Tirs policiers en série : bienvenue au Far West


Ces derniers jours on observe une multiplication des tirs de la part des cowboys en uniforme


22 JUIN, TOULOUSE

Anaïs a 26 ans, elle habite dans le quartier de Bagatelle dans la ville rose. Mercredi midi, sa porte s’ouvre, elle entend «police». Des agents de la BAC débarquent pour une perquisition. Son chien se faufile entre les agents. «Il n’a pas grogné, pas aboyé. J’ai entendu des tirs. Je suis restée là, tétanisée». Les policiers n’ont eu aucun complexe à dégainer et tirer dans un immeuble. Anaïs saigne. Sur le coup, elle n’a pas senti l’impact. Elle a une balle de 9 mm dans le pied droit. Une balle qui a touché son nerf. Elle gardera peut-être des séquelles. Que cherchaient les policiers ? «Je ne sais pas pourquoi ils étaient là. Ils ont tout retourné». Sans rien trouver.

24 JUIN, CARCASSONNE

Des cris, deux policiers à la poursuite d’un homme qui tombe à terre et un renfort qui arrive très vite. Deux policiers disent avoir tiré sur un «chauffard» qui avait refusé d’obtempérer, en plein centre ville de Carcassonne. Pourtant, les images sont claires : les policiers tirent sur un homme qui court, de dos, qui n’est plus dans la voiture. Cela ressemble à une exécution sommaire. Le tireur, soutenu par le syndicat Alliance plaide la légitime défense. Quant à la victime, qualifiée de «suspect» dans la presse, elle est toujours hospitalisée et placée dans le coma.

8 JUIN, MONTÉLIMAR

Lors d’une patrouille, un policier municipal a sorti son arme de service et visé le conducteur qui refusait de sortir de son véhicule et payer une amende de stationnement. Un geste « peut-être un peu disproportionné » selon une source de la police nationale explique France Info. Peut-être…

? VIENNE, 5 JUIN

Dans la nuit, des policiers veulent contrôler un automobiliste mal garé dans le centre-ville. La voiture démarre. Au volant, un mineur de 14 ans. Les tireurs disent qu’il leur a «foncé» dessus. Ils tirent. L’adolescent est arrêté et placé en garde à vue pour «recel, refus d’obtempérer et tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique».

22 JUIN, HEM

La police est alertée de la présence d’un homme «menaçant». En voiture, il refuse obtempérer. Les policiers disent qu’il «est parti en marche arrière, projetant un des policiers» et «percutant des véhicules». Les agents tirent. Le suspect prend tout de même la fuite. Son état de santé n’est pas connu, dit la Voix du Nord.


En 2017, le Parti Socialiste – aujourd’hui membre de la NUPES – votait une loi «élargissant» pour les policiers le permis de tirer. Deux ans plus tôt, les agents étaient autorisés à conserver leurs armes de service en permanence, au nom de l’antiterrorisme. En 2021, Macron permettait même aux policiers d’avoir leurs armes dans l’espace public en dehors du service. En conséquence, le nombre de tirs à balles réelles à explosé. Dès 2019, l’IGPN évoquait une augmentation de 50%. Ces derniers mois, des tirs pour «refus d’obtempérer» ont lieu quasiment chaque semaine. Et le nombre de morts lors d’interventions de police augmente lui aussi brutalement.

Est-ce dû à une augmentation du danger, comme le prétendent les défenseurs de la répression ? Même pas. Le nombre d’agents morts en exercice n’a pas cessé de baisser. Les spécialistes estiment que «sur 30 ans, le risque de décès pour un policier a été divisé par 3», passant de plus de 30 par an dans les années 1980 et 1990 à une dizaine, voire moins aujourd’hui. C’est bien la militarisation de la police qui augmente.

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