Anti-blocus et pro-Macron : un groupuscule lycéen se goinfre avec l’argent public


Corruption : pendant que les lycéens en lutte se font tirer dessus, les jeunesses macronistes se gavent jusqu’à l’indigestion


Vous connaissez le groupe «Avenir lycéen» ? Non ? C’est normal, ce groupuscule est absolument inconnu au bataillon. Insignifiant, il compte à peine «30 membres actifs» sur une conversation Télégram. Ce «syndicat lycéen» créé en 2018 est une officine pro-Macron. Une organisation pro-gouvernementale chargée de diffuser la pensée du pouvoir dans les lycées, et de s’opposer aux blocus. A peine 300 abonnés sur les réseaux sociaux, une publication tous les deux mois : cette chose ne représente absolument rien ni personne. Pourtant, «Avenir lycéen» se gave avec les subventions bien grasses du gouvernement : 65.000 euros offerts par le ministère en 2019.

➡️ Ces dizaines de milliers d’euros d’argent public ont rapidement été engloutis sans aucun contrôle, dans une orgie obscène de restaurants de luxe, d’hôtels, d’achats d’ordinateurs, d’alcool, de retraits en liquide en pleine nuit. Et sans que le ministère de l’Éducation ne surveille le moins du monde le bilan de l’association qu’il finance avec l’argent des impôts.

➡️ Quelques exemples donnés par Mediapart : «pour la seule journée du lundi 22 juin, 432 euros sont dépensés dans un Apple Store, et 99,70 euros dans deux restaurants lyonnais. Le lendemain, 75,50 euros sont débités dans un restaurant à Paris. Dans la nuit, à une heure du matin, un retrait de 100 euros est effectué dans le VIIe arrondissement ! Le lendemain, 276,52 euros à l’hôtel Madrigal, deux jours plus tard, 222 euros sont débités à la même adresse […] 174 euros dans deux brasseries chics de Bordeaux […] Idem pour ces 236 euros dépensés dans le restaurant gastronomique de Christian Têtedoie, à Lyon […] En dix jours, entre le 15 juillet et le 25 juillet, l’équivalent de 1600 euros sont retirés, parfois en soirée, dans des distributeurs à Lyon, Lens et Paris […] un iPad, un iMac et un vidéoprojecteur sont aussi achetés, neufs, pour 8.411,93 euros». De 40.829 euros au 1er juillet, les réserves de l’association tombent à 21.965 euros à la fin du même mois. En trois semaines, 20.000 euros d’orgie indigne pour les jeunesses macronistes.

➡️ Cette débauche n’a aucune conséquence, puisque le «syndicat» reçoit pour la nouvelle année scolaire une autre subvention de 30.000 euros. Le délégué national à la vie lycéenne (DNVL) du ministère, Christophe Brunelle, ne voit pas le problème, puisque le groupuscule est manifestement couvert par le ministre Blanquer. Brunelle est un ancien soutien d’Alain Juppé avant de soutenir Macron et d’être promu par Jean-Michel Blanquer.

➡️ Cette escroquerie massive s’inscrit dans le cadre d’un syndicalisme lycéen sous perfusion. Médiapart donne la parole à l’Union nationale lycéenne (UNL), un autre syndicat lycéen lié au Parti Socialiste. Pourtant très discret et toujours prêt à négocier avec les autorités, il touchait 80.000 euros en 2018. Sa subvention serait « tombée » à 40.000 euros en 2019, puis « seulement » 20.000 euros pour cette année . Auprès de Médiapart, l’UNL déplore de cette baisse et se plaint d’avoir une existence «très précaire». Alors même que des centaines de lycéens se mobilisent spontanément sans aucune subvention. Que la plupart des jeunes militants font face à la répression sans soutien financier. Que les luttes s’organisent bénévolement, avec des bouts de chandelles. Derrière l’arnaque de «Avenir lycéen», c’est toute une cogestion opaque de la jeunesse qui est organisée à coup d’argent public.

➡️ Ainsi, notre formidable démocratie française permet à un ministre de droite comme Blanquer d’arroser un groupuscule d’adolescents fanatiques du gouvernement avec de l’argent public, immédiatement dépensé en consommation débridée. Tout ça pour tenter de diffuser les idées ignobles de Macron dans les lycées. Ces révélations tombent pendant que la jeunesse qui prend son avenir au sérieux reçoit du lacrymogène en se mobilisant. De quoi avoir la rage.


L’enquête complète de Médiapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/081120/le-syndicat-lyceen-chouchou-de-blanquer-dilapide-l-argent-du-ministere

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