Fin du service civique, coups de tronçonneuse dans les subventions : les 1,4 millions d’associations qui font vivre nos territoires sur la sellette

Jeudi 30 janvier, le mail de l’agence du service civique a fait l’effet d’une bombe au sein des associations : “Il est demandé à tous les organismes d’accueil de suspendre toute entrée en mission à partir du samedi 1er février, quand bien même un contrat a été signé”. Ainsi, ce sont des milliers de jeunes que l’on abandonne à 2 jours de commencer leur service civique.
Même pour ceux ayant démarré au 1er janvier, le flou persiste pour le versement de leurs indemnités : 620€ pour vivre – moins que le RSA donc – dont l’État prend 504,98€ à sa charge. Ce dispositif permettait depuis 2010 aux jeunes d’être – maigrement – rémunérés pour des «missions d’intérêt général» au sein d’associations. Il vient d’être suspendu.
Chaque année, ce sont 150.000 contrats en service civique qui sont signés pour les jeunes de moins de 25 ans. 150.000 personnes qui sans ce service civique, devront aller se battre pour des boulots sous payés sur le marché du travail, où le taux de chômage des jeunes – 17,2% – est déjà largement supérieur à celui de la population globale. Dans le même temps, les contrats aidés, qui profitaient aussi majoritairement aux jeunes, disparaissent avec le nouveau budget imposé par 49.3.
Pour beaucoup, le service civique était la dernière chance de ne pas rester sur le carreau, après avoir cherché un travail pendant des mois. Les engagé-es se trouvent en outre majoritairement dans des structures associatives qui ont cruellement besoin de forces vives pour continuer à fonctionner. Beaucoup d’associations reposent quasiment exclusivement sur les bénévoles et les services civiques.
Le monde associatif est la cible de tellement d’attaques ces dernières semaines qu’il est difficile d’en faire la liste. Les coupes budgétaires astronomiques qui lui ont été imposées sont telles que le secteur craint tout simplement pour sa survie. C’est tout un tissu économique et une vision du monde qui s’effondrent.
Qu’on ne se méprenne pas : il s’agit de choix idéologiques. Les milliards coulent à flot pour l’armée, la police et les aides au patronat, mais il n’y aurait pas le budget pour payer une misère à des jeunes remplissant des missions au service du bien commun ? Voilà où nous mènent les politiques ultralibérales : un monde où les associations n’existeront plus, où toute production devra être marchande.
Le Mouvement associatif, auquel adhèrent plus de 700.000 associations – soit la moitié des 1,4 millions d’associations recensées en France – publiait le 28 janvier dernier une lettre ouverte pour tirer la sonnette d’alarme. “Au-delà des enjeux financiers, c’est tout un modèle de société qui est remis en question” rappelle-t-il.” Quand une association de solidarité perd des subventions, ce sont des familles en grandes difficultés financières qui ne pourront plus partir en vacances”.
Si l’on devait schématiser, le néolibéralisme qui domine depuis les années 1980 a consisté à désengager progressivement l’État de ses missions essentielles : l’aide aux démunis, l’accès à la nourriture et au logement pour tous, l’éducation, l’accueil… Et si le système ne s’est pas effondré, c’est parce que les associations ont joué, de façon bénévole ou presque, le rôle de supplétif de l’État pour celles et ceux qu’il a abandonnés.
Les devoirs de l’État ont été comblés par des personnes dévouées sur tout le territoire. Les gouvernants ont renoncé depuis longtemps à résorber les inégalités, mais accordaient au moins aux associations les moyens de sauver les meubles. À présent, le système devient tellement violent envers les pauvres qu’il détruit même cette roue de secours, cette soupape de sécurité. C’est marche ou crève.
Le Mouvement associatif cite en exemple le Secours Populaire du Val de Marne, qui va perdre 77% de sa subvention, alors qu’au même moment, la précarité explose et que le nombre de bénéficiaires a augmenté de 50% depuis 2018. Les associations sportives, les colonies de vacances, l’aide aux réfugié-es, les associations de solidarité, les associations culturelles, les associations d’aide aux personnes âgées… Dans certaines communes, elles sont les seules présentes sur le terrain pour répondre aux besoins des populations locales. Le Mouvement associatif a par exemple rappelé l’énorme travail abattu par les associations à Mayotte suite au cyclone Chido.
200 000 associations se déclarent déjà aujourd’hui dans le rouge. Daniel Goldberg, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux – uniopss – rappelle que les associations gèrent 30% des EHPAD, et 85 à 90% des associations de protection de l’enfance ou l’accueil des personnes en situation de handicap.
Mais ça, le gouvernement s’en fout. Ses idoles s’appellent Javier Milei et Elon Musk. Laisser crever les pauvres et les faibles pour continuer à enrichir les plus riches, le capitalisme n’a pas changé sa recette. Il s’agit de darwinisme social.
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Une réflexion au sujet de « La fin soudaine des services civiques : en marche pour détruire le monde associatif »
Pour un bon nombre, ces associations vivent sur le dos des plus malheureux,ça se lit que vous ne fréquentez aucune des associations dont vous faites mention.
Peut être n’avez vous connu aucun accident de la vie , comme être SDF par exemple ou bénéficiaires des restos du coeur ou de caritas,me suis trompé?,je crois pas.
Soyons clairs,pour parler de piments forts,genre l’espellette,faut déjà y avoir goûté pour dire dire que ça arrache , n’est ce pas ?
Moi je suis SDF,je connais toutes ces associations pour les avoir fréquenté…ils cherchent tous à remplir leurs carnets de nombres de bénéficiaires pour aller quémander des subventions qui finissent par un détour dans leurs poches(voir le scandale COALIA..)ou pour payer des salariées aux connaissances faibles et superficielles des domaines dans lequel ils évoluent, à l’image des fameux services civiques;des malheureux en pleine angoisse existentielle.
Dans aucune des structures d’aides aux sans abris l’on vous fera remplir ne serait-ce qu’une demande de logement social et pour cause,si nous sortons du sans abrisme,cette fois ,eux se retrouverons sans perspectives d’emplois,comprenez vous?
Au lieu de subventionner des intermédiaires,faut s’adresser directement aux concernées,par le biais d’aides direct,les rencontres direct par des maraudes ,pas ceux du 115…. café lyophilisé et couettes recyclé des hôpitaux, des prisons,des EHPAD.
Et puis ,que dire de nos chères bonnes âmes pleines de mansuétudes,qui n’y voient qu’un moyen de pratiquer de la défiscalisation sous couvert de charité,voyez vous ou faut vous le dire comment ?
Nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus fréquenter ces structures qui ne font que conforter notre situation de détresse et de vulnérabilité,nous ne sommes pas dupes.
Les abris de nuit sont remplies de personnes que l’on laisse pour compte,en compagnie de réfugiés violent et mal intentionnées,qui ne travaillerons jamais,ils souhaitent tout bonnement haggar,c’est à dire racketter d’autres malheureux…voyez vous.
Si vous ne me croyez pas ,appellez le 115,demandez leurs un abri de nuit et vous verrez de vous même.
Nous préférons nous débrouiller entre nous,cela s’appelle la solidarité, l’entraide,la débrouille,au nez et à la barbe de vous tous,et franchement,nous sommes beaucoup mieux comme ça,on se la fait crème comme on dit.
Nous vivons de récupération,de réparation,de revente d’objets récupérés,rénovés,en déballage à la sauvette tous les jours à Montpellier – la Paillade,nous ne volons personne, nous faisons de heureux propriétaires qui déboursent pas grand chose pour des trucs de luxe quelquefois,par rapport au prix affiché en magasin,contrairement à ces structures qui se sont spécialisées dans le détournement de fonds publics.
Désolé pour la TVA,et toutes sortes de cotisations…mais quand on se fait fermer les portes institutionnelle s,vous comprendrez que c’est aussi notre façon à nous de dire chiotte.
J’ai beaucoup d’anecdotes à vous raconter,moi je suis H24 dans la rue,je passe pas mon temps derrière un écran à faire le rebelle pour se faire mousser en direction d’une petite clique de choquées de la life.
Nous, nous sommes de véritables écorchées,il ya aussi des meufs avec nous,dit en passant,faut saluer leurs courages tout de même,vivre à la rue, confort rudimentaire,par des températures négatives même ici dans le Sud,la nuit fait frais…
Bref,arrêtez la pleurote, vous subissez le système que vous semblez défendre,vous tournez en rond, c’est l’impression qui s’en dégage.
Si ça vous intéresse de faire un reportage in situ avec nous,vous êtes les bienvenues,nous avons de quoi vous accueillir,vous nourrir,et dodo aussi, gratuitement,faut juste être sympa, courageux,pas frileux,nous vous ferons un air BNB de la street life.
Cherchez y,vous ne trouverez pareil offre nulle part,voilà qui est dit.
Bien sûr, vous ne viendrez pas.
Le confort de votre appartement douillet est plus tentant,sans doute.
Vous entendrez enfin un son de cloche qui sonne vrai ,loin de toutes les considérations existentielles et financière de ceux que vous citez dans votre article,que nous nommons à juste titre les business man de la précarité.
Voyez Emmaüs,ils gardent sous leurs toits nourries blanchies des « compagnons » tristes et malheureux, exploitées pour 400 e par mois/150h de travail, pendant trois ans,délai minimum pour pouvoir obtenir un titre de séjour… pff,au moindre relèvement de tête,c’est la porte et signalement aux autorités, CRA, expulsion.
C’est bon ,vous comprenez ou bien pas encore.
Nous sommes bien dans le cas de votre récent article qui citait Deleuze,les corps tristes qui se font dominer….
Nous sommes certes, SDF,mais pas incultes,nous lisons aussi des livres🤔
Désolé, c’était un peu long, c’est aussi le tarif de la profondeur,quand on va à la mer, c’est pour pour rentrer dans l’eau,pas pour rester sur le rivage.😉
. Cordialement ✊