
Publicité à la Maison Blanche
Une nouvelle bouffonnerie a été diffusée en mondovision le 11 mars : le parvis de la Maison Blanche transformé en plateau de télé-achat par Donald Trump. Constatant que son copain Elon Musk est en difficulté – celui-ci subit une série d’échecs financiers et une campagne mondiale de boycott – il a décidé de l’aider en organisant une campagne publicitaire.
Dans un conflit d’intérêt total, Trump a joué le rôle de commercial pour Tesla : il a invité les médias et a posé devant plusieurs modèles de véhicules électriques, en compagnie d’Elon Musk. Comme dans un show télévisé, le président marche entre les voitures, les essaie, semble un peu perdu dans ces engins truffés d’écrans, avant d’acheter un modèle rouge vif et de faire un chèque à Musk : «Je vais en acheter une parce que c’est un très bon produit et parce que Elon Musk a été traité de manière injuste». Il y a encore quelques années, quand il voulait faire plaisir au lobby du pétrole, Trump disait totalement l’inverse, et s’en prenait violemment aux voiture électriques.
Quoiqu’il en soit, cette séquence qui a été énormément moquée sur les réseaux sociaux pourrait bien être contre-productive : si Musk est détesté et ses produits boycottés, c’est justement à cause de ses liens avec le président des USA. Une telle mise en scène ne fait que renforcer cet état de fait.
Terrorisme
Dans la même démonstration, Trump menace les manifestants qui dénoncent la firme Tesla et s’en prennent à certains véhicules : «Nous vous attraperons et vous allez vivre un enfer». Il annonce même que les attaques contre Tesla seront qualifiées de «terrorisme intérieur».
«Ils nuisent à une grande entreprise américaine» a-t-il déclaré. Le porte-parole de la Maison Blanche, Harrison Fields, a surenchéri en affirmant que «les actes de violence continus et odieux perpétrés contre Tesla par des militants de la gauche radicale ne sont rien d’autre que de la terreur intérieure». Tout ceci signifie que la vague de contestation anti-Musk est prise au sérieux et inquiète au sommet de l’État US, c’est bon signe.
«Crime», «terrorisme», «terreur» : ces discours sont une nouvelle preuve que les mots n’ont plus aucun sens, et que le qualificatif de terroriste ne repose en rien sur des critères objectifs. Il ne sert qu’à diaboliser et réprimer. Après la mort de George Floyd, Donald Trump ciblait déjà la «mouvance antifa» et appelait à la classer comme «organisation terroriste».
De même, des militants écologistes d’Atlanta ont été accusés de «terrorisme intérieur» pour avoir contesté un projet de centre policier à la place d’une forêt. C’est le même procédé qui est utilisé par le gouvernement français quand il parle «d’éco-terrorisme» – terme forgé aux États-Unis dans les années 1980 et déjà utilisé de l’autre côté de l’Atlantique par le FBI contre le mouvement de libération animale – et dissout des collectifs après les avoir diffamé.
Les sabotages continuent
Une publicité devant la Maison Blanche et la criminalisation des opposant-es suffiront-elles à redorer le blason de Tesla ? Rien n’est moins sûr. À Berlin, quatre voitures du constructeur ont pris feu dans la nuit de jeudi à vendredi. Les incendies se sont produits au milieu de la nuit et à une demi-heure d’intervalle dans deux quartiers éloignés l’un de l’autre. L’intention de cibler Tesla est évident. Pour rappel, Elon Musk avait soutenu le parti néo-nazi allemand AfD lors des dernières élections législatives.
Ces gestes incendiaires s’ajoutent à la longue listes d’actions réalisées dans le cadre de la campagne mondiale de manifestations et de sabotages contre Tesla : manifestations dans tous les USA chaque semaine, concessionnaire mitraillé dans l’Oregon, incendie à Toulouse et à Seattle ou Denver, véhicules tagués…
Elon Musk continue de geindre sur son réseau social le 17 mars : «Mes entreprises fabriquent d’excellents produits que les gens adorent et je n’ai jamais blessé physiquement personne. Alors pourquoi cette haine et cette violence contre moi ? Parce que je suis une menace mortelle pour les parasites de l’esprit woke». Pauvre milliardaire persécuté.
Pour rappel, le 10 mars, le cours de l’action de Tesla a chuté de 15% causant à son patron une perte de 29 milliards de dollars en une seule journée. Depuis la mi-décembre, le cours de Tesla a chuté de 55%. En tout, la fortune d’Elon Musk s’est réduite de 132 milliards d’euros cette année. Pour le moment.
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