Après 37 jours de grève de la faim, le militant a perdu 18 kilos
Comment faire pour résister quand on est privé de toute liberté ? C’est le terrible dilemme qu’a dû affronter Florian, alias Libre Flot, ces derniers mois. Le militant vient d’obtenir une sortie de prison, après plus d’un mois de grève de la faim, mettant sa vie en grave danger. Rappel des faits.
Le 8 décembre 2020, la police politique lance un coup de filet : sept personnes présentées comme «membres de mouvance d’ultragauche» sont arrêtées pour «association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste». Répression politique : le dossier est vide et ne repose que sur des présomption des services de renseignement, remplies de conditionnels : un groupe envisagerait de, peut-être, éventuellement, imaginer des actions violentes.
En guise de preuve de «terrorisme» : de l’eau oxygénée et autres produits courants retrouvés sous l’évier de certaines personnes. Pour la police, ils pourraient, peut-être, servir à fabriquer des produits dangereux. C’est mince. Le seul élément réel retenu par la justice est que les inculpés ont des liens avec des réseaux kurdes. Un an plus tard, un seul était encore en détention préventive : Libre Flot qui a combattu Daesh sur le terrain, et mis sa vie en jeu au Rojava. Non seulement il n’a jamais été félicité pour son courage, mais il a subi une justice d’exception.
Derrière les barreaux, Libre Flot subit une torture carcérale : isolement total. La solitude 24h/24. Aucun contact humain. Les rares sorties dans une minuscule cour isolée du monde. Alors que l’enquête n’avance pas, la justice le maintient en détention.
Se sentant basculer, Libre Flot lance ses forces dans un combat ultime : une grève de la faim. Il tient bon, mais perd énormément de poids et de force. Le 24 mars dernier, face à la dégradation de son état de santé, son isolement est levé pour un transfert vers l’hôpital pénitentiaire de Fresnes. Mais il continue sa grève, le militant réclame sa «mise en liberté en attendant de démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation». Le 27 février, Libre Flot pesait 63 kilos. Ces derniers jours, il n’en faisait pas plus de 45 et devait se déplacer en fauteuil roulant. Son avocate explique alors : «Je l’ai vu, c’était bouleversant. Il est extrêmement faible. Son état de santé se dégrade cruellement. Il gardera sans doute des séquelles toute sa vie».
Face à son état de santé qui se détériore de jour en jour, le juge d’instruction accepte finalement sa demande de mise en liberté pour raisons médicales. Mardi soir, Libre Flot a mis un terme à sa grève de la faim. Il est à présent dans un service de renutrition, à l’hôpital. «Nous sommes heureux» disent les avocats de Libre Flot, Coline Bouillon et Raphaël Kempf. Il était moins une. Florian doit désormais rester sous bracelet électronique avec un contrôle judiciaire strict, dans l’attente de son procès. Loin d’être le rêve, mais bien moins pire que le régime spécial de torture carcérale qu’il subissait.
Cette affaire démontre l’arbitraire du système judiciaire et l’acharnement – jusqu’aux limites de la mort ! – dont fait preuve l’État français pour briser les opposants politiques. La détermination et le courage de Libre Flot lui ont permis de desserrer les griffes de la répression qui cherchaient à le broyer. Du courage, il en faudra encore pour la suite de cette lamentable procédure judiciaire.