Ukraine : l’escalade continue


Alors que le conflit dure depuis plus de 15 mois et a causé la mort de centaines de milliers de personnes, l’escalade militaire continue et risque d’embraser la planète.


Le nuage de l'explosion d'un dépôt d'armes en Ukraine

Uranium appauvri

La Grande Bretagne annonce la livraison de munitions supplémentaires à l’armée ukrainienne : des obus à l’uranium appauvri. Une étape supplémentaire vers la guerre mondiale, mais c’est le camp des gentil, donc tout va bien. Certains médias minimisent même l’usage de ces armes.

L’uranium appauvri est un métal très dense qui permet de percer des blindages. De telles armes, lorsqu’elles explosent, provoquent aussi un nuage de petits fragments, une sorte de poussière radioactive et toxique. Euronews explique que ces rejets constituent «un danger tant pour l’équipage du véhicule touché, car la poussière peut pénétrer dans les poumons et le tube digestif, que pour les civils, car elle peut s’infiltrer dans le sol et l’eau».

Le camp occidental a déjà utilisé des armes à l’uranium appauvri. Notamment lors de la guerre des Balkans ou en Irak. Après le conflit en ex-Yougoslavie, des soldats issus de plusieurs pays européens avaient eu des leucémies. Dans le contingent belge, cinq militaires sont décédés subitement. Un soldat italien est aussi décédé d’un cancer attribué à l’uranium appauvri après une opération en Somalie. En Irak, l’armée US a utilisé d’énormes quantités de ces munitions, à la fois en 1991 et en 2003, avec d’importantes conséquences pour les populations civiles, notamment des malformations ou des leucémies. Sans compter les impacts environnementaux.

Explosion d’un dépôt de munitions

Peu après cette annonce de livraison d’armes, une série d’explosions étaient filmée près de la ville de Khmelnytskyi en Ukraine. Des images très impressionnantes, avec plusieurs détonations et un nuage de fumée en forme de champignon montant haut dans le ciel. C’était le samedi 13 mai.

La RTBF a mené une importante enquête. Il s’agit d’un ancien dépôt de munitions soviétiques, à 10 kilomètres du centre de la ville. L’armée russe annonce «qu’un dépôt de munitions des forces armées de l’Ukraine a été détruit près de la ville de Khmelnytskyi» et évoque un «lieu de stockage de munitions, d’armes et de matériel militaire reçus des pays occidentaux». Les autorités ukrainiennes ont confirmé des frappes ayant touché des «infrastructures critiques», sans en dire plus…

S’agit-il des armes fournies par les pays de l’OTAN ? La livraison de munitions à uranium appauvri s’y trouvaient-elles ? C’est l’inquiétude évoquée par de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, sans confirmation pour l’instant.

Tirs autour d’une centrale nucléaire

Ce lundi 22 mai, des bombardements ont encore eu lieu autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’armée russe dans le sud de l’Ukraine. Il s’agit du plus grand complexe nucléaire d’Europe, théâtre régulier d’affrontements et de tirs totalement irresponsables par les deux camps.

Ce lundi, la centrale a été de nouveau coupée du réseau électrique. Un incident très dangereux, car la centrale a besoin d’énergie en continu pour pouvoir refroidir ses réacteurs. Cela rappelle l’extrême dangerosité de cette industrie : même à l’arrêt, comme c’est le cas à Zaporijjia, une centrale a besoin de surveillance et de refroidissement constant pendant une durée indéterminée, au risque de provoquer un incident majeur.

«L’échauffement du cœur des réacteurs conduirait, dans des délais estimés de l’ordre d’une dizaine de jours (…) à la fusion du cœur, entraînant des rejets radioactifs dans l’environnement» explique l’Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire. «Un accident avec des conséquences radioactives pour la planète entière pourrait avoir lieu» a averti lundi Energoatom, l’entreprise ukrainienne qui gère le parc nucléaire du pays.

C’est la septième fois que cet immense complexe nucléaire est coupé du réseau électrique depuis sa prise par l’armée russe en mars 2022. Des obus ont même explosé sur un bâtiment de la centrale. Faut-il attendre un cataclysme ? La communauté internationale a été incapable de créer une zone sécurisée autour de cette infrastructure qui présente un danger pour le monde entier.

La fuite en avant militariste semble sans fin, et aucune des parties n’amorce de processus de désescalade. Au contraire. Quant à la gauche française et européenne, elle semble totalement incapable de s’exprimer sur ce conflit mondial qui monte inexorablement à l’Est de l’Europe, ni même d’avoir le moindre discours critique sur la situation. La montée des nationalismes s’accompagne en effet d’invectives envers toute personne critiquant les positions de l’OTAN, et la gauche antimilitariste préfère trop souvent se taire plutôt que risquer d’être taxée de « pro-poutine ». Un manque de courage honteux quand on meurt de l’autre côté de l’Europe.


Sources :

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