Il y a 6 ans : l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes


Hommage à la ZAD : retour en images d’une lutte qui a façonné l’histoire de Nantes et ses alentours


C’était il y a six ans. Le 17 janvier 2018. Macron annonçait l’abandon du projet destructeur d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

C’était l’aboutissement de 50 ans de lutte. De 10 ans d’occupation de la zone. De manifestations mémorables rassemblant des dizaines de milliers de personnes – paysans, urbains, occupants, jeunes et moins jeunes, émeutiers ou pas – dans les rues de Nantes ou les sentiers de Notre-Dame-des-Landes.

L’aboutissement d’années de combats, de rires et de pleurs. De batailles rangées dans le bocage et de journées de reconstruction dans la boue. Le périphérique de Nantes bloqué par une foule immense. Des rencontres et des nuits de fête. Des dizaines de comités locaux et de longs débats.

Cet abandon il y a six ans, c’était la première concession arrachée par une lutte depuis très longtemps. Et depuis, il faut bien reconnaître qu’il est terriblement difficile de faire reculer le pouvoir autoritaire qui gouverne la France.

Cet abandon, c’était aussi un message : ce ne sont pas toujours les multinationales et leurs flics qui l’emportent à la fin. Dans la région nantaise, c’était la troisième victoire d’une lutte de territoire, après le retrait de deux projets de centrales nucléaires au Pellerin et au Carnet, dans les années 70 et 90. Et ce n’était pas la dernière bataille remportée : depuis, un projet de centre Amazon au sud de Nantes et l’extension d’une carrière Lafarge, ou encore un projet de Surf Park ont été abandonnés en Loire-Atlantique grâce aux résistances locales. C’est donc un territoire en lutte, fort de réseaux tissés au fil des années, qui fait trembler les aménageurs.

Après l’abandon du projet, le solide mouvement a connu des turbulences, des rivalités et des conflits inextricables ont éclaté sur la ZAD. Certains occupants sont partis. D’autres sont restés. D’autres, enfin, ont été délogés par une nouvelle vague d’expulsions. Car dès le printemps 2018, Macron s’est vengé. Des milliers de gendarmes, des drones, des hélicoptères et des bulldozers sont envoyés sur la zone. Plus de 13.000 grenades tirées en quelques jours et la main d’un jeune homme arrachée. Pour la première fois depuis des décennies en France métropolitaine, des blindés militaires étaient envoyés contre des opposants. Ils seront réutilisés plus tard pendant les Gilets Jaunes et dans les banlieues.

Cette vague d’expulsions destructrice a laissé des traces indélébiles. Des dizaines de maisons détruites, des centaines de personnes blessées, des peines de prison. Si l’aéroport est aujourd’hui abandonné, son monde mortifère règne encore. Mais il reste, dans le bocage sauvé du béton, un espace qui cultive, qui nourrit les luttes, qui accueille, qui expérimente.

Hier, le 17 janvier 2024, pour l’anniversaire de l’abandon de l’aéroport, des habitants et habitantes organisaient une chaleureuse fête, comme chaque année, avec de la musique, un repas chaud et des retrouvailles amicales. De cette lutte a germé un immense mouvement écologiste, Les Soulèvements de la Terre, qui fait trembler le pouvoir et remporte de nombreuses batailles.

Retour en images sur une lutte qui a façonné l’histoire de Nantes et bien au-delà.

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