Au Liban, Israël tire sur des soldats de l’ONU, plante son drapeau, détruit des lieux de culte… et toujours aucune sanction internationale

On a beaucoup entendu que le président russe Poutine «testait la réaction des pays occidentaux» en attaquant l’Ukraine, et que cela justifiait des sanctions drastiques contre l’économie russe ainsi que l’armement massif de l’Ukraine. On n’entend jamais, en revanche, dire que le Premier Ministre israélien «teste» la communauté internationale en multipliant les crimes de guerre et les provocations de plus en plus graves, et qu’il faudrait donc des sanctions internationales lourdes contre Israël.
En effet, après avoir anéanti la bande de Gaza, volé des milliers d’hectares de terre en Cisjordanie, organisé une vague d’attentats puis une invasion armée au Liban et avoir bombardé quasiment tous ses pays voisins, c’est désormais l’ONU qui est directement visée. Netanyahou teste jusqu’où il peut aller. Il n’a pas encore trouvé la limite.
Tirs contre l’ONU
L’ONU a déployé 10.000 casques bleus à la frontière entre le Liban et Israël depuis 2006 pour «maintenir la paix» et appliquer les résolutions internationales. Cette « Force intérimaire des Nations unies au Liban » – FINUL – chargée de s’interposer en cas de conflit et de protéger les frontières du pays a carrément été visée par des frappes israéliennes.
Ce vendredi, deux casques bleus ont été blessés près de la frontière avec Israël. La veille, le 10 octobre, deux casques bleus ont déjà été touchés par des tirs israéliens délibérés sur le quartier général de la FINUL. Un bulldozer de l’armée israélienne a même fait tomber l’enceinte d’une position de la FINUL, qui n’a pas riposté.
Cette force compte 700 soldats français. Plutôt que d’assurer sa mission, à savoir «maintenir la paix» en protégeant le Liban, la FINUL avait d’abord décidé d’arrêter de patrouiller au début de l’attaque israélienne. C’est une force d’interposition qui ne s’interpose pas et qui, maintenant, essuie carrément des attaques.
Attaquer la FINUL est un crime de guerre, une violation du droit international et un défi assumé à la communauté internationale. À quand remonte un tel précédent ? Sans doute aux années 1990, durant la guerre en ex-Yougoslavie, quand des génocidaires serbes avaient tiré et capturé des casques bleus. Les responsables ont depuis été traduits devant la Cour Pénale Internationale.
Ces tirs contre des casques bleus de l’ONU s’inscrivent dans une longue série d’attaques contre les Nations Unies et son secrétaire, qui a notamment été accusé d’antisémitisme pour avoir appelé à un cessez-le-feu. Le 2 octobre, le ministre des Affaires étrangères israélien a même déclaré que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, était interdit d’entrer en Israël, où il avait prévu de se rendre. Le ministre israélien a estimé : «Nous avons affaire à un secrétaire général anti-israélien qui soutient les terroristes, les violeurs et les assassins». Encore une fois, c’est une provocation folle, qui en dit long sur le rapport au droit international du «monde libre».
L’ONU, institution créée après la seconde guerre mondiale pour « maintenir la paix » dans le monde, fait une nouvelle fois preuve d’une faiblesse sidérante. Les Casques bleus auraient dû être positionnés depuis un an autour de Gaza pour prévenir le génocide en cours, et avoir l’autorisation de riposter aux crimes israéliens. C’était la seule solution pour sauver des centaines de milliers de vies. Cela n’a pas été fait. À présent, même la force de l’ONU déjà déployée au Liban se laisse agresser sans répondre.
Drapeau colonial
Les provocations ne s’arrêtent pas là. Deux décennies après la dernière guerre menée par Israël sur le sol du Liban, des soldats se sont filmés et photographiés en train de planter le drapeau israélien sur les ruines du village libanais de Maroun El Ras. Un acte très fort et symbolique : l’appropriation d’un village frontalier qui venait d’être partiellement détruit.
On se souvient que les soldats israéliens avaient déjà planté leur drapeau sur les ruines fumantes de Gaza, notamment les hôpitaux. Un geste colonial par excellence.
Chrétiens d’Orient victimes des frappes
Yaroun était un village libanais peuplé de musulmans et de catholiques à la frontière libanaise. Il a été rayé de la carte par Israël. 400 ans d’histoire et de cohabitation inter-religieuse réduits en miettes. Les soldats ont fait sauter la mosquée du village, vieille de 300 ans, ainsi que l’église catholique locale.
À Derdghaiya, village près de la ville de Tyr, l’église a également été soufflée par un bombardement israélien et s’est effondrée sur les personnes qui s’y étaient réfugiées. 8 personnes sont mortes. La droite et l’extrême droite françaises, qui prétendent «défendre les chrétiens d’Orient» sont des escrocs.
Non seulement ces gens se moquent de la vie des musulmans, mais ils sont tellement pro-israéliens que même les attaques contre la communauté chrétienne d’Orient les indiffèrent. Leur soutien au colonialisme et leur haine des arabes sont supérieurs à leur foi.
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.