Marseille antisioniste : nettoyage éclair d’un graffiti pour la Palestine

À gauche, la façade d'un immeuble affiche "Marseille antisioniste" sur 12 étages le 19 février.
À droite, le même bâtiment nettoyé le 21 février.

Mercredi 19 février au matin, les marseillais et marseillaises ont découvert, sur toute la hauteur d’un immeuble situé dans le quartier de la Timone, une immense inscription : «Marseille Antisioniste» accompagnée d’un drapeau palestinien. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la réalisation a de l’impact, et qu’il a fallu des talents d’acrobates et déjouer le vertige pour réaliser cette peinture.

Toute la droite locale mais aussi nationale s’est immédiatement enflammée : la sénatrice LR Valérie Boyer a estimé que ce graffiti était «injurieux», Ludovic Perney, du même parti, à Marseille, a parlé d’«une honte», Renaud Muselier, qui dirige la région PACA, a aboyé qu’il s’agissait d’un «vernis insupportable de l’antisémitisme», et la présidente du département aussi a hurlé à la mort. Le CRIF de Marseille a ajouté : «Ces inscriptions nous affligent et nous révoltent».

La mairie de Marseille a dit avoir «immédiatement mobilisé les services municipaux et pris attache avec la copropriété pour le faire effacer dans les plus brefs délais». Mais ce n’est pas tout : les autorités ont déclenché une enquête, et les limiers de la police sont déjà aux trousses d’un suspect filmé par les caméras de vidéosurveillance, qui «descend en rappel le long de la façade de l’immeuble tagué avant de prendre la fuite à pied» selon la presse. On espère que le peintre escaladeur avait pris soin de masquer son visage. En ces périodes d’épidémies, on n’est jamais trop prudent.

Dès ce vendredi 21 février, l’intégralité de la façade de l’immeuble et ses 12 étages avaient déjà été karcherisée. Le bâtiment n’a jamais été aussi propre. Une opération qu’on imagine très coûteuse en matériel et en personnel. Dans une ville marquée par un énorme taux de pauvreté, où des centaines de milliers d’habitant-es sont abandonné-es par les services publics, et où la mairie laisse des bâtiments se dégrader au point de s’effondrer, comme cela a été le cas en 2018, rue d’Aubagne causant la mort de 8 personnes, cette débauche de moyens a de quoi révolter la population. Sur internet, beaucoup de commentateurs soulignent d’ailleurs que les tags sont très rarement nettoyés dans la Cité Phocéenne, mais dès qu’il s’agit de la Palestine, la mairie réagit en un temps record.

Dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 janvier 2024 déjà, les marches iconiques de l’escalier du Cours Julien à Marseille avaient été repeintes aux couleurs de la Palestine. Une action graphique, très réussie, pour soutenir le peuple palestinien. En moins de 48h, les marches avaient été repeintes par une entreprise mandatée par les pouvoirs publics locaux. Les couleurs du drapeau disparues sous des litres de peinture grise. Ces escaliers, très souvent tagués, «n’ont jamais été aussi propres» nous confiait un lecteur marseillais. Il en a été de même à Lyon, Nantes ou Paris : à chaque fois, les couleurs de la Palestine ont été effacées de l’espace public par les municipalités.

Les autorités font tout pour rendre invisible la solidarité avec un peuple qui subit un massacre, alors même qu’une opération d’épuration ethnique de Gaza est à l’ordre du jour. À l’inverse, dans toute la France, les mairies ont projeté le drapeau israélien sur tous les bâtiments publics pendant des semaines durant l’automne 2023, et nos dirigeants ont apporté leur soutien «inconditionnel» à l’État colonial. De simples peintures sont traquées et censurées, mais la solidarité avec un État colonial et génocidaire dirigé par des fascistes est obligatoire.


Netanyahou veut effacer un peuple, nos dirigeants effacent la solidarité. Face au fanatisme pro-israélien des autorités françaises, multiplions les gestes créatifs de solidarité.


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