Trois fois en un mois, le Parti Socialiste et l’extrême droite ont offert du sursis au gouvernement Bayrou.

Ce mercredi 5 février, le Premier Ministre passait en force, par 49.3, un budget d’austérité. Une première motion de censure concernait le budget de l’État. Avec seulement 128 députés favorables à la chute du gouvernement, celle-ci a été rejeté. Quelques heures plus tard, sur le budget de la sécurité sociale, deuxième motion de censure, et deuxième échec avec 122 députés votants.
D’un point de vue mathématique, cela n’a pas de sens : il n’y a aucune bonne raison de ne pas censurer Bayrou après avoir censuré Barnier le 4 décembre dernier. Les deux politiciens sont sur la même ligne politique, avec quasiment les mêmes ministres, et ont les mêmes objectifs. Le nouveau gouvernement en place depuis les fêtes de fin d’année est tout aussi illégitime, puisqu’il n’est pas conforme aux résultats des élections, il bat tous les records d’impopularité et il impose un plan d’austérité majeur qui va faire souffrir des millions de français, à l’aide de procédures d’exceptions.
Seuls 6 députés socialistes ont voté avec la censure. Ce soutien du PS au gouvernement acte la mort du bien mal nommé Nouveau Front Populaire. Olivier Faure, dirigeant du parti, a osé affirmer : «Nous, nous n’avons pas sauvé le premier ministre. Nous avons voulu sanctuariser le budget» et a fait un lapsus, expliquant qu’ils voteraient peut-être une censure à l’avenir, «si le gouverne… heu, le budget n’est pas menacé». Jérôme Guedj, socialiste tendance réactionnaire et coloniale, adoré des médias, a lancé : «Les Insoumis aboient et les socialistes travaillent» et «je m’en tamponne» à propos des critiques qui étaient adressés au PS.
Le NFP n’a été qu’un accord électoral éphémère et de circonstance, créé dans l’urgence, qui a permis au PS de doubler son nombre de députés. Cela n’a jamais été une alliance politique, et le PS n’a jamais eu l’intention de respecter sa parole. Seul un mouvement social massif de la base aurait pu l’y contraindre, comme lors du vrai Front Populaire, celui de 1936, mais il n’a pas eu lieu.
De son côté, le Rassemblement National a lui aussi déserté l’Assemblée. Sans surprise, l’extrême droite gouverne de facto avec Macron depuis des mois. C’est elle qui valide ou non les ministres, ce sont ses idées qui sont portées au pouvoir, Bayrou et Macron multiplient les clins d’œil à Marine Le Pen depuis des années… On trouve plusieurs personnalités d’extrême droite aux postes clés : Retailleau à l’Intérieur, Darmanin à la Justice et Manuel Valls aux Outre-Mers. Le RN est la roue de secours du régime, cela n’étonne plus personne. Le Ministre de l’Intérieur est même en train d’appliquer des mesures dont l’extrême-droite n’osait pas rêver. «J’estime avoir fait, avec Marine Le Pen, un choix de responsabilité» a justifié Jordan Bardella. L’électorat RN qui prétend voter pour un parti d’opposition est décidément dans une réalité parallèle.
Jamais deux sans trois. Le 16 janvier, l’Assemblée Nationale votait déjà une première motion de censure déposée contre le gouvernement Bayrou, deux jours après son discours de politique générale. Déjà, 131 députés seulement avaient voté pour, ce qui n’avait pas permis la chute du gouvernement.
«Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire» déclarait déjà Olivier Faure, avant d’ajouter «Nous n’avons pas la négociation honteuse». Au PS, «négociation» est l’autre nom de la trahison. Il n’y a rien à négocier avec le gouvernement.
En décembre, la nomination de Bayrou avait eu lieu avec la bénédiction du PS. Le parti d’Olivier Faure s’était engagé dans les négociations, proposant l’idée d’un «accord de non-censure». La stratégie des socialistes est simple : se repositionner au «centre» et se présenter comme l’opposition «modérée» et «responsable» avec l’aide des médias, pour récupérer une partie de l’héritage de Macron lors des prochaines élections, tout en diabolisant toujours plus la France Insoumise. Le président étant carbonisé, son électorat sera convoité à droite comme au centre-gauche.
Par trois fois, le PS offre donc un sursis à Retailleau, Darmanin et les autres, en violation de ses engagements. Ce 5 février, nous voilà donc avec un plan d’austérité majeur et des mesures scandaleuses, comme une journée supplémentaire de travail gratuit, plutôt que mieux partager les richesses.
Le PS était quasiment mort après 5 années terribles de présidence Hollande. Les accords de la NUPES et du NFP lui ont redonné son pouvoir de nuisance, ce qui est une faute politique majeure. Nous étions alors des millions à dire «plus jamais PS». Cela n’a pas changé.
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2 réflexions au sujet de « Jamais deux sans trois : le PS et le RN sauvent encore une fois le gouvernement Bayrou »
Le PS s’allie avec le spectre du facsisme pour protéger les intérêts de la bourgeoisie et écraser le prolétariat. D’ailleurs se dire socialiste quand on est un bourgeois c’est comme mépriser les prolos en les appelant les sans dents… Il faut oser
Déjà en 1940, la SFIO (PS de l’époque) a voté majoritairement les pleins pouvoirs à Pétain. Il faut honorer les 83 « justes » qui ne l’ont pas fait. Le PS est un amas de petits bourgeois opportunistes qu’on appelle les Éléphants. Militants honnêtes du PS, quittez ce foutoir, n’ayez plus confiance en ses dirigeants : Ils vous trompent, ils nous trompent, ils sont avant tout carriéristes, ce sont des inutiles !!!