Ukraine : la plus grande centrale nucléaire d’Europe encore touchée par des tirs


«L’humanité n’est qu’à une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire» selon l’ONU


La centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine

6 août 2022. L’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, sous le contrôle des forces russes, est brutalement arrêté après des tirs de roquettes. Il s’agit de la plus grande centrale d’Europe. «Le système de protection d’urgence s’est déclenché sur l’un des trois réacteurs en état de marche, qui s’est éteint». Les tirs ont «gravement endommagé» une station renfermant de l’azote et de l’oxygène et un «bâtiment auxiliaire». «Il existe toujours des risques de fuite d’hydrogène et de substances radioactives, et le risque d’incendie est également élevé» annonce la compagnie ukrainienne de l’énergie atomique. Cet événement, très préoccupant, n’est que le dernier d’une trop longue série.

➡️ Février 2022, les colonnes de blindés de Poutine entrent en Ukraine et visent immédiatement les lieux les plus sensibles. Le 24 février, l’armée russe prend le contrôle de Tchernobyl, secteur hautement irradié, emblématique du danger nucléaire depuis l’explosion d’un réacteur en avril 1986. Les russes retiennent, sous la menace, 200 ingénieurs et travailleurs ukrainiens sur place, chargés d’assurer la sécurité du site.

➡️ Peu après, des tirs et des détonations résonnent à Zaporijia. Une partie du bâtiment prend feu après l’explosion d’une bombe, un laboratoire scientifique. Des combats armés et des obus au milieu d’une centrale : une scène alors sans précédent. Une docteure en physique nucléaire parle d’une menace «sans commune mesure» par rapport à Hiroshima.

➡️ 9 mars 2022, la centrale de Tchernobyl est privée d’alimentation en électricité. Des tonnes de combustibles nucléaires ont besoin d’être refroidis en permanence, sous peine de provoquer un nouvel accident majeur. Le courant est rétabli après quelques heures d’inquiétude mondiale.

➡️ Fin mars, les soldats russes quittent Tchernobyl, gravement empoisonnés par les radiations. Au cœur de la zone se trouve une «forêt rousse», interdite d’accès depuis 36 ans. Rousse parce que la radioactivité a anéanti la chlorophylle qui donne leur couleur verte aux pins. Pendant des semaines, les soldats y ont creusé des tranchées et monté des fortifications, remué le sol radioactif, soulevé des poussières avec leurs blindés. Au même moment, sur les télévisions d’État russes, Poutine menace d’utiliser l’arme nucléaire et des simulations de tirs sur Paris, Londres ou Berlin sont diffusées à l’antenne.

➡️ Quelques semaines avant l’élection présidentielle, Emmanuel Macron en campagne annonce qu’il veut construire six nouvelles centrales nucléaires en France à court terme et en projette huit supplémentaires d’ici 2050. Il souhaite «prolonger tous les réacteurs qui peuvent l’être» au-delà de 50 ans, alors que leur durée de vie initiale était de 40 ans maximum. La quasi totalité des autres candidats est alignée sur le dogme du tout nucléaire.

➡️ Depuis l’invasion de l’Ukraine, des organismes comme Greenpeace tirent la sonnette d’alarme estimant que «la sécurité des centrales nucléaires est sévèrement compromise par la guerre». L’organisation ajoute : «alors que le réseau électrique est actuellement perturbé dans le pays, la stabilité des réacteurs et des piscines de stockage des combustibles usés est dépendante du bon fonctionnement des systèmes de refroidissement électriques.» Face à l’escalade des tensions, de Taïwan à l’Ukraine, le président de l’ONU estime fin juillet 2022 que l’humanité n’est «qu’à un malentendu, à une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire». Un incident majeur dans la centrale de Zaporijia, c’est l’équivalent de 10 Tchernobyl d’un seul coup.

Le nucléaire représente un danger absolu, largement amplifié en période de tensions géopolitiques. Comme la France, l’Ukraine est un pays fortement nucléarisé. Et si demain, par malheur, un conflit éclatait sur notre sol ? Les centrales et leurs déchets doivent être surveillés et refroidis pendant des années, et continuent d’être dangereux pendant des dizaines de milliers d’années. Qui peut prétendre certifier qu’aucune tension n’aura lieu à proximité des centrales françaises qui se trouvent sur tout le territoire, ne serait-ce que dans les 50 ans qui viennent ? Alors que Macron veut intensifier la production nucléaire en France, le conflit ukrainien nous rappelle trois évidences pour la sauvegarde pure et simple de l’humanité :

  • Stopper la guerre au plus vite et organiser la désescalade mondiale
  • Démilitariser les États au plus vite, en commençant par l’arsenal nucléaire
  • Sortir du nucléaire au plus vite, qu’il soit civil ou militaire
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