L’entreprise Orpéa possède 1156 établissements dans 23 pays et génère 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est une multinationale tentaculaire, fondée en 1989 qui gère des Ehpad privés, des maisons de retraite et de cliniques de soins. À sa tête, Yves Le Masne, encore récemment directeur, et Jean Claude Marian, le fondateur du groupe. Ils ont accumulé des fortunes colossales sur la souffrance des anciens et la maltraitance des salariés. Un exemple du capitalisme de mort.
Chez Orpéa, les couches sont rationnées, les soins aussi, les repas de même. On meurt littéralement de faim, de soif ou de maltraitance, dans ces établissements privés pour lesquels les familles déboursent des prix élevés. Ça n’est pas une erreur, c’est rationnel, c’est calculé. C’est la loi du Marché. Celle qui anime le monde. Chez Orpéa, les droits des travailleurs et travailleuses sont rationnés aussi. C’est un système de maltraitance industriel : l’humain dans son ensemble est rationné. Cela permet à Orpéa de générer des profits de centaines de millions d’euros, un bénéfice de 25%. Les revenus du directeur : 1,3 million annuel.
Yves Le Masne était «Directeur Général» du groupe. Il vient d’être limogé. Le journaliste Victor Castanet a enquêté sur Orpéa afin de publier un livre, baptisé «Les fossoyeurs», qui analyse les pratiques du groupe. L’auteur dit qu’on lui a proposé 15 millions d’euros pour qu’il ne termine pas son livre. Puis Yves Le Masne s’est précipité en juillet dernier, alors qu’il venait de recevoir des questions pointues du journaliste, pour vendre des milliers d’actions avant la parution. 5465 titres Orpéa vendus sur les marchés. Un coup boursier qui lui rapporte le pactole de près de 590.000 euros. Depuis la sortie du livre, l’action Orpéa dégringole : moins 30% en cinq jours. Yves Le Masne a sauvé sa fortune.
Jean-Claude Marian est fondateur et PDG d’Orpéa. Il a abandonné la nationalité française pour prendre la nationalité belge. Il habite Bruxelles et a installé son portefeuille au Luxembourg. Ainsi, il ne paie aucun impôt lorsqu’il vend ses actions, et échappe à l’impôt sur la fortune. Chaque année, Jean-Claude Marian empoche 7 millions d’euros de dividendes. En 2020 il a liquidé ses actions, pour la somme de 456 millions d’euros.
Ces deux hommes ont amassé des sommes monstrueuses, des montagnes d’argent sur la souffrance des personnes âgées, de leurs familles, du personnel soignant, mais aussi de la sécurité sociale. La santé est une marchandise comme une autre, après tout. Ce qui compte, c’est de ramasser du cash, le plus vite possible, quoi qu’il en coûte.
Le monde de l’entreprise, ce paradis tant valorisé par les pouvoirs, est un monde totalitaire. Les syndicats d’Orpéa s’apprêtent à porter plainte contre la direction, qui fait régner la terreur pour assurer ses profits. «Tout salarié qui va revendiquer ses droits, ou tout comportement susceptible de nuire à la rentabilité de l’entreprise, comme réclamer des protections supplémentaires pour les résidents, court le risque d’être sanctionné», explique Guillaume Gobet, responsable CGT et ancien cuisinier à Orpéa. «Et si un salarié convoqué en vue d’une sanction est défendu par la CGT, il est automatiquement licencié».
Des Yves Le Masne et des Jean-Claude Marian, bien propres sur eux, sûrs de leurs droits, il y en a des milliers en France. Ce sont eux qui possèdent les médias, eux qui orientent les politiques, eux qui sponsorisent certains candidats, eux qui se protègent derrière la Loi et la Police. Yves Le Masne et Jean-Claude Marian ne sont pas des exceptions. Cette catégorie d’individus, ces prédateurs sont prêts à tout pour leurs profits. Pour eux, la loi du Marché passe bien au dessus de la vie humaine, du bien être de leur prochain, du climat, de la survie sur cette planète. Orpéa le prouve encore une fois : on ne raisonne pas la loi du profit. On la détruit.