#SOSColombia


Par notre correspondant en Amérique du sud


La situation en Colombie est de plus en plus inquiétante et dramatique. La mobilisation sociale en Colombie est très forte depuis la grève nationale, toujours en cours, entamée le 28 avril dernier. Les rues ont été inondées de personnes initialement mécontentes de la réforme fiscale du gouvernement Duque, et la réponse de la police a été brutale. Au point que la situation est désormais hors de contrôle.

Le week-end dernier a été particulièrement tragique, comme le rapportent les organisations de défense des droits humains. Selon une déclaration de l’ONG Temblores, il y a eu au moins 940 cas de violences policières dans le pays entre le matin du 28 avril et la nuit du samedi 1er mai. Cette organisation, par le biais de sa plateforme de plaintes pour abus policiers, Grita, créée pour garantir les droits des minorités en Colombie, a signalé entre le 28 avril et le 3 mai à 10 heures 1181 cas de violences policières (voir le visuel) :

  • 142 victimes de violences physiques de la part de la police nationale.
  • 26 victimes d’homicides par la police nationale
  • 761 cas de détentions arbitraires contre des manifestant.es
  • 216 interventions violentes des forces de sécurité
  • 17 victimes mutilées aux yeux
  • 56 coups de feu tirés par la police
  • 9 victimes de violences sexuelles commises par les forces de sécurité
  • 56 plaintes pour disparition dans le cadre des mobilisations.

Les informations enregistrées ont toutes été vérifiées pour ce rapport partiel. Malheureusement, les chiffres ne cessent d’augmenter à mesure que de nouvelles mobilisations se développent. Rien que pour les événements tragiques du dimanche 2 mai, cette ONG rapporte au moins cinq meurtres commis par les forces de sécurité.

Pour rappel, depuis mercredi, le peuple colombien est en grève nationale. Cette grève a pour origine une réforme fiscale que le gouvernement voulait mettre en place, qui taxerait les pauvres et ne ferait qu’accroître les inégalités déjà énormes en Colombie. Cette réforme fiscale a été reçue comme une condamnation à mort à travers les impôts pour de nombreus.eux colombien.nes. Il faut savoir qu’en 2020, le PIB de la Colombie a connu la pire chute de son histoire avec une diminution nette de 7%. Le taux de chômage a dépassé les 16% et près de la moitié (42,5%) de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est dans ce contexte très délicat qu’est arrivée cette proposition de loi très contestée.

Les gens sont alors descendus en masse dans les rues, en organisant des manifestations pacifiques mais la répression policière à laquelle elles ont été confrontées a été inouïe. Actuellement des personnes sont portées disparues, d’autres ont été tuées, agressées, détenues et violées en nombre par les forces de police. Des témoignages indiquent que la police passe en voiture et tire sur des personnes qui marchent dans les cortèges, ou encore lance des gaz lacrymogènes périmés et potentiellement mortels. D’autres vidéos montrent comment elle encercle les manifestant.es, les isole et commence à les frapper à plusieurs gendarmes. Sans parler de la présence toute aussi violente de groupes paramilitaires d’extrême-droite qui agissent en toute impunité.

De plus, le président colombien Ivan Duque a décrété l’état de « commotion interne » (état d’exception), ce qui signifie que l’armée est désormais présente dans les rues pour réprimer à son tour avec tout l’arsenal de guerre à disposition.

Bien que le projet de loi ait été retiré, le président Duque tente tout de même de faire adopter une nouvelle réforme fiscale qui va dans le même sens, avec cette fois-ci, selon lui, « plus de consensus ». Toutefois, la répression meurtrière de ces derniers jours fait qu’il est particulièrement pointé du doigt, et la colère du peuple colombien dépasse désormais le cadre de ce projet de loi avorté.

Il est urgent que cette escalade de la violence huilée par les autorités cesse et les colombien.nes appellent la communauté internationale à s’exprimer et à condamner ces atrocités. Le président doit cesser de tuer et être tenu pour responsable de cette violence inconsidérée à l’encontre de celles et ceux qui exercent leur droit légitime de manifester. Soutien au peuple colombien !


La diaspora colombienne de Nantes appelle à un rassemblement ce samedi 8 mai à 14h place Royale

Un rassemblement de soutien aura aussi lieu à Rennes, Place de la Mairie à 14h ce même samedi

La propagande actuelle

Des vidéos de Cali

Plus de vidéos (attention, elles sont très dures) sur notre site.

Le dernier article de Mauricio Coulon pour Nantes Révoltée du 30 avril dernier


Rassemblement à Nantes samedi 8 mai à 14h Place Royale


Images : Chicharron, Askomartin et Pasadomeridian0 sur Twitter, RFI, AFP

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