Démontage d’une intox liberticide
Les libertés fondent comme la banquise mais le capitalisme se porte bien. Au nom de l’économie, dans plusieurs villes de France, des collectifs de commerçants réclament tout simplement l’abolition droit de manifester pour «ne pas perturber la consommation avant Noël».
À Nantes, un lobby de commerçants demande au préfet «l’arrêt immédiat» des manifs dans le centre-ville, avec le soutien de la députée LREM locale. Derrière cette offensive liberticide, un chantage : «la survie des commerces après les fermetures administratives et le retour espéré des clients ne peuvent pas cohabiter avec la multiplication des manifestation».
Cyniquement, le communiqué des commerçants explique : «Nous sommes pour le droit de manifester, mais surtout pour le droit d’accueillir nos clients, afin qu’ils fassent leurs achats de Noël tranquillement». Contre le droit de manifester donc. C’est avec ces mêmes arguments qu’à Rouen ou Montpellier, les manifestations ont été interdites par les préfets.
À Bordeaux, même cinéma : l’association «Commerçants et artisans des métropoles» réclame des «zones commerciales protégées : une zone dans laquelle il serait interdit de manifester». Dans cette ville, le président de la chambre d’industrie et de commerce va créer un groupe Whatsapp entre les commerçants et les services de la préfecture pour prévenir «en temps réel quand les casseurs séviront». Bonne ambiance.
Quelques réponses à cette offensive inquiétante, sur fond d’accélération autoritaire du pouvoir :
Les manifs réduisent le chiffre d’affaire ? À Nantes, c’est factuellement faux. Selon les statistiques : «l’activité commerciale sur la ville de Nantes a progressé en 2019, avec une hausse des chiffres d’affaires de 1,8% par rapport à 2018». Donc malgré les Gilets Jaunes, le chiffre a augmenté, à Nantes comme ailleurs. En revanche, si les profits des commerçants du centre-ville diminuent en 2020 ? c’est pour d’autres raisons : le manque d’argent et la misère qui augmente dans la population, le trop grand nombre de surfaces commerciales qui saturent le marché, et évidemment la crise sanitaire. Attaquer les manifestations est malhonnête et indigne.
Une atteinte au droit de manifester soutenue par En Marche. Derrière cette offensive, c’est clairement une manœuvre orchestrée par En Marche, qui soutient ces collectifs de commerçants. Plutôt que de museler l’opposition de façon totalement autoritaire, l’argument du «petit commerce» est bien pratique pour rogner les dernières libertés et justifier la répression.
Il n’est déjà plus possible de manifester à Nantes. «Interdire les manifestations dans les rues commerçantes», c’est déjà le cas dans la Cité des Ducs ! Depuis 2014 et les cortèges anti-aéroport, tous les quartiers de l’hyper-centre et les rues commerçantes sont quadrillées et bunkérisées par la police. Les grandes places du centre sont inaccessibles depuis des années, le quartier Bouffay aussi, et les parcours se tiennent maintenant sur seulement deux artères ! Bref, on se demande ce que les commerçants nantais demandent de plus. L’abolition pure et simple de toute manif ?
Pour finir, un conseil utile aux «associations de commerçants» qui accompagnent le virage autoritaire : attaquez-vous aux vrais responsables de vos problèmes. Les grandes surfaces qui prolifèrent en périphérie de la ville et tuent les boutiques indépendantes, la vente en ligne qui explose ces derniers mois, la gestion absurde de la crise sanitaire et les politiques anti-sociales qui mettent les familles sur la paille. Faute de quoi, vous n’êtes que les idiots utiles du Régime en place.