Il risquait 5 ans de prison, la justice allemande avait mis les grands moyens pour le retrouver

Le moine vêtu d’une robe de bure brune, aperçu au cœur des mobilisations écologistes et anticapitalistes, à Notre-Dame-des-Landes comme à Lützerath, en Allemagne, ou à Sainte-Soline, était devenu une célébrité mondiale et mystérieuse.
En janvier 2023, dans le cadre d’une lutte contre un projet minier destructeur, il avait poussé de façon taquine des policiers allemands alors qu’ils étaient embourbés dans un champ, pataugeant dans la gadoue. Une scène burlesque, ridiculisant les forces de répression, qui avait fait la Une de tous les médias outre-Rhin et qui avait fait rire partout sur la planète. La vidéo de cette action avait été vue des millions de fois. Le «moine de Lützerath» était devenu un mythe. Un mythe que la police devait absolument éteindre.
Alors que des policiers de toute l’Europe enquêtaient pour trouver son identité, c’est Loïc, poète, maraîcher, militant écologiste et bien d’autres choses encore, qui a finalement été interpellé. Le moine avait enfin un nom. Cet habitant de Nancy lutte depuis des années pour un monde meilleur et subit un acharnement répressif pour cela.
Suite à la mobilisation de Sainte-Soline, il avait déjà été arrêté par la police anti-terroriste française et envoyé en prison à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui. Côté Allemand, pour la bousculade dans la boue, il est passé en procès en deux temps : une première audience le 22 janvier 2025, où il a lu une longue déclaration pour expliquer son geste, et une deuxième audience le 5 février, consacrée à l’audition des malheureux policiers embourbés, puis à la sentence.
Ce jour là au matin, dans le tribunal allemand, le premier policier s’avance. Il explique avoir été poussé mais ne pas avoir été blessé. Puis une policière raconte qu’elle s’est retrouvée bloquée dans la boue, mais pas à cause de Loïc qui a simplement posé sa pancarte près d’elle. Elle souligne tout de même qu’elle s’est «sentie menacée» par le moine. On frôle le ridicule.
Loïc demande : «Est-ce que vous vous souvenez de ce que le moine a dit ? Est-ce que c’était menaçant ?» Réponse : «Ce n’était pas de l’allemand je n’ai pas compris». Loïc reprend : «Ce que j’ai dis c’est « ça va ? Est-ce que vous avez besoin d’aide ? » en anglais».
Troisième «victime» invitée à la barre, un policier blond, celui qui a reçu un croche patte. Il dit être tombé et avoir eu un hématome. Malgré ses protections, il est donc plus fragile que de la terre imprégnée d’eau. La police allait vers les manifestants et une ombre lui a fait un croche-pied explique-t-il. «Est-ce que vous avez vu ce jour là les policiers frapper les manifestants, y compris sur la tête» lui demande Loïc. L’agent répond qu’il n’a pas utilisé sa matraque.
Le tribunal revient sur une précédente condamnation de Loïc suite au G20 de Hambourg en 2017. Il avait été condamné de façon expéditive et rendu responsable de toutes les dégradations et affrontements de la manifestation, sur la base d’une accusation de «complicité», alors qu’il n’avait personnellement blessé personne. Pour ces faits, il avait passé de longs mois dans les geôles allemandes.
Puis les images de Lützerath sont projetées. Un témoin vient accréditer la version de Loïc, qui explique avoir assisté à un déferlement de violences policières, et avoir été blessé lui-même. Ce qui donne le contexte de la bousculade dans la boue pour laquelle le procès a lieu. Une autre vidéo montre d’ailleurs un coup donné par un policier sur la tête du moine.
Malgré ces éléments qui donnent l’impression d’une farce, la procureure réclame tout de même 8 mois de prison ferme. Une avocate allemande puis un français se succèdent pour plaider et démontrer l’absurdité d’une éventuelle condamnation.
Loïc intervient en dernier, par un trait d’humour : «De la même manière aujourd’hui que bon nombre de personnes se demandent si Elon musk a vraiment fait un salut nazi, je commence a me demander si j’ai vraiment pousser ce policier dans la boue !» Il revient sur le contexte, la violence de la police, l’absurdité du projet minier contre lequel il manifestait, et dénonce la dureté de la sentence réclamée par le parquet, qui n’a été accompagnée d’aucune explication.
Finalement, Loïc est condamné à 4.200 euros d’amende. Une somme importante, mais il échappe à la prison. Un soulagement pour lui est ses proches. Pour autant, l’un de ses avocats estime qu’il «est condamné par une juridiction pénale et cela ne me paraît pas légitime, c’est disproportionné». Loïc n’est pas non plus totalement soulagé car «il n’y a pas eu de policiers qui ont été jugés pour leurs violences» commises le jour de cette manifestation. Il conclut : «Il faut continuer à se battre».
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Une réflexion au sujet de « Loïc, le moine anticapitaliste, condamné à 4200 euros d’amende »
Les racistes et les facsistes sont à l’assemblée et dans la rue, demain 8/02 les fachos et assassins du GUD feront leur manif dans les rues de Paris , protégé.e.s par les facho- terroristes de la police. Le moine ne fait que s’opposer aux nuisances du capitalisme et de la bourgeoisie parasite p