’assises pour «violences volontaires». Un non-lieu a été demandé pour le quatrième policier mis en cause. Théo n’a pas menti. Les journalistes qui ont sali sa famille, l’extrême droite qui a humilié ce jeune homme, eux, ont menti pour défendre l’indéfendable.

Depuis trois ans, la France entière s’est rendue compte de quoi est capable la police contre les manifestations. Mais c’est dans les quartiers que cette violence policière est quotidienne et sans limite.


Le viol de Théo ne doit pas être oublié


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