Dans le monde des grandes entreprises, on profite de la crise et on licencie
Ces dernières semaines, plusieurs grandes entreprises ont annoncé des suppressions de postes ou des mesures drastiques pour «faire face à la crise». Une impression de déjà-vu…
Ainsi, Danone prévoit de supprimer 1850 postes dans le monde, 458 en France.
SFR va en supprimer jusqu’à 2000.
Michelin France jusqu’à 2300 d’ici 2023.
Air France 7580 d’ici fin 2022.
Sanofi environ 400 dans sa branche recherche (!)…
La liste est longue, comme au moment de la crise de 2008.
Les patrons savent s’y prendre pour justifier ces licenciements, à coup de mots doux comme «modernisation», «restructuration», «compétitivité»… Pendant ce temps, ils ne baissent pas leurs salaires, les actionnaires non plus, et jouent avec «leurs» salarié.e.s comme avec des pions. Ça a une définition simple : le capitalisme.
Chez Air France, par exemple, la direction veut carrément diminuer le salaire et supprimer des jours de congés ! Elle prévoit également la suppression de certaines de ses bases, notamment Toulouse, Nice et Marseille, ce qui obligerait les employé.e.s à aller travailler à Paris. Ou bien à être licencié.e.s. L’ironie mordante de cette histoire, c’est que le déplacement de salarié.e.s en province avait été décidé pour faire faire des économies à la boîte, puisque cela lui évitait d’avoir à payer des nuits d’hôtels au personnel lors des escales. Il s’agissait par ailleurs, bien entendu, de concurrencer les compagnies low cost.
Obliger le personnel à aller travailler à Paris les éloignerait de leur famille et de la vie qu’ils ont construite. Pour que leurs patrons fassent des économies. Cherchez l’erreur. Pourtant, l’État a accordé à Air France ce qu’on appelle une activité partielle de longue durée, qui implique que l’entreprise maintienne les emplois. Par ailleurs, l’entreprise a des chantiers en cours. Les salarié.e.s ont donc l’impression que les aides de l’État ne servent pas à maintenir les emplois mais à assurer un avenir à Air France quitte à sacrifier celles et ceux qui y travaillent. Et quitte à ré-embaucher dans plusieurs années, et à licencier de nouveau à la prochaine crise.
Chez Amazon, en Alabama aux Etats-Unis, la direction tente d’empêcher la création d’un syndicat en son sein. Pour ce faire, elle a recours à des envois de textos pour demander aux salarié.e.s de voter «non», à des réunions obligatoires toutes les semaines où des mensonges sur le montant des cotisations au syndicat sont déversés, à des pressions du style «avec un syndicat, vous devrez faire grève et vous ne pourrez plus payer vos factures», et à toutes sortes de stratégies pour diffuser la méfiance et la peur. Mais le soutien au syndicat est important, vu les conditions de travail catastrophiques dans l’entreprise, déjà dénoncées au premier confinement.
En France, le MEDEF veut imposer la prise de congés pendant le confinement, afin de garantir une reprise forte. Mais les congés payés n’ont pas été inventés pour satisfaire le patronat. Ils ont été obtenus de haute lutte, notamment grâce aux grèves de mai-juin 1936. Imposer la prise de congés dans cette période de crise est très révélateur de la volonté patronale, suivie par l’État, de tout faire pour maintenir la sacro-sainte économie, ou plutôt pour continuer à faire du fric à tout prix.
Dans tous les domaines, il est question de «souplesse horaire», d’inciter à prendre des congés à telle ou telle période, d’ajouter des tâches, d’augmenter les cadences, bref, de faire gagner de l’argent à l’entreprise. Pendant que les salaires sont gelés, les patrons et les actionnaires se versent leurs revenus et leurs dividendes faramineux tout en prévoyant des plans de licenciements, de mobilité et autres entourloupes. Ceci alors même que l’État verse l’aide correspondante au chômage partiel aux entreprises.
Les inégalités se creusent de plus en plus. Ne soyons pas dupes. Nous savons très bien qui va payer la crise. Et qui en profite.