De la peinture rose versée par terre qualifiée de «dégradation en raison de la race ou de l’ethnie»

C’est un événement moralement condamnable et juridiquement illégal qui a lieu dans les salons Hoche, un monument luxueux situé dans le très chic 8ème arrondissement de Paris et qui, selon son site internet, «organise depuis plus de 40 ans de prestigieuses réceptions privées et professionnelles».
Le dimanche 9 mars, les Salons Hoche ont accueilli «le plus grand événement immobilier israélien en France», portant le nom de «salon Icube». L’année dernière, lors de la précédente édition, le média Blast démontrait que Icube vendait des terres situées dans une colonie volée aux Palestiniens en Cisjordanie.
Chaque année, cet événement vise à promouvoir l’achat de biens immobiliers en Israël, y compris dans des territoires palestiniens occupés. Icube «bénéficie du parrainage de l’Agence Juive pour Israël, une organisation, très active dans la colonisation de la Cisjordanie» selon Camille Stineau, journaliste chez Blast. Cette agence dispose d’un «programme qui consiste à organiser des déménagements collectifs de citoyens français vers des colonies situées en territoire palestinien» sur des terres spoliées. C’est donc un rouage essentiel du nettoyage ethnique du peuple palestinien, en plein Paris.
Officiellement, la France prétend pourtant défendre le droit international, et publie régulièrement des communiqués pour dénoncer la colonisation en Cisjordanie, ainsi que les crimes commis par les colons contre les palestiniens. Mais ce ne sont que des mots, puisque sur son propre sol, la France autorise ce type d’événement commercial faisant l’apologie et soutenant financièrement des actes illégaux au regard du droit international. Si nos dirigeants n’étaient pas totalement alignés sur l’extrême droite israélienne, ce salon n’aurait pas lieu et ses organisateurs seraient poursuivis.
Mais c’est l’inverse qui se produit. Le 9 mars, 12 cars de police avaient été mobilisés pour protéger les Salons Hoche, explique l’organisation Europalestine. Pour autant, 5 militantes ne se sont pas démotivées et ont tenu à manifester de façon symbolique et pacifique leur désapprobation : elles ont déversé de la peinture rose sur le sol devant l’entrée des Salons Hoche.
Rien de bien méchant. Et pourtant, elles ont été arrêtées immédiatement et placées en garde à vue pendant plus de 48 heures avant d’être jugées en comparution immédiate. Une procédure très violente et expéditive.
La justice les poursuit sur la base d’accusations délirantes de dégradations «à raison de l’appartenance à une race ou une ethnie», comme s’il s’agissait d’un acte antisémite, et même de «violences psychologiques», car une militante sioniste a porté plainte pour un «choc émotionnel». Traumatisée par de la peinture rose. En principe, une dégradation légère de ce type n’expose pas à une garde à vue et encore moins à une comparution immédiate : un simple passage au poste et une amende suffisent. Mais contre le mouvement anti-colonialiste, il faut frapper fort.
À l’audience, le procureur a demandé un contrôle judiciaire pour trois militantes qui avaient accepté de donner leurs empreintes et de la prison en attendant leur procès pour les deux autres. Une réquisition extrêmement sévère. «On parle quand même d’une flaque de peinture au sol ! Et on vous demande un placement en détention provisoire ?» s’est indigné un avocat des militantes. Heureusement, elles sont toutes sorties libres, et seront jugées ultérieurement, le 20 mai prochain. Il faudra suivre ce procès de près.
En septembre dernier, Imane Maarifi avait été placée en garde à vue suite à un appel passé au Salon Hoche, qui accueillait le précédent Salon de l’immobilier israélien. Imane Maarifi, c’est une infirmière française qui fait preuve d’un courage hors pair : elle s’est rendue à Gaza au début de l’année dernière pour porter secours aux victimes de l’agression israéliennes. À son retour en France, au mois de février 2024, elle avait témoigné sans relâche sur les horreurs auxquelles elle avait assisté, dans plusieurs médias mais aussi lors d’une audition à l’Assemblée Nationale.
L’automne dernier, elle était arrêtée au petit matin et placée en cellule pour «menaces de mort en raison de l’ethnie ou de la religion», suite à une plainte des salons Hoche. En guise de «menace», Imane Maafiri explique qu’elle n’avait téléphoné qu’une seule fois au standard du salon, pour expliquer posément que faire l’apologie du vol de terres est contraire au droit international, et demander si les gérants du lieu étaient au courant de la nature de la soirée qu’ils hébergeaient. En effet, l’ONU a condamné à de nombreuses reprises la spoliation de terres palestiniennes. Ce seul appel a suffit à déclencher une procédure judiciaire, une perquisition et une garde à vue.
De même, le député Insoumis Thomas Portes avait tenté de faire réagir la justice en février contre ce salon, en signalant au parquet de Paris l’illégalité d’un tel événement. Sans succès.
Ce n’est pas tout, les Salons Hoche devaient aussi accueillir un grand gala de l’extrême droite israélienne en novembre dernier, afin de récolter des fonds pour la colonisation de la Cisjordanie et financer les soldats de Tsahal. Un gala qui prévoyait de recevoir en tant qu’invité de marque le ministre fasciste israélien Smotrich, l’un des principaux organisateurs du génocide en cours à Gaza. Un scandale absolu.
Une fois de plus, les autorités avaient décidé d’autoriser cette soirée et de réprimer la contre-manifestation. Mais face à cette mobilisation croissante, le ministre Smotrich avait annulé son déplacement à Paris, et les rutilants Salons Hoche étaient restés vides, seulement surveillés par des individus cagoulés, probablement membres d’organisations sionistes.
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Sources : Europalestine et Nouvelle Aube https://www.instagram.com/nouvelleaubefr/reel/DHGkqJboY-V/