L’homme le plus riche du pays, ami proche d’Emmanuel Macron, est de retour d’un séjour aux USA. Bernard Arnault en est revenu admiratif de Donald Trump et Elon Musk, à tel point que mardi 28 janvier, il a menacé la France.

«J’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait» aux USA explique-t-il. Un «vent d’optimisme», enfin, sauf pour les pauvres, les minorités ethniques, religieuses et les LGBT.
Il poursuit : «quand on revient en France, c’est un peu la douche froide. Aux USA on vous accueille à bras ouvert […] les ateliers qu’on peut construire sont subventionnés». Finalement, Bernard Arnault l’ultra-libéral aime bien l’assistanat, mais seulement quand il subventionne les patrons.
«Quand on revient en France on s’apprête à augmenter les impôts, c’est à peine croyable ! Pour refroidir les énergies, on fait difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation c’est l’idéal ! […] Il faudrait faire comme aux États-Unis et nommer quelqu’un pour slasher [sic] un peu la bureaucratie, mais dès qu’on essaie de faire ça, ahah, ça … On est poursuivis, c’est impossible !» Fin de citation.
Une diatribe en faveur d’Elon Musk, nommé par Trump pour appliquer un régime de choc à l’administration publique.
En clair, Bernard Arnault menace de délocaliser ses entreprises aux États-Unis parce qu’il y a trop d’impôts en France. Il y a quelques mois, il avait déjà piqué une colère contre Michel Barnier qui était encore Premier Ministre, et qui avait proposé des mesures de «justice fiscale» pour le budget 2025. Selon le Nouvel Obs, ces paroles auraient «ulcéré» le milliardaire. Quand on trouve Barnier trop à gauche, c’est qu’on est rendu loin.
Dans la réalité parallèle de Bernard Arnault, les riches seraient trop taxés. Dans la vraie vie, en 2024, les dividendes ont atteint un record en France. En 2023, le patron de LVMH a réalisé 15 milliards d’euros de bénéfices net et 12,6 milliards l’année suivante. Sa fortune dépasse les 200 milliards.
Puisque le mensonge est devenu une discipline olympique, il faut donc rappeler que Bernard Arnault est au cœur du pouvoir depuis des décennies, qu’il a bâti sa fortune avec de l’argent public, qu’il paie très peu d’impôts et qu’il a des méthodes mafieuses.
Bernard Arnault paie moins d’impôts que vous
Saviez-vous que Bernard Arnault fait partie de la tranche de la population française qui paye le moins d’impôts ? Le Monde, dans un article paru en juin 2024, expliquait très clairement : «aujourd’hui, les milliardaires ne paient quasiment pas d’impôts, parce qu’une grande partie de leurs revenus provient du capital (comme les dividendes) et sont moins imposés, voire quasi pas, grâce aux diverses techniques d’optimisation qu’ils déploient. L’Observatoire européen de la fiscalité estime ainsi de 0 % à 0,5 % l’impôt sur le patrimoine qu’ils versent. Tous impôts confondus, ils sont donc moins imposés que les classes moyennes.»
Si vous touchez 1800€ par mois, soit environ le salaire moyen en France, Bernard Arnault paye proportionnellement deux fois moins d’impôts que vous. Et grâce à divers petits tours de passe-passe dont les riches ont le secret, c’est sans doute beaucoup moins. Saviez-vous que LVMH bénéficie de 305 filiales dans des paradis fiscaux, exclusivement destinées à l’évasion fiscale ? Et tout cela dans une impunité totale.
En 2018, la Cour des comptes montrait comment Bernard Arnault utilisait sa fondation de mécénat Louis Vuitton, comme outil d’optimisation fiscale, lui ayant permis d’économiser 518 millions d’euros d’impôts.
Bernard Arnault est un assisté
Loin de l’image du brillant entrepreneur qui s’est fait tout seul, Bernard Arnault a bénéficié de l’aide de l’État. En 1981, le futur milliardaire quitte la France pour les USA – déjà – en se plaignant du «socialisme» – déjà ! – mais revient la queue entre les jambes trois ans plus tard.
En 1984, il rachète un groupe d’industrie textile en faillite : Boussac. L’État français, dirigée par le PS, lui offre 750 millions de francs de subventions publiques, soit 114 millions d’euros, et efface 1 milliard de francs de dettes de l’entreprise, contre la promesse de «maintenir la survie du groupe en évitant son démantèlement».
Arnault ne tient pas parole. Il démantèle le groupe, et ne conserve que la branche de luxe : Dior. La moitié des employés sont virés. Au départ, il n’avait misé que 40 millions de francs, il se retrouve à la tête d’un magot de 8 milliards. C’est grâce à cette fortune qu’il fera l’acquisition de LVMH lors de la crise financière d’octobre 1987.
L’histoire retiendra que c’est un gouvernement « de gauche » qui a sponsorisé l’ascension du grand patron. Si Bernard Arnault est l’un des hommes les plus riches du monde, c’est parce que le contribuable français lui a versé des millions, sans contrepartie, pour se lancer.
Bernard Arnault et ses pratiques mafieuses
Entre 2013 et 2016, Bernard Arnault fait espionner illégalement le journaliste François Ruffin, aujourd’hui député, qui tournait son film «Merci Patron», se moquant de LVMH.
L’affaire était tentaculaire, car le milliardaire avait recruté l’ancien chef des renseignements Bernard Squarcini pour surveiller le journal Fakir. Cet ancien policier de haut vol et proche de Sarkozy utilisait donc son expérience de haut fonctionnaire pour vendre ses services au privé. Il avait lui même recruté des barbouzes pour infiltrer les réseaux militants liés à François Ruffin, en utilisant ses contacts policiers.
Quelques années plus tard, pour éviter un procès pénal, et donc ouvrir un dossier bien sale et gênant, Bernard Arnault avait accepté de verser 10 millions d’euros au Trésor Public contre l’abandon des poursuites. Une broutille comparée à sa fortune. Et les plaignants, victime d’espionnage et de manipulations ? Ils n’ont pas eu leur mot à dire. Justice des riches.
Bernard Arnault a organisé un coup d’État en France
«Il faut à tout prix éviter un Premier ministre de gauche !» Voilà ce qu’a exigé le multimilliardaire Bernard Arnault auprès d’Emmanuel Macron et de Nicolas Sarkozy durant l’été 2024. C’était après la dissolution surprise de Macron, et l’arrivée en tête du Nouveau Front Populaire aux élections législatives.
Pendant l’été, le patron de LVMH active son pouvoir et ses réseaux pour faire barrage à la gauche et empêcher toute hausse d’impôt. Il voit plusieurs fois le président et son prédécesseurs sur la Côte d’Azur, et refuse de toutes ses forces la nomination de Lucie Castet, énarque de la gauche (très) molle, au poste de Première Ministre. Pour l’homme d’affaire, pas question de toucher, même de façon minimale, aux intérêts des ultra-riches.
La presse décrit le milliardaire comme un ami intime d’Emmanuel Macron qui l’accompagne dans les dîners d’État comme les soirées privées. L’entourage du président explique à la presse qu’il existe entre les deux hommes «une filiation intellectuelle, culturelle, un “crush” humain». Macron lui-même dit de Bernard Arnault qu’il est un «alliage unique de talent insensé, de pudeur extrême, de sensibilité infinie et de patriotisme». Un «patriote» qui veut délocaliser chez Trump.
La femme du milliardaire. Hélène Mercier-Arnault, est amie avec Brigitte Macron qu’elle rencontre régulièrement. La Première Dame a d’ailleurs enseigné à deux des enfants Arnault, Frédéric et Jean, dans un lycée privé
Cette ingérence du milliardaire au cœur du pouvoir n’est pas nouvelle. Il avait été décoré par Édouard Balladur, alors Premier Ministre, dès les années 1990. Il avait recruté en 2009 Bernadette Chirac à son conseil d’administration, mais aussi Patrick Ouart, conseiller juridique à l’Élysée de l’époque.
Nicolas Bazire, membre du comité exécutif de LVMH, a été témoin de mariage de Nicolas Sarkozy, mais il a aussi été membre de la Cour des Comptes. Plus récemment, le groupe LVMH a recruté le bras droit de Macron, Ismaël Emelien, comme «conseiller». Et les ministres de Macron sont régulièrement invités aux événements de la Fondation Louis Vuitton.
Cet été, les Jeux Olympiques ont été à sa gloire, sponsorisés par son entreprise, de nombreux passages publicitaires montrant des produits de la marque LVMH ont été insérés dans la cérémonie d’ouverture, vue par plus d’un milliard de spectateurs.
Que faire de Bernard Arnault ?
On entend beaucoup nos dirigeants parler de «patriotisme», de «fermeté» et de «souveraineté» quand il faut créer un conflit pathétique avec l’Algérie, persécuter les musulmans ou expulser les immigrés. On les entend beaucoup moins contre les ultra-riches. Forts avec les faibles, faibles avec les forts.
S’il y avait une once de dignité à la tête de l’État, il y aurait une réaction ferme et immédiate aux provocations du Bernard Arnault. Il menace de délocaliser ? Chiche : la France gèle ses actifs, met des droits de douanes sur tes produits, lance une enquête du parquet sur son évasion fiscale, et demande le remboursement des aides perçues depuis les années 1980.
Ce serait une première étape, avant une nécessaire expropriation du milliardaire et un partage de ses indécentes richesses.
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Une réflexion au sujet de « Bernard Arnault menace la France »
Tu as raison Bernard, casse toi, ça nous fera un parasite en moins. Et merci d’avoir chialé auprès des gugusses de bourgeois.e.s qui piègent le pays ça fait tomber les masques de ces serpillières