Le football genou à terre face à l’extrême droite


Climat toxique : même un geste symbolique et dépolitisé de la part de footballeurs est annulé par les racistes


C’est la polémique, sinistre et indigne du moment. Alors que débute le Championnat d’Europe de football, les joueurs de l’équipe de France avaient prévu de poser «un genou à terre», pour leur premier match, pour soutenir «les victimes de violences racistes» et contre les discriminations. Rien d’extraordinaire. Très consensuel même.

D’ailleurs, le 2 juin dernier, au Stade de France, les joueurs français avaient déjà posé un genou à terre avant la rencontre amicale face au pays de Galles. L’équipe d’Angleterre le fait aussi, ainsi que les clubs anglais. Ce geste symbolique est également monnaie courante aux USA, dans de nombreux championnats.

C’était sans compter sur le climat irrespirable qui plane la France. L’extrême droite intoxique tous les débats, encouragée par le gouvernement et les médias. Ainsi, ce geste anodin prévu par les footballeurs s’est transformé en «polémique» nationale. L’extrême droite hurlant qu’il s’agit d’un symbole «anti-flic» voire même «suprémaciste noir». Si pour ces gens, dénoncer le racisme est anti-flic, c’est bien qu’ils reconnaissent que la police est fondamentalement raciste. Un syndicat policier d’extrême droite est allé jusqu’à dire que protester contre les discriminations «incite aux meurtres de policiers». Délirant. Et ces gens sont armés.

Comble du comble, cette extrême droite raciste, violente, menteuse, minoritaire a encore gagné une bataille. L’initiative a été abandonnée. Didier Deschamp a expliqué que les joueurs «voulaient rassembler plutôt que diviser». Comme si c’était l’antiracisme qui divisait, et pas les racistes eux mêmes. Le sélectionneur ajoutait : «il y a un tel climat que ça part dans tous les sens» et que les joueurs préféraient «jouer l’apaisement et se concentrer sur le match». Apaiser les fascistes donc. Tout la soirée d’hier, sur les réseaux sociaux, les militants d’extrême droite se sont félicités de leur «victoire», de la réussite de leur «mobilisation», à savoir publier des milliers de messages racistes sur Twitter et Facebook.

Pour rappel, l’hymne de Bleus pour l’Euro, composé par le rappeur noir Youssoupha avait, lui aussi, été annulé à la demande de la police et de l’extrême droite. Nous sommes bien dans un pays où un geste symbolique contre le racisme provoque plus de de condamnations que… des violences racistes.

Sinistre pays. Une action symbolique dépolitisée et assez quelconque de la part de millionnaires est déjà de trop pour l’extrême droite. Pour préserver une pseudo «unité», on obéit à des fascistes. De fait, ils imposent leurs obsessions et leur agenda. Et tout le monde cède, s’agenouille.


Tout le monde a peur. Jusqu’à quand ?


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