Le Premier Mai n’est pas la «fête du travail»
Grève, anticapitalisme et répression
D’où vient le 1er mai ? Ce n’est pas la «fête du travail», mais la fête des travailleurs et des travailleuses. La nuance est importante. Avant d’être un jour férié, c’est une journée révolutionnaire, un jour de solidarité internationale contre la répression.
Le 1er mai 1886, 400.000 ouvriers font grève et manifestent aux USA pour la réduction de leur temps de travail. Le 4 mai à Chicago, des affrontements ont lieu, le cortège est durement réprimé, une bombe explose en faisant plusieurs morts. Huit manifestants anarchistes sont arrêtés, accusés sans preuve d’avoir fabriqué la bombe. Lors du procès, le procureur déclare : «ils ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre ». Sept inculpés sont assassinés, pendus pour l’exemple. L’un des condamnés, August Spies, prononce cette phrase restée célèbre : «Le temps viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui !»
C’est de cette injustice extrême que naît la journée international de grève et de manifestations. En 1889, le 1er mai devient une date mondiale de lutte, en solidarité avec les «Martyrs de Chicago» et pour réduire le nombre d’heures de travail.
Les syndicats de l’époque veulent faire la révolution : ils visent l’abolition du capitalisme et ont pour horizon la grève générale de tous les travailleurs pour détruire le système. À partir de cette date, chaque 1er mai sera un jour de manifestation dans tous les pays du monde. Un jour souvent réprimé. Le 1er mai 1891, dans une petite ville ouvrière du nord de la France, Fourmies, l’armée tire sur le cortège, tuant dix personnes dont deux enfants. Plusieurs manifestants sont envoyés en prison. Cette répression fait scandale et renforce encore d’avantage la détermination du mouvement social mondial.
En 1941 Maréchal Pétain va transformer cette «Fête internationale des travailleurs», un jour de grève, en «Fête du travail», un jour férié. Le sens de cette journée est totalement inversé : l’extrême droite récupère un symbole social pour en faire une journée patronale célébrant l’exploitation. À la Libération, cette date reste fériée, mais redevient un jour de manifestation.
Même si les origines révolutionnaires de cette journée sont souvent oubliées, depuis plus de 120 ans, des manifestations, des actions, des réunions ont lieu chaque Premier Mai partout dans le monde.
Aujourd’hui, faisons vivre cette histoire : un hommage aux générations passées qui ont lutté pour arracher les droits qui bénéficient à toutes et tous, et un combat pour les générations à venir. Et une solidarité internationale avec tous les peuples en lutte, du Chili au Rojava, de la Grèce à l’Algérie.
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