Contre “L’Arbre aux hérons” et la gentrification

Les nantais.e.s et les touristes connaissent bien l’endroit : la Carrière Misery, rebaptisée «jardin extraordinaire» par la Métropole. Il s’agit d’une ancienne carrière de granite, transformée en usine le siècle dernier, puis devenue friche industrielle remplie de graffitis, au bord de la Loire, dans le bas du quartier Chantenay. Ces dernières années, la mairie investit des millions pour rendre cet endroit «attractif», c’est-à-dire rentable. Pour y arriver, l’idée est d’y implanter un énorme projet touristique : «l’arbre aux hérons».

Depuis le week-end, un tag gérant est apparu sur la falaise de la carrière. À plus de 15 mètres de haut, l’inscription en blanc proclame : «stop arbre aux hérons». La structure métallique devrait faire 35 m de haut, avec des créatures mécaniques sur le modèle des Machines de l’île. Son coût prévisionnel est estimé à 52,4 millions d’euros, dont les deux tiers financés par la métropole et des acteurs publics, le reste par des mécènes privés. Une somme colossale. Ses concepteurs estiment que «L’Arbre aux hérons sera à Nantes ce que la Tour Eiffel est à Paris».

Au-delà de cette installation, c’est tout un projet urbain qui est contesté. La métropole dit qu’elle n’a pas les moyens de loger les personnes sans abris, mais peut investir des dizaines de millions d’euros dans un projet touristique. Cet «arbre aux hérons» n’est que la pointe avancée de tout un projet de transformation du quartier. Alors que le bas-Chantenay, ancien quartier ouvrier, a su rester assez populaire malgré une gentrification acharnée de la ville de Nantes, le projet servira à «réaménager» toute la zone, avec des dizaines de milliers de mètres carrées de bureaux, de résidences inabordables et de commerce. Une ville «attractive» pour qui ? Les loyers sont déjà hors de prix et des centaines de milliers de nantais et nantaises galèrent déjà pour se loger. C’est une vision de la ville consommable et réservée aux riches qui est contestée.

Par ailleurs, les opposant.e.s à l’arbre aux hérons pointent l’hypocrisie de la ville de Nantes, qui subventionne à coups de millions un projet «culturel» pharaonique mais mène une guerre totale aux formes d’expressions spontanées : les tags et graffitis sont systématiquement effacés, les fêtes de rue réprimées. La culture d’accord, mais si elle est sous le contrôle des autorités. Contre cette vision de la vie et de la ville, il se murmure qu’un carnaval se prépare pour le printemps à Chantenay… À suivre.


Plus d’infos sur la page Facebook du collectif La Commune de Chantenay.

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