6 mois sous couvre-feu : jusqu’Ă  quand ?


Enrayer le cycle de soumission


Samedi 17 octobre 2020 Ă  minuit, le gouvernement français instaurait un couvre-feu sous prĂ©texte d’Ă©tat d’urgence sanitaire. Cela fait aujourd’hui 6 mois jour pour jour que cette mesure de guerre, interdisant de sortir de chez soi la nuit, est imposĂ©e sans dĂ©bat, sans bilan, sans remise en cause. Le choix du 17 octobre Ă©tait dĂ©jĂ  un funeste symbole, puisqu’il rappelait le massacre par la police de manifestants algĂ©riens contre le couvre-feu, dĂ©jĂ , le 17 octobre 1961 Ă  Paris.

Il y a 6 mois, ce couvre-feu « exceptionnel » Ă©tait rapidement Ă©tendu Ă  tout le territoire, puis durci, en commençant dès 18H. Pas la moindre minute de libertĂ© en dehors des heures de travail, pas un moment de sociabilitĂ©. Le gouvernement annonçait son intention de dĂ©truire « l’effet apĂ©ro ». « Bosse, consomme, et ferme ta gueule » instaurĂ© en devise nationale.

Les crottes de nez en costards qui nous gouvernent se moquent bien d’un quelconque effet sur la santĂ© de la population : cette incroyable restriction des libertĂ©s se fait sur fond de suppression de milliers de lits d’hĂ´pitaux et de mĂ©pris du personnel soignant. Pire : ce couvre-feu a immĂ©diatement provoquĂ© des bouchons monstrueux, des transports en communs encore plus bondĂ©s et des ruĂ©es massives dans les commerces aux heures de pointe. Absurde, autoritaire, criminel.

Y-a-t’il eu un impact sanitaire Ă  cette mesure ? Les faits sont lĂ  : la situation ne s’est pas amĂ©liorĂ©e. Elle n’a jamais cessĂ© de s’aggraver, avec un nombre de contaminations et de personnes hospitalisĂ©es en hausse constante. Cette destruction des libertĂ©s, quant Ă  elle, laisse dĂ©jĂ  des traces indĂ©lĂ©biles. Nous nous sommes collectivement soumis Ă  cette mesure. Les gestes de dĂ©sobĂ©issance sont restĂ©s bien trop rares et isolĂ©s pour devenir hors de contrĂ´le. Les rues sont dĂ©sertes quand le soleil se couche, arpentĂ©es seulement par des livreurs prĂ©caires, des patrouilles de police, et une poignĂ©e de tĂ©mĂ©raires. Des milliers d’amendes tombent. Et le couvre-feu est une carte blanche supplĂ©mentaire pour la police qui peut violenter quiconque durant ces heures oĂą les libertĂ©s suspendues.

6 mois plus tard, nous nous habituons à nous faire arracher les libertés les unes après les autres. Ce qui semblait inconcevable il y a quelques années encore est devenu banal. Quelles seront les prochaines étapes ?

Pourtant, notre Ă©quipe et notre lectorat l’a constatĂ© sur le terrain : il est impossible pour la police de quadriller toute une mĂ©tropole une nuit entière, et les filets de la rĂ©pression sont larges. Ce qui fait tenir cette mesure, c’est la soumission gĂ©nĂ©rale, le climat de rĂ©signation, de dĂ©sespoir, de peur. C’est sans doute cela le pire : l’Ă©tat d’urgence sanitaire a insufflĂ© son contrĂ´le dans nos corps et nos esprits.

Il est toujours possible de sortir, de se promener, de rejoindre des ami.e.s ou d’agir la nuit. Nous ne retrouverons pas nos libertĂ©s sans retrouver le goĂ»t de la dĂ©sobĂ©issance de masse, sans multiplier les gestes de dĂ©fiance. En attendant un vĂ©ritable soulèvement.

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