À propos du soulèvement corse


«En sept ans, rien n’a avancé, et en sept jours de violences, les choses ont bougé. La violence est nécessaire.»


La police coloniale au milieu d'incendies en Corse

Ce sont les mots d’un manifestant corse, ce dimanche à Bastia. Depuis deux semaines, un soulèvement a lieu sur l’île : des dizaines de policiers ont été blessés, des préfectures, des banques et le palais de justice d’Ajaccio incendiés, des ferry bloqués, des centaines de cocktails Molotov lancés. Un témoin direct de l’émeute Corse de ce dimanche raconte qu’elle dépassait en intensité les actes les plus durs des Gilets Jaunes.

En conséquence, hier, Gérald Darmanin annonçait qu’il se rendait sur l’île ce mercredi pour «ouvrir des discussions» afin d’évoquer l’autonomie de l’île. «Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie» dit le ministre qui, d’habitude, ignore ou pulvérise la moindre contestation. Depuis 2015, les indépendantistes corses jouent le jeu démocratique, font valoir leurs revendication par le dialogue, la concertation ou le vote. Ils sont ignorés. La Corse prend feu ? Le gouvernement réagit immédiatement.

Certes, le Canard Enchaîné révèle que Macron était déjà en train de négocier le rapatriement des détenus indépendantistes sur l’île, en échange d’un soutien de l’exécutif corse «au moins au second tour». Une basse magouille électorale. Mais tout de même. La révolte a clairement précipité les choses.

Quand la Guadeloupe s’est soulevée, cet hiver, contre le Pass Vaccinal, le gouvernement a aussi dû faire des concessions, notamment un recul sur l’application du Pass dans les Antilles. Alors même que les habitant-es des Outre-Mers sont systématiquement méprisé-es en temps normal.

De même, 20 ans de défilés syndicaux gentils et organisés n’auront pas fait bouger d’un centimètre les gouvernements successifs qui saccagent les droits sociaux. Alors qu’il aura suffit de trois «Actes» Gilets Jaunes, de barricades, de blocages et d’émeutes, pour que Macron apparaisse livide à la télévision pour faire des concession et supplier l’ouverture d’un «dialogue». Les Gilets Jaunes n’ont été contenus que de justesse par une répression militarisée d’une ampleur inédite, mais il s’en est fallu de peu pour obtenir beaucoup plus.

En Corse, en Guadeloupe ou sur les ronds-points, le pouvoir ne comprend que la force. Il méprise infiniment les piteuses demandes de négociations, qui sont des aveux d’échec avant même de combattre. Il rit face aux protestations encadrées. Il ne regarde même pas les «journées» de grève sages, isolées et sans perspectives. Malheureusement, ces gens sont en guerre, adeptes du passage en force, et ne comprennent que ce langage.

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