En pleine colère agricole, l’Union Européenne vote sur deux accords de libre-échange


Nouvelle provocation néolibérale contre les paysans


Le 22 novembre 2023, le Parlement Européen validait un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande. Celui-ci prévoit de faciliter les «échanges commerciaux» entre l’Europe et cette île située à 20.000 kilomètres de la France. Ce jeudi 29 février deux nouveaux accords de libre échange sur les produits agricoles avec le Chili et le Kenya sont examinés. Pendant que les agriculteurs crient leur colère, l’Union Européenne les met en concurrence avec le reste du monde.

L’accord voté en novembre avec la Nouvelle-Zélande était déjà une aberration sur tous les plans. S’agissait-il d’importer des produits très spécifiques qu’on ne peut pas produire ici ? Pas du tout. Il a supprimé les droits de douanes sur les oignons, les pommes, le poisson, le vin, le lait et la viande de Nouvelle-Zélande. En clair, il crée une concurrence entre les agriculteurs européens et néo-zélandais, sachant que ce pays est le premier producteur mondial de lait. Et il va sans dire qu’importer à 20.000 kilomètres des produits agricoles que l’on fabrique ici est une catastrophe écologique.

Ce jeudi 29 février, les parlementaires européens se prononcent donc sur deux nouveaux accords, avec le Chili et le Kenya cette fois-ci. Des propositions fortement soutenues par la France. S’ils sont validés, ils vont à la fois contribuer à augmenter l’importation de produits agricoles ayant parcouru des milliers de kilomètres et continuer à tirer les prix vers le bas par un renforcement de la concurrence internationale.

L’accord entre l’Union Européenne et le Chili prévoir d’augmenter les quotas d’importation sans droit de douane pour des milliers de tonnes de porc, de bœuf ou de volaille, alors que la France en produit déjà suffisamment pour nourrir sa population et pour en vendre à l’extérieur.

Il autorise aussi des quotas d’importation de fruits, d’huile et l’achat sans limite de pommes, kiwis, de miel, qui vont traverser l’océan pour être vendus en France, en concurrence avec les producteurs locaux. C’est d’ailleurs une concurrence déloyale, puisque le projet d’accord n’oblige pas les produits agricoles chiliens à être alignés sur la législation qui encadre la production européenne !

Ce sont donc de mauvais produits, moins chers, venus de l’autre bout du monde, qui feront face à des produits locaux.

En 2022, la France a pourtant déjà exporté 84,1 milliards d’euros de produits agricoles et agro-alimentaires. Nous produisons ici même trop de nourriture, parfois dans de mauvaises conditions, et sans rémunérer correctement les agriculteurs. Quel est le besoin d’en importer de l’autre côté de l’Atlantique ? Cela ne servira qu’à tirer les prix vers le bas et faire disparaître les producteurs les moins «compétitifs».

Quant à l’accord entre l’Union Européenne et le Kenya, il est néfaste ici même, mais aussi criminel pour les agriculteurs kényans. En permettant d’exporter des fleurs et des fruits à bas coût vers l’Europe, cela empêchera le Kenya, ainsi que ses pays voisins, de protéger leurs producteurs en leur garantissant des prix et des revenus décents. C’est le libre échange qui tue depuis plusieurs décennies les paysans des pays du Sud, qui se retrouvent mis en concurrence avec l’énorme industrie agro-alimentaire des pays du Nord, qui compresse les coûts et produit de grandes quantités.


Désastreux sur le plan écologique, dangereux pour les paysans, les députés européens macronistes et lepénistes voteront-ils pour ces accords en pleine colère agricole ?


Source : https://reporterre.net/En-pleine-crise-agricole-la-France-soutient-deux-nouveaux-accords-de-libre-echange

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