Énergie : solaire, nucléaire, décroissance ?


Cet été la production photovoltaïque allemande a dépassé le nucléaire français


Le photovoltaïque allemand produit plus que l’ensemble du parc nucléaire français, c’est ce qu’on apprend dans un article du site d’information indépendant Reporterre. Entre les nécessités de maintenance, des effets de corrosion qui n’étaient pas prévus, un certain nombre de centrales nucléaires sont régulièrement à l’arrêt. À la vétusté du parc nucléaire français s’ajoutent les dégâts du productivisme : canicules et sécheresses obligent EDF à réduire sa production dans certaines centrales, et même de suspendre la production dans celle du Tricastin (Drôme).

Au total c’est la moitié du parc nucléaire français qui ne produit pas d’électricité en ce moment. Dans le même temps, en Allemagne, les installations solaires «en très grande majorité la propriété de particuliers, de coopératives citoyennes, ou de collectivités locales, produisaient plus d’électricité que l’ensemble de la puissance nucléaire disponible en France (29 GW)». Bien entendu la météo de cet été est favorable à la production d’énergie solaire, et on connaît son caractère intermittent, mais l’article souligne sa complémentarité avec l’éolien qui, à l’inverse, «est plus importante en soirée et dans la nuit et [qui] croît avec le mauvais temps, cette complémentarité entre solaire et éolien palliant en partie leur intermittence journalière et saisonnière.» Le mythe de la productivité imbattable du nucléaire est mort.

Alors qu’en Allemagne la production photovoltaïque est déjà de 60GW, l’équivalent de 60 centrales nucléaires, leur objectif est de 200GW en 2030, et tout indique qu’ils y parviendront. En France, on nous fait encore miroiter un avenir dans l’atome, malgré tous les dangers qu’il génère (vous pouvez lire le dossier sur le nucléaire parut dans le dernier numéro de notre revue). De Fabien Roussel à Marlène Schiappa l’amicale du nucléaire continue de déverser son flot de propagande, bien soutenue par les médias appartenant à des milliardaires, comme cet article du mois d’août de l’Express «le nucléaire, ce projet national qui peut fédérer les Français».
En tête de file, celui qui se décrit comme un «sale capitaliste», le président du Shift Project, think-tank financé par Bouygues, Vinci, BNP et j’en passe, le fameux Jean-Marc Jancovici. L’individu est en croisade pour défendre l’énergie atomique et se répand partout où il peut : internet, télé, radio, conférences… Son profil n’est pas isolé, un bon nombre de personnes se disant préoccupées par le changement climatique se mettent à faire la promotion du nucléaire. Par exemple Zion Lights, ancienne porte parole d’Extinction Rebellion, milite désormais pour la création d’une nouvelle centrale en Angleterre. Au final, énergie nucléaire ou solaire, le carbone est loin d’être notre seul problème en matière environnementale.

Pour finir, la meilleure piste est juste de tirer le frein d’urgence du capital : la décroissance. Diminuer la consommation plutôt que d’imaginer des solutions pour consommer plus. Il y a des techniques simples, peu chères et réalisables immédiatement pour y arriver. La peinture blanche sur le toit des bâtiments peut réduire la température d’un toit jusqu’à 30 degrés, et donc faire chuter la température intérieure d’un bâtiment d’environ 7 degrés. Moins de climatisation en été ! Dans le même ordre d’idée, un arbre dans une rue équivaut à 10 climatiseurs. Végétaliser les villes, c’est réduire les effets des canicules. Dans un boulevard planté d’arbres, la température peut être inférieure de 5 à 8 degrés par rapport à un boulevard sans végétation, au soleil. Il est aussi très simple d’en finir avec les panneaux publicitaires et les enseignes allumées la nuit. Mais les mairies font l’inverse en encourageant de nouveaux écrans publicitaires animés dans les rues, des gadgets ultra-gourmands en électricité. Il est tout aussi urgent d’interdire les cryptomonnaies : la «fabrication» des bitcoins a nécessité en 2020 environ 120 térawattheures (TWh) d’électricité, soit 4 fois plus qu’il y a seulement 3 ans. Cela équivaut à la consommation annuelle d’un pays comme l’Argentine ou les Pays-Bas !

Sortons du nucléaire et finissons-en avec le productivisme, c’est la solution la plus simple et rationnelle. Seule la mise au pas du capitalisme et une bifurcation vers une plus grande sobriété pourra permettre à l’humain d’habiter encore cette planète. Les discours qui veulent ménager le climat et le capital ne défendent que le second au détriment du premier.

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