Des scènes de liesses sur un champ de ruine. Ce sont les images qui nous parviennent de Gaza, ce mercredi 15 janvier 2025 au soir, après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.

La trêve pas encore officiellement actée
Le Qatar, pays médiateur, précise que l’accord n’est pas encore bouclé et qu’il «entrera en vigueur le dimanche 19 janvier» avec une première phase de «42 jours» qui comprend «un cessez-le-feu ainsi que le retrait des forces israéliennes vers l’est, loin des zones peuplées» et la libération de tous les prisonniers israéliens.
Il reste une étape importante : le Premier Ministre israélien Netanyahou dit dans un communiqué glacial que l’accord «ne sera publié qu’après la finalisation des derniers détails». Il doit notamment être validé ce jeudi par les dirigeants israéliens. La frange la plus radicale des fascistes sionistes s’y oppose déjà.
«L’accord qui sera présenté au gouvernement est un accord mauvais et dangereux pour la sécurité de l’État d’Israël», a déclaré Bezalel Smotrich, ministre d’extrême droite. Les ministres de son parti voteront contre l’accord. Cette tendance espérait l’anéantissement total de la population de Gaza, et la colonisation de son territoire.
Le ministère des affaires étrangères français, qui a été en dessous de tout depuis octobre 2023, salue «la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza». De son côté, l’ancien Ministre de la Défense Yoav Gallant, visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité, a remercié «l’administration américaine sortante et [le] nouveau président américain [Donald] Trump d’avoir fait pression sur toutes les parties». En effet, Donald Trump a promis à plusieurs reprises «l’enfer au Moyen-Orient» si les otages n’étaient pas libérés d’ici son investiture. Ce qui explique en partie la conclusion de ce cessez-le-feu.
Israël continue de tuer
Pour l’instant, rien n’est encore acté, et le sang continue de couler. Alors que l’on se réjouit à Gaza, Israël continue de bombarder la zone. Ce mercredi soir, la défense civile de la bande de Gaza a annoncé la mort de vingt personnes dans des frappes israéliennes survenues après l’annonce de la trêve. L’aviation coloniale a mené trois frappes distinctes. Avant ce massacre, au moins 27 Palestiniens avaient déjà été tués dans la journée de mercredi par des bombardements. Jusqu’à la dernière seconde avant l’accord, l’armée israélienne tirera sur Gaza.
Rien n’est réglé
«Le Hamas a recruté presque autant de nouveaux militants qu’il en a perdus» depuis octobre 2023, affirment les renseignements américains. Israël a créé une génération entière de jeunes palestiniens qui n’ont plus rien à perdre, qui ont vécu l’horreur absolue et passeront le reste de leur vie à vouloir se venger de la barbarie qu’on leur a fait subir.
Il est d’ailleurs extraordinaire que les combattants palestiniens aient encore des capacités militaires et opérationnelles après presque un an et demi de pilonnage et de massacres commis avec les armes les plus sophistiquées de l’histoire.
Côté israélien, les fascistes restent au pouvoir, la colonisation de la Cisjordanie continue, et les délires messianiques de «Grand Israël» n’ont jamais été aussi répandus dans la population. Rien ne dit que la trêve durera.
L’avenir assassiné
Quel horizon reste-t-il pour les survivants à Gaza ? Plus de 60% du territoire est détruit, plus rien n’est habitable, il n’y a plus d’administration, d’écoles ou d’hôpitaux, 2 millions de personnes sont déplacées. Même si les armes se taisent, des milliers de personnes mourront des suites de leurs blessures.
Le 10 janvier, une étude parue dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet estimait que le nombre de morts à Gaza, au cours des neuf premiers mois de guerre, était supérieur d’environ 40% à celui communiqué par le ministère de la Santé du territoire palestinien, qui faisait état de 37.877 morts.
Le Lancet évalue ce bilan entre 55.298 et 78.525 décès en neuf mois, soit 1 habitant sur 30. En France cela correspondrait à 2,3 millions de morts, dont 1,5 millions de femmes et d’enfants. Il faut y ajouter au moins 130.000 blessés et amputés, soit 1 habitant sur 15.
À l’échelle de la France cela correspondrait à 4,6 millions de blessés et amputés. Au total, à Gaza, 1 habitant sur 10 est mort ou blessé ou amputé, dont 2/3 de femmes et enfants selon cette étude.
Une autre estimation parue dans The Guardian en septembre dernier évaluait le nombre de morts à Gaza à 335.500 en onze mois, sachant qu’aucun bilan officiel ne peut être connu, puisqu’Israël a détruit l’intégralité du système de santé et qu’une grande partie des morts est coincée sous les décombres ou victimes de maladies et de famine.
Enfin, en décembre dernier, 96% des enfants palestiniens pensaient que leur mort était imminente, selon une étude réalisée par une ONG basée à Gaza et publiée par The Guardian. 49% des enfants disent même souhaiter mourir. Un traumatisme psychologique de masse. Que vont devenir ces enfants ?
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.
Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.