La guerre est une menace majeure pour l’environnement
Lundi 26 septembre, le conflit qui oppose la Russie aux puissances occidentales après l’attaque de l’Ukraine a franchi un cap supplémentaire. Les pipelines de l’infrastructure Nord Stream, qui acheminent le gaz russe en Europe, ont été sabotés : des explosifs sous-marins ont fait sauter le gazoduc au large d’une île danoise en mer Baltique. Pendant des jours, la mer a bouillonné, agitée par les tonnes de méthane qui s’échappaient sous l’eau. Ce genre de sabotage en eau profonde est extrêmement complexe sinon impossible à réparer. 5 jours plus tard, le porte parole de Nord Stream constatait que «la pression de l’eau a plus ou moins fermé le gazoduc, de sorte que le gaz qui est à l’intérieur ne peut pas sortir».
Une quantité phénoménale de méthane, puissant gaz à effet de serre, s’est donc échappée brutalement dans l’atmosphère. Sa quantité serait proche de celle d’une année entière pour une ville de la taille de Paris ou d’un pays comme le Danemark, estime un physicien britannique. Le nuage de méthane s’est d’abord répandu au dessus de la Scandinavie, avant de traverser l’Europe vers le Sud. Il se dirigerait vers l’Italie, selon des scientifiques qui ont modélisé sa trajectoire.
Le physicien Piers Forster ajoutait : «Cette fuite de méthane va produire un effet de réchauffement à court terme très important sur le climat, équivalent à environ 30 fois l’effet de réchauffement qu’il aurait eu s’il avait été brûlé dans nos maisons et notre industrie pour produire du dioxyde de carbone».
Pour le climatologue Zeke Hausfather, ces émissions potentielles pourraient correspondre «aux émissions annuelles de 1,4 million de voitures» d’un coup, ajoutant que «cela crée de l’ozone et de la pollution de l’air, ce qui est nocif». Cette pollution représente la plus grande fuite de l’histoire, bien qu’elle soit mineure au regard de ce que génère chaque année le capitalisme mondial.
Il n’en reste pas moins que cet épisode lamentable est une étape supplémentaire de l’escalade vers une nouvelle guerre mondiale. Il rappelle surtout que les guerres humaines sont un désastre pour notre écosystème :
- Après les deux guerres mondiales, des quantités énormes de bombes non-utilisées ont été jetées dans la mer. En France, 62 décharges maritimes d’armes ont été recensées le long de la Manche et des côtes Atlantique. En mer du Nord, on estime que 300.000 tonnes d’armes, dont des obus chimiques, sont immergées, parfois près des côtes. Les munitions rouillent depuis des décennies, et leur enveloppe pourrait relâcher prochainement leur contenu dangereux. Des scientifiques parlent d’un risque d’élimination de toute la vie sous-marine dans ces zones.
- La guerre, c’est un massacre d’espèces vivantes. Durant la guerre de 14-18, ce sont des dizaines de millions d’animaux à avoir souffert et péri. On estime que 11,7 millions d’équidés français, russes, allemands ou anglais, 76.000 chiens, 180.000 pigeons voyageurs et beaucoup d’autres animaux sont morts lors de cette guerre. Sans doute plus que de soldats, sans compter les espèces sauvages. La ville de Montreuil a d’ailleurs consacré une plaque en hommage aux animaux tués durant le conflit.
- Des milliers de navires coulés avec leur cargaison militaire pourrissent dans les eaux du globe. Plus inquiétant encore, des sous-marins nucléaires. On estime que huit à neuf sous-marins nucléaires ont coulé ces dernières décennies et reposent au fond de l’Océan avec leurs ogives atomiques.
La guerre, c’est aussi une débauche de consommation d’énergie pour produire des armes, des destructions, des feux d’usines et de dépôts pétroliers… Le capitalisme de guerre est une menace pour l’humanité mais aussi pour notre environnement tout entier et ses espèces vivantes.