David contre Goliath : le procès d’une victime de l’agent orange contre les géants de l’industrie agrochimique


Parmi les grands crimes contre l’humanité impunis du XXème siècle, on trouve la guerre coloniale des USA au Vietnam.


Un avion américain pulvérise de l'agent orange sur le Vietnam

La puissance impérialiste tout entière mise en œuvre pour soumettre le peuple vietnamien : un tapis de bombe d’une intensité inégalée, des déluges de Napalm brûlant tout, végétations, animaux et humains, des modifications du climat pour noyer les routes, mais aussi l’usage massif de produits chimiques toxique sur les forêts. L’armée américaine a même sérieusement envisagé d’envoyer des bombes nucléaires sur le pays !

Le bilan à la fin de l’invasion US était effroyable : 1,7 million de morts, trois millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Mais les conséquences de cette guerre ne se sont jamais arrêtées, car les produits déversés par les USA continuent d’empoisonner des générations d’enfants.

Le 10 août est la journée de commémoration des millions de victimes de l’agent orange-dioxine, puissant défoliant mis au point par l’industrie agrochimique américaine. Aujourd’hui 22 août, c’est pourtant l’une de ces victimes qui s’est vue déboutée par la Cour d’appel de Paris, jugeant irrecevable l’appel de Tran To Nga. Sur le banc des accusés, des poids lourds de l’industrie agrochimique comme Dow Chemical ou Bayer-Monsanto, habitués des procès. Rappelons qu’à l’heure actuelle, Bayer-Monsanto est impliqué dans pas moins de 40.000 procès à travers le monde.

Tran To Nga a 24 ans en 1966. Elle est alors journaliste et résistante, et couvre la guerre impérialiste que les États-Unis ont lancé au Vietnam. Comme des millions de Vietnamiens, mais aussi de Laotiens et de Cambodgiens, elle subit l’épandage de l’agent orange-dioxine, dont les États-Unis font usage en masse – environ 100 millions de litres seront déversés entre 1961 et 1971 – afin de détruire les forêts dans lesquels les combattants et les combattantes se cachent, et les affamer. 20% des forêts du sud du Vietnam sont détruites. Aujourd’hui encore les zones touchées sont toujours contaminées. Il s’agit sans doute du premier écocide délibéré de l’histoire.

On estime aujourd’hui à 5 millions le nombre de personnes contaminées par l’agent orange. La perversité de ses effets est qu’ils se transmettent de génération en génération, avec des conséquences terribles sur les enfants qui naissent aujourd’hui. Depuis la fin des années 1960, des bébés naissent sans bras ou sans jambes, avec de graves malformations cardiaques ou des handicaps mentaux lourds. De nombreuses photos prises dans les hôpitaux vietnamiens et rapports médicaux en témoignent. Il en est ainsi pour les enfants de Tran To Nga, dont la première fille est décédée à 17 mois d’une malformation cardiaque grave. Ses deux autres filles, ainsi que ses petits-enfants souffrent également de graves pathologies, toutes liées à l’agent orange.

La bataille juridique de Tran To Nga a démarré il y a 10 ans contre l’armada d’avocats de Bayer-Monsanto et compagnie. En 2021, le tribunal judiciaire d’Evry reconnaissait “l’immunité de juridiction”, autrement dit admettait que les industriels n’auraient eu aucune marge de manœuvre et auraient simplement obéi aux ordres de l’État américain. On en connaît d’autres qui ont tenté de nier leur participation à un crime contre l’humanité sous le fallacieux prétexte de “l’obéissance aux ordres”…

Si ces entreprises étaient vierges de tout soupçon, pourquoi auraient-elles accepté de dédommager des vétérans américains également touchés par l’agent orange ? Le deux poids deux mesures entre les victimes des pays occidentaux et les victimes des autres pays est criant. William Bourdon, l’un des avocats de Tran To Nga, indiquait de son côté : “la dioxine n’est pas le fruit d’une contrainte, mais du zèle des laboratoires pour plaire à l’administration du Pentagone”. En effet, la toxicité de l’agent orange était connue depuis 1957. Pire, la dioxine aurait été volontairement surdosée par les fabricants accusés, pour provoquer le maximum de dégâts.


Aujourd’hui, la Cour d’appel de Paris a donc confirmé l’impunité des géants de l’agrochimie, mais Tran To Nga ne compte pas s’arrêter là et va faire appel de la décision.


Pour aller plus loin, suivez le Collectif Vietnam Dioxine de Tran To Nga.

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2 réflexions au sujet de « David contre Goliath : le procès d’une victime de l’agent orange contre les géants de l’industrie agrochimique »

  1. Goliath c’est le fou la merde mondial, le content de lui de bourgeois États Unien et David c’est Tsan To Nga, qui a la manière d’un bulldozer repousse toute la merde du Géant Américain avec la volonté de lui mettre le nez dedans.

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