Hier commençait, à Athènes, le procès de deux anarchistes grecs. Ils s’appellent Giorgos Kalaitizidis et Nikos Mataragkas et risquent la prison à vie. Tous deux sont membres du collectif Rouvikonas, Rubicon en français, groupe révolutionnaire basé dans le quartier autogéré d’Exarcheia à Athènes.
En 2008, la spéculation immobilière outrancière fait éclater la bulle. La crise des subprimes secouait la planète. La Grèce se retrouve alors dans l’œil du cyclone financier, le pays est à deux doigts de la banqueroute. Des milliers de grecs ne peuvent même plus retirer leur argent à la banque. Pour sauver le système bancaire, les dominants vont faire payer l’addition au peuple grec. C’est le début d’une politique d’austérité ultra-violente, une véritable thérapie de choc avec ses privatisations sauvages et ses saccages de droits sociaux.
Sur fond de crise économique et sociale gravissime, le groupe Rouvikonas est créé et se structure à la fin de l’année 2013. Issu du mouvement social de 2011 contre le premier plan d’austérité qui va agiter le pays, le groupe se retrouvera au cœur des luttes de la capitale. Développement de centres sociaux autogérés, défense de squats et des sans-papiers, antifascisme de rue et actions directes font partie de la panoplie d’initiatives du collectif. En 2019, les anarchistes du Rubicon détruiront le siège du MEDEF grec, peintures et bris de vitrines au menu. Leurs actions coups de poing font des émules et les rendent populaires. Le pouvoir en a peur et Rouvikonas sera très vite criminalisé par les autorités grecques.
Aujourd’hui, ils sont victimes d’une abominable machination policière et d’un mensonge d’État scandaleux. Nikos et Giorgos sont accusés d’avoir assassiné un dealer à Exarcheia en 2016. Le premier jour du procès se tenait hier. Problème : le témoignage qui devait être à charge contre les deux anarchistes ne s’est pas déroulé comme prévu. La témoin avoue à la barre avoir été intimidée et achetée par la police grecque.
Yannis Youlountas réalisateur et militant libertaire franco-grec raconte : «Ce qui vient de se passer à Athènes est énorme ! C’est un événement à faire savoir à toutes celles et ceux qui n’ont pas encore compris ce qu’est l’État et comment il traite ses ennemis.
Ce matin, deux militants du groupe anarchiste Rouvikonas étaient poursuivis pour meurtre, dans un début de procès absurde et kafkaïen. Giorgos Kalaitzidis et Nikos Mataragkas risquaient la prison à vie ! Il y a deux heures, le premier témoin à charge était une habitante du quartier de Kifissia qui fréquentait autrefois Exarcheia « dans le camp des trafiquants de drogue » (sic), non loin du dealer assassiné en 2016. Mais, coup de théâtre, au lieu d’accuser Giorgos et Nikos, elle a subitement démasqué la police.
Elle a tout d’abord dévoilé qu’elle n’était pas du tout à Exarcheia le jour du meurtre et que ce qu’elle devait dire dans ce procès lui avait été dicté. Elle a précisé que la police lui avait promis de l’aider dans ses affaires personnelles (poursuites pour trafic de drogue) si elle témoignait contre les deux accusés. Elle a ajouté qu’elle n’avait jamais vu les deux anarchistes.
Dès lors, le procès est apparu comme fabriqué de toutes pièces — ce que nous vous avions annoncé depuis plusieurs semaines. Pourquoi et comment cette machination a-t-elle été organisée ? Qui est derrière tout cela ? Est-ce le sinistre personnage qui, au sommet de l’État, avait promis « par tous les moyens » d’en finir avec « les anarchistes d’Exarcheia » en citant, en premier lieu, le célèbre groupe Rouvikonas ? Mitsotakis est-il mouillé dans cette sale affaire ? C’est la question que beaucoup se posent depuis deux heures.
Après ce témoignage accablant sur la façon dont le complot a été organisé par la police grecque, les deux autres témoins à charge ont abondé dans le même sens que l’intervenante précédente, en enfonçant le clou, l’un après l’autre. Tout d’abord, une infirmière d’EKAB (le samu grec) a dit qu’elle ne savait absolument rien.
Puis, le troisième témoin a fait savoir qu’il ne reconnaissait ni Giorgos ni Nikos, alors qu’il était sur les lieux du crime : le principal témoin oculaire ! Après cette première étape calamiteuse, le procès a été ajourné au vendredi 29 octobre à 11h. D’ici là, les débats vont aller bon train sur l’origine de cette machination et sur la responsabilité du gouvernement, ennemi juré de Rouvikonas et du puissant mouvement anarchiste en Grèce.
Merci de faire savoir ce qui s’est passé aujourd’hui à Athènes et de continuer à signer et à faire signer l’appel pour Giorgos et Nikos : soutien@rouvikfrancophone.net (nom, prénom et qualité)
Merci également, si vous le pouvez, d’aider Giorgos et Nikos ainsi que leur groupe à faire face à leurs énormes frais de Justice dans leurs nombreux procès : https://fr.gofundme.com/f/soutien-giorgos-et-nikos-athnes
À suivre.. »
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.
Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.