26 activistes pacifistes de “Just Stop Oil” en prison en Angleterre à l’heure actuelle
Le verdict est tombé vendredi 27 septembre : Phoebe Plummer et Anna Holland, les deux militantes du collectif Just stop oil sont condamnées. L’une à deux ans, l’autre à 20 mois de prison ferme. Deux années de privation de liberté pour avoir lancé de la soupe sur un tableau protégé par une vitre afin d’alerter sur la nécessité de sortir des énergies fossiles face à la catastrophe climatique en cours. Quelques heures après leur condamnation, des activistes du même collectif ont reproduit la même action, en aspergeant de nouveau le tableau de soupe, en signe de protestation contre le verdict. La justice va-t-elle les enfermer à leur tour ?
Le Royaume-Uni est devenu le pire pays d’Europe pour la répression judiciaire des militantes et militants du climat, selon le rapporteur spécial de l’ONU Michel Forst. Déjà en juillet, cinq membres du collectif Just stop oil avaient été condamnés à des peines de prison ferme allant de 4 à 5 ans – la peine la plus lourde pour le fondateur de l’organisation, Roger Hallam, pour le blocage d’une autoroute en 2022. Il s’agissait des plus lourdes peines jamais prononcées contre des militants et militantes pacifistes.
Michel Forst avait réagit en disant que ces peines devaient “tous nous mettre en alerte sur l’état des droits et libertés civiques au Royaume-Uni”. 120 activistes pour le climat ont déjà été arrêté-es au Royaume-Uni. Dans le même temps le juge Hehir, ayant condamné les activistes en juillet ainsi que Phoebe Plummer et Anna Holland, condamnait un pédophile reconnu coupable de viol sur un mineur de 13 ans à… un an de prison. Deux poids, deux mesures, vous avez dit ? Une certaine vision de la justice. Être plus sévère contre un jet de soupe qui aurait pu abîmer un tableau mais ne l’a pas fait que contre un viol d’enfant, voilà qui illustre l’état de la justice en Angleterre.
Depuis quelques années le gouvernement britannique a légiféré avec une dureté croissante afin de mettre aux pas les militants et militantes. En 2022, avec le “Police, Crime, Sentencing and Courts Act 2022”, puis en 2023 avec le “Public Order Act”, des lois qui franchissaient de nouvelles étapes. Désormais sont punissables toutes les actions étant «un obstacle plus que mineur aux activités quotidiennes». La définition, plus que vague, permet tous les abus. Les peines sont lourdes : un an pour des actions de blocage de route, 6 mois pour des personnes s’attachant à du matériel ou à d’autres personnes, et des amendes illimitées.
Des actions donc sans aucune “violence” ni même dégradations matérielles, des perturbations ne mettant absolument rien ni personne en danger. Un minuscule grain de sable dans le rouleau compresseur capitaliste. Le «Public Order Act» permet en outre l’arrestation préventive de toute personne suspectée de «préparer» ces troubles mineurs. La police n’avait pas tardé à utiliser ses nouvelles prérogatives pour procéder à l’arrestation préventive de militants et militantes soupçonnées de vouloir perturber la cérémonie de couronnement du nouveau Roi en 2023.
Ces mesures touchent particulièrement les collectifs écologistes pacifistes comme Just Stop Oil et Extinction Rebellion, puisque le contenu de ces lois vise directement les modes d’action de désobéissance civile non violente. En mai 2024, un rapport du conseiller gouvernemental John Woodcock va même plus loin pour “protéger la démocratie de la coercition” – toujours cette inversion du réel : il préconise purement et simplement l’interdiction des collectifs écologistes et pro-palestiniens, l’impossibilité pour ces derniers de levers des fonds et des moyens accrus pour les infiltrer.
À noter que ce Monsieur Woodcock – ancien député passé par la fausse «gauche» travailliste avant de rejoindre la vraie droite, une sorte de Manuel Valls britannique – est membre d’un consortium de fabricants d’armes lié à l’État génocidaire israélien, et a des liens étroits avec des industries d’énergies fossiles telles que Glencore ou Enwell Energies.
Cette escalade répressive fait écho à celle que les activistes rencontrent également en France. Rappelons qu’en mai 2024 à Paris, pas moins de 200 militants et militantes avaient été arrêtées lors du rassemblement devant le siège d’Amundi, premier financeur du pollueur Total énergies, sous des prétextes aussi fallacieux que «terrorisme» ou «rébellion». 196 avaient été libéré-es sans suite, montrant l’arbitraire des arrestations. Ce rassemblement avait donné lieu à une nasse illégale de près de 8h, à des atteintes graves aux droits humains comme l’accès à des sanitaires ou à de l’eau et de la nourriture. 8 ONG ont décidé de porter plainte auprès de l’ONU.
En France, si la répression judiciaire frappe pour le moment un peu moins fort qu’outre Manche, c’est la violence physique qui est utilisée systématiquement : des milliers de personnes ont été blessées, mutilées et traumatisées dans le cadre de luttes sociales et écologistes ces dernières années dans notre pays, par une police militarisée, bien plus armée que dans les pays voisins. L’État anglais enferme pour des années, la France terrorise et brise parfois à tout jamais, avec une violence d’État débridée. Deux stratégies mortifères.
La chercheuse au CNRS Sylvie Ollitrault met en garde : «Ce que j’entends beaucoup au sein des mouvements écologistes, même les plus consensuels, c’est qu’ils ont joué le jeu des concertations, des pétitions et des réunions publiques. Et ils n’ont pas été écouté. Il y a une sorte de lassitude militante». Ainsi, au lieu de mettre au pas les activistes, pourrait-on assister au contraire à une intensification et une radicalisation des modes d’action ?
Une réflexion au sujet de « Escalade répressive en Angleterre : prison ferme pour un jet de soupe »
La bourgeoisie compte maintenir l’ordre du monde avec une justice très laxiste pour des pédophiles qui brisent des enfants en les violants et une répression démesurée pour les défenseurs du monde vivant. Comme le disait ce tocard de Bruno Retailleau, les bourgeois veulent trios choses : rétablir l’ordre, retablir l’ordre et rétablir l’ordre sans tenir compte de la violence sociale, ni de la destruction du vivant en générale, parce que pour les Tyrans sanguinaires, les milliardaires, les grands bourgeois cossus et les dictateurs assassins, seul le pouvoir et l’argent comptent.