Racisme, fouille à nu, humiliations et violences en garde à vue : «je me sens honteux»
Le jeune homme qui se fait appeler Valentin nous a fait parvenir une série de photos de son visage tuméfié, avec de profondes plaies au visage. Il a été violenté par la police et mis en garde à vue alors qu’il se rendait simplement au rassemblement contre le groupe néo-fasciste Génération Identitaire, samedi 20 février à Paris. Son récit, accablant, démontre une fois encore la porosité, en idées comme en pratique, entre la police et l’extrême droite :
«Alors voilà , je suis arrivé à Montparnasse vers 11h15, j’ai rejoint des amis qui m’attendaient sur le lieu de rendez-vous de la manifestation. Au début tout se passait bien je prenais des photos du dispositif impressionnant des forces de l’ordre. Tout à coup, un attroupement s’est formé. Jérôme Rodrigues se faisait arrêter, j’ai voulu me rapprocher pour filmer la scène, et là je me suis retrouvé en plein milieu d’une nasse». En effet, le Préfet de Paris avait autorisé la manifestation néofasciste tout en interdisant, de fait, le rassemblement contre l’extrême droite. Tout s’envenime lorsque Valentin est contrôlé, car il n’a pas ses papiers.
«Les flics ont effectué des contrôles d’identité, plusieurs policiers dont devenus très menaçants, à me pousser et presque à m’injurier. La tension est montée. J’ai voulu sortir de la nasse mais un flic m’a étranglé pour que je reste. Je me suis énervé, c’est vrai que les nerfs sont montés. Ils m’ont ensuite allongé au sol et m’ont mis les menottes pour m’emmener au camion. Une fois dans le camion ils ont proféré des insultes raciste, du genre ”sale chinois, on t’a eu, ça t’apprendra à faire le malin !”» .
Valentin est emmené au commissariat, il est fouillé entièrement nu : «j’ai même pas pu garder mes chaussettes, un des policiers m’a retiré mon pantalon et m’a palpé les partie intimes et mis un doigt dans les fesses. Du coup je me suis emporté, ils sont arrivés à trois et m’ont cogné la tête contre le radiateur. J’avais la gueule en sang».
Valentin fera 33h en cellule, sans avoir droit à une couverture : «j’ai pu voir le médecin qui ne m’a même pas passé un cachet pour mes douleurs à la tête». Il est déferré au tribunal en comparution immédiate. Jugé de façon expéditive, il écope de 6 mois d’interdiction d’aller à Paris, de deux mois de prison avec sursis, de 70h de travaux d’intérêt général. Tout ça, à la base, pour un défaut de carte d’identité ! Aucun identitaire n’a été inquiété ce jour là.
Valentin ressort traumatisé de cette expérience : «je me suis senti humilié, surtout après avoir subi des attouchements et les doigts dans les fesses, ainsi que les insultes j’ai été touché à vif et dans mon honneur. Je me sens honteux. Et depuis qu’ils m’ont cogné, j’ai des douleurs et des vertiges». Cet exemple, parmi d’autres, montre la continuité et la synchronisation entre la violence d’État d’une police raciste et la violence extra-légale des milices d’extrême droite.